La pilule contraceptive constitue un élément protecteur contre le cancer de l'endomètre (ou cancer de l'utérus) et a permis d'éviter quelque 200.000 cancers de ce type au cours des dix dernières années dans les pays à haut revenu, selon une étude récente.

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    Autorisée depuis 1967 en France, la pilule contraceptive a été adoptée par la majorité des femmes. Mais avec la polémique sur les pilules de 3e et 4e générations, elle est de moins en moins utilisée, au profit d’autres méthodes de contraception. © Ceridwen, Wikipédia, cc by sa 2.0

    Autorisée depuis 1967 en France, la pilule contraceptive a été adoptée par la majorité des femmes. Mais avec la polémique sur les pilules de 3e et 4e générations, elle est de moins en moins utilisée, au profit d’autres méthodes de contraception. © Ceridwen, Wikipédia, cc by sa 2.0

    Pour parvenir à cette conclusion, publiée dans la revue The Lancet Oncology Journal, des chercheurs britanniques ont étudié quelque 27.000 femmes atteintes d'un cancer de l'endomètre dans 36 pays d'Afrique du sud, d'Amérique du nord, d'Asie, d'Australie et d'Europe. Ils ont calculé qu'en l'espace de 50 ans, quelque 400.000 cas de cancers de l'endomètre, sur les 3,4 millions recensés dans ces pays, avaient pu être évités grâce à l'utilisation de contraceptifs oraux, dont 200.000 au cours des dix dernières années (2005-2014).

    « L'effet protecteur important des contraceptifs oraux contre le cancer de l'endomètre persiste des années après l'arrêt de la pilule », souligne pour sa part le professeur Valerie Beral de l'université d'Oxford, qui a coordonné les travaux. Elle ajoute que l'effet bénéfique existe même chez des femmes qui n'ont pris la pilule que pendant quelques années et se prolonge bien au-delà de la cinquantaine, l'âge auquel le cancer de l'endomètre - qui n'a rien à voir avec celui du col de l'utérus qui peut être dépisté par frottisfrottis - commence à se manifester.

    L'utilisation de la pilule, méthode de contraception la plus commune, est en baisse depuis 2002 et l'arrivée des implants, patchs et anneaux vaginaux. © Idé

    L'utilisation de la pilule, méthode de contraception la plus commune, est en baisse depuis 2002 et l'arrivée des implants, patchs et anneaux vaginaux. © Idé

    Un risque de cancer de l'endomètre presque divisé par deux

    Selon l'étude, la prise d'un contraceptif oral pendant 5 ans réduirait le risque d'environ 25 % d'avoir un cancer de l'endomètre avant 75 ans. Sa prise pendant dix ans diviserait pratiquement par deux le risque d'un cancer de l'endomètre, qui passerait ainsi de 2,3 cas pour 100 femmes à 1,3. Les auteurs de l'étude affirment également que la réduction du risque n'a pas évolué depuis des années alors même que les dosagesdosages en œstrogènesœstrogènes des pilules œstroprogestatives ont fortement baissé à partir des années 1980.

    Mais si ces contraceptifs peuvent avoir un effet bénéfique sur le cancer de l'endomètre, ils accroissent le risque de développer certaines maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral), rappellent des spécialistes dans un commentaire joint à l'étude.

    « Le rapport bénéfice/risque est beaucoup plus favorable pour les formules existantes faiblement dosées en œstrogène, mais le risque de thrombose veineuse (formation de caillotscaillots dans les veines) reste plus important chez les femmes qui utilisent des contraceptifs oraux par rapport à celles qui n'en utilisent pas », notent Nicolas Wentzensen et Amy Berrington de Gonzalez de l'Institut de la santé à Bethesda (États-Unis).

    Le débat se poursuit également sur les risques accrus de certains cancers qui pourraient être liés à la prise de contraceptifs oraux. En 2005, l'IARC, l'agence du cancer de l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS), estimait que la pilule était responsable d'une légère augmentation du risque de cancer du sein, du col de l'utérus et du foiefoie mais avait un effet protecteur contre les cancers de l'ovairecancers de l'ovaire et de l'endomètre.