Si vous avez du mal à reconnaître les visages, vous êtes sûrement atteint par une forme plus ou moins sévère de prosopagnosie. Quelle est la prévalence de ce trouble ? Pourquoi est-ce important de le savoir ? Quelques éléments de réponse.


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    « On ne s'est pas déjà rencontrés quelque part ? » Qui n'a jamais entendu cette phrase de la part de parfaits inconnus ? La cécité faciale est un trouble qui peut nous faire croire que nous reconnaissons des personnes que nous n'avons jamais rencontrées, ou encore nous empêcher de reconnaître celles que nous avons déjà rencontrées, ce qui peut causer une gêne sociale. Les scientifiques l'appellent « prosopagnosie » et il en existe deux types : acquise ou développementale. C'est cette dernière, une affection permanente causée par des anomalies génétiques ou développementales, qui a intéressé des chercheurs de la Harvard Medical School et du VA Boston Healthcare System.

    La prosopagnosie développementale est une déficience grave et permanente de la capacité à apprendre et à reconnaître des visages alors que le fonctionnement neurologique, sociocognitif, intellectuel et visuel est normal par ailleurs.

    Une meilleure estimation de la prévalence

    Précédemment, la recherche a estimé sa prévalenceprévalence dans le monde entre 2 et 2,5 %. Cependant, cette déficience a été diagnostiquée de différentes manières selon les études, engendrant des taux de prévalence différents. La présente étude publiée dans Cortex a combiné des mesures à la fois subjectives (autodéclarées) et objectives. En ligne, des participants ont d'abord indiqué s'ils éprouvaient des difficultés à reconnaître les visages dans leur vie quotidienne. Ensuite, ils ont effectué deux tests objectifs évaluant leurs difficultés à apprendre de nouveaux visages ou à reconnaître des visages très familiers et célèbres. « Il y a des avantages et des inconvénients à ne se fier qu'aux autodéclarations, car il peut être difficile de juger ses propres capacités, ou à se fier uniquement à des mesures objectives en laboratoire qui peuvent ne pas refléter la vie quotidienne », a justifié Joseph DeGutis, professeur associé de psychiatrie à VA Boston et auteur principal de l'étude.

    La prosopagnosie est un déficit de la reconnaissance des visages. © Artem, Fotolia
    La prosopagnosie est un déficit de la reconnaissance des visages. © Artem, Fotolia

    10 millions d’Américains concernés

    Pas moins de 3 116 volontaires américains âgés de 18 à 55 ans ont participé à l'étude. En appliquant les seuils de diagnosticdiagnostic de la prosopagnosie utilisés ces 13 dernières années, les chercheurs ont trouvé une prévalence plus élevée qu'auparavant. En effet, une personne sur 33 (soit 3,08 %) pourrait répondre aux critères de la prosopagnosie, ce qui représente plus de 10 millions d'Américains selon l'équipe de recherche.

    Par ailleurs, les chercheurs ont comparé les scores de reconnaissance des visages chez les personnes atteintes de prosopagnosie diagnostiquées selon différents critères. Ils ont compris que l'utilisation de seuils de diagnostic plus stricts ne correspondait pas à des scores de reconnaissance des visages plus faibles, ce qui suggère que les critères de diagnostic devraient être élargis.

    « Il est important d'élargir le diagnostic car le fait de savoir que vous avez une preuve objective réelle de prosopagnosie, même une forme légère, peut vous aider à prendre des mesures pour réduire ses impacts négatifs sur la vie quotidienne, comme le dire à des collègues de travail, ou chercher un traitement, rapporte DeGutis. Des preuves récentes suggèrent que les personnes souffrant de formes légères de cécité faciale peuvent bénéficier davantage de certains traitements que les personnes souffrant de formes plus sévères de cette affection. Ces traitements pourraient inclure une formation cognitive visant à améliorer les capacités de perception ou une formation visant directement à améliorer les associations de visages. »