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Pour se sentir « bien dans sa tête », il est essentiel de pouvoir se libérer de pensées négatives. Les souvenirs intrusifs ou les images chocs que l'on ne peut pas bloquer dans son esprit, les hallucinations, les soucis récurrents sont fréquents dans divers troubles psychiatriques : le stress post-traumatique, la schizophrénie, la dépression, l'anxiété...
Les scientifiques pensent que l'incapacité à bloquer ces pensées indésirables reflète un manque de contrôle du cortex préfrontal. Mais cette incapacité pourrait aussi être liée à une hyperactivité de l'hippocampehippocampe, une région du cerveau importante pour la mémoire. En effet, le stress post-traumatiquestress post-traumatique et la dépression s'accompagnent souvent d'une hyperactivité de l'hippocampe. Mais quel dysfonctionnement pourrait expliquer que certaines personnes n'arrivent pas à bloquer leurs idées noires ?
Pour en savoir un peu plus, des chercheurs ont mené des expériences sur de jeunes adultes en bonne santé ; les participants ont passé plusieurs tests au cours desquels ils devaient essayer de stopper des pensées indésirables. Par exemple, dans une expérience, ils apprenaient à associer des mots par paires. Mais, parfois, par un signal coloré, il leur était demandé de ne pas se souvenir de certains mots : ils devaient se rappeler les associations de mots sur fond vert mais pas sur fond rouge.
L’hippocampe est une région du cerveau impliquée dans la mémoire. © decade3d, Fotolia
Le Gaba bloque les souvenirs indésirables dans l'hippocampe
Les chercheurs ont suivi l'activité cérébrale des participants par une IRM fonctionnelleIRM fonctionnelle et une spectroscopie par résonancerésonance magnétique. Ils se sont alors aperçus que les personnes qui avaient le plus de GabaGaba dans l'hippocampe réussissaient le mieux à bloquer des pensées indésirables.
Le saviez-vous ?
Le Gaba (acide γ-aminobutyrique) est un neurotransmetteur inhibiteur du cerveau : quand il est libéré par un neurone au niveau d’une synapse, il inhibe l’activité du neurone suivant.
Ces résultats suggèrent que les neuronesneurones de l'hippocampe qui libèrent du Gaba contrôlent les pensées intrusives et que l'hyperactivité de l'hippocampe peut provenir d'un dysfonctionnement de ces neurones. Les neurones qui libèrent du Gaba dans l'hippocampe sont des interneuronesinterneurones Gaba-ergiques en contact avec des centaines de neurones ; ils sont connus pour jouer un rôle dans l'apprentissage et l'intégration d'informations.
Cette découverte pourrait aider à mieux comprendre certaines pathologiespathologies, comme la schizophrénie ou le stress post-traumatique, où les patients ne peuvent s'empêcher de ruminer leurs pensées. Elle pourrait aussi permettre de trouver de nouvelles approches pour traiter ces troubles : il faudrait pour cela améliorer l'activité du Gaba dans l'hippocampe des patients.
Cette étude paraît dans Nature Communications.
Ce qu’il faut
retenir
- La rumination et les pensées négatives persistantes sont des symptômes associés à des maladies psychiatriques comme la dépression ou la schizophrénie.
- Le Gaba semble bloquer les pensées indésirables.
- Une nouvelle piste thérapeutique consisterait à augmenter l'activité de ce neurotransmetteur dans l'hippocampe.