Ils arrivent à tout le monde. Plus ou moins souvent. Pourtant, les éclairs de génie restent des phénomènes mystérieux. Mais même s’ils n’ont pas encore la recette pour les provoquer, des chercheurs américains nous dévoilent aujourd’hui quelques-uns de leurs secrets.

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    « Eureka ! » C'est, selon la légende, ce qu'aurait crié le savant grec Archimède, plus de 200 ans avant J.-C., en sautant hors de son bain après avoir compris que « tout corps plongé dans un fluide subit une poussée verticale, dirigée de bas en haut, égale au poids du fluide déplacé ». Un « J'ai trouvé ! » enthousiaste venu ponctuer un éclairéclair de génie, ce phénomène qui reste mystérieux.

    Pourtant, de nombreux chercheurs se sont penchés sur la question. Mais il leur a fallu attendre l'émergenceémergence des techniques d'imagerie les plus récentes - comme l'électroencéphalogramme (EEGEEG) ou l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelleimagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) - pour espérer démêler les fils des mécanismes neuronaux qui président à la naissance des plus créatives de nos idées.

    Aujourd'hui, des chercheurs de la Drexel University (États-Unis) nous apportent quelques données scientifiques sur la manière dont les éclairs de génie apparaissent dans nos cerveaux. « Nous avons observé une explosion d'oscillations à haute fréquence sur le gyrus temporaltemporal supérieur droit du cerveau », raconte John Kounios, neuroscientifique cognitif à la Drexel University. Mais plus surprenant, les EEG ont montré comme une mise en sommeil du cortex visuel droit, la zone dédiée au traitement des informations visuelles.

    Autre découverte qui semble émerger de cette étude : des différences marquées entre les individus dans leur tendance à compter ou non sur un éclair de génie pour résoudre un problème. © fotogestoeber, Fotolia

    Autre découverte qui semble émerger de cette étude : des différences marquées entre les individus dans leur tendance à compter ou non sur un éclair de génie pour résoudre un problème. © fotogestoeber, Fotolia

    Différentes zones du cerveau mobilisées

    Pour mieux comprendre, revenons sur le mode opératoire. Pour étudier le mécanisme des éclairs de génie, les chercheurs américains ont invité des volontaires à résoudre des anagrammes et à presser un bouton lorsqu'ils avaient trouvé la réponse. Ils devaient aussi préciser si cette réponse était le fruit d'un raisonnement ou plutôt d'un éclair de génie. Pendant toute la duréedurée de l'expérience, les cerveaux des volontaires étaient surveillés de près.

    Le gyrus temporal supérieur droit, siège des éclairs de génie ?

    L'opération a montré que les éclairs de génie donnent bien lieu à un modèle unique d'activité neurale. John Kounios imagine que la mise en sommeil de la zone dédiée au traitement des informations visuelles peut aider à mobiliser plus de ressources sur le problème à résoudre. Cependant, il juge que ce sont les oscillations observées dans le gyrus temporal supérieur, une fraction de seconde avant pressionpression du bouton, qui signent réellement l'éclair de génie.

    « Ces oscillations haute fréquence semblent permettre de synchroniser différentes régions du cerveau afin de traiter le problème de manière globale », explique le neuroscientifique. Un constat qui a permis aux volontaires de doper leur créativité. Mais la méthode semble difficile à appliquer plus largement. Et John Kounios continue pour l'instant de conseiller, pour stimuler le génie, d'étudier le domaine dans lequel on souhaite innover. Les connexions entre concepts ne semblent en effet pouvoir se faire que s'il existe une base de connaissances riche sur laquelle s'appuyer. Le chercheur recommande aussi une certaine « positive attitude », propice selon lui à la créativité.