La France dispose de l’IRM le plus puissant du monde. Des équipes l’utilisent pour mieux comprendre le fonctionnement de notre cerveau, qu’il soit sain ou malade. Cette machine pourrait permettre à terme de diagnostiquer plus rapidement les patients atteints de maladies psychiatriques et d’améliorer leur prise en charge.

 

Le CEA, ou Commissariat à l'Énergie Atomique et aux énergies alternatives, est un organisme public de recherche, travaillant notamment sur les technologies pour la médecine du futur. Il héberge un centre de neuroimagerie cérébrale par résonance magnétique nucléaire en champ intense nommé NeuroSpin. Il possède l'IRM le plus puissant du monde destiné à l'imagerie chez l'être humain. Le tesla est l'unité de densité du champ magnétique.

Les IRM habituellement utilisés pour réaliser des diagnostics chez l'Homme ont une puissance de 1,5 tesla. Celle des machines de toute dernière génération est de 3 teslas. L'IRM du CEA a une puissance de 11,7 teslas : il permet l'acquisition d'images à très haute résolution. Il représente un atout de taille pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau sain ou atteint d'une pathologie. Les équipes se sont particulièrement intéressées aux troubles bipolaires, à la schizophrénie et aux troubles du spectre autistique.

Un meilleur diagnostic des maladies psychiatriques

Aujourd'hui, le diagnostic d'une maladie psychiatrique repose essentiellement sur l'examen clinique du patient. Bien qu'indispensable, celui-ci ne permet pas de réaliser une mesure objective comme cela est pratiqué dans les autres domaines de la médecine. Par exemple, dans de nombreuses maladies, il est possible de mesurer la concentration de marqueurs dans le sang pour affiner le diagnostic.

Un volontaire dans l'IRM 7T de NeuroSpin. © C.Doublé, NeuroSpin, CEA
Un volontaire dans l'IRM 7T de NeuroSpin. © C.Doublé, NeuroSpin, CEA

Les chercheurs expliquent que leur objectif : « Ce que nous cherchons à développer, c'est l'équivalent d'un thermomètre qui, en donnant une mesure quantitative et objective, va aider le praticien à poser un diagnostic ». Cet outil pourrait aussi avoir des applications en amont de la survenue des signes cliniques : en identifiant les patients les plus à risque de développer une maladie psychiatrique.

Une meilleure prise en charge des patients

De même, le médecin ne dispose que de l'examen clinique pour évaluer l'évolution d'une pathologie psychiatrique. Par exemple, pour évaluer la progression d'un cancer ou l'efficacité d'un traitement, un oncologue possède deux images qu'il peut comparer objectivement en faisant des mesures.

La recherche du bon traitement est parfois complexe en psychiatrie.  © Tamayura39, Fotolia
La recherche du bon traitement est parfois complexe en psychiatrie.  © Tamayura39, Fotolia

En psychiatrie, certains patients vont répondre au premier traitement qui leur sera proposé tandis que, pour d'autres, plusieurs essais seront nécessaires avant de trouver le bon médicament à la bonne dose. Sur la base du seul examen clinique, il est bien souvent nécessaire d'attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant de savoir si le traitement fonctionne chez le patient. L'IRM 11,7 teslas pourrait permettre d'identifier plus rapidement si le traitement est efficace ou non. 

C'est en comparant les données issues de cerveau de patients sains et de patients malades que les chercheurs vont apprendre à décoder les images. C'est un premier pas vers la médecine personnalisée en psychiatrie.


 

Semaine du cerveau

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