Depuis plusieurs années, un changement de paradigme s'opère dans le traitement de certains cancers. Les recherches menées n'ont pas pour but d'administrer des traitements qui tuent directement les cellules cancéreuses mais de pousser notre système immunitaire à les détruire. Récemment, des chercheurs ont développé une nouvelle immunothérapie qui semble prometteuse chez les souris atteintes d'un mélanome. 


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    Depuis plusieurs années, la recherche a changé de méthode dans la façon d'appréhender le cancer. Si les traitements encore majoritairement utilisés actuellement fonctionnent bien, ils sont malheureusement loin d'être dépourvus d'effets secondaires lourds. L'immunothérapie consiste à éviter ces effets secondaires et à se servir de nos propres défenses pour « tuer » les cellules cancéreuses. Mais certaines cellules immunitaires pourraient « retourner leur veste » et servir la cellule cancéreuse. Il serait donc bon de les combattre, selon une nouvelle étude. 

    La revanche de la tumeur 

    Les macrophages, ces grosses cellules immunitaires présentes pour « manger » les pathogènes et les réduire en miettes, s'attaquent normalement aux cellules cancéreuses car ils comprennent qu'elles sont victimes d'un dysfonctionnement et qu'il faut les anéantir. Mais il y a un sous-type bien précis de macrophage, qui joue les rebelles : les macrophages CD163. Ces derniers voient la tumeur comme une cellule normale qui a besoin d'être régénérée. Forcément, leur présence au sein de la tumeur n'est pas de bon augure pour la survie du patient.

    Pour bien comprendre, la saga Star Wars peut nous être utile. L'organisme du patient c'est la république. Le chancelier Palpatine est la tumeur. Anakin Skywalker et les clonesclones sont les macrophages et les Jedi qui tentent de rétablir l'ordre sont les cellules immunitaires qui ont vu clair dans le jeu de la tumeur. Ils savent qu'elle est néfaste et tentent de la combattre. « Notre étude suggère que les macrophages que nous touchons fonctionnent comme une sorte de "force de maintien de la paix" qui éloigne les "assaillants" », déclare Anders Etzerodt, docteur et professeur assistant en immunologie du cancer au département de biomédecine à l'université d'Aarhus au Danemark.

    Les macrophages CD163 voient la tumeur comme une cellule normale qui a besoin d'être régénérée. © Jovan Vitanovski, Shutterstock 
    Les macrophages CD163 voient la tumeur comme une cellule normale qui a besoin d'être régénérée. © Jovan Vitanovski, Shutterstock 

    La médecine contre-attaque 

    Comme dans toute bonne saga, les « gentils » n'ont pas dit leur dernier mot. En effet, dans une récente étude publiée dans la revue Journal of Experiment Medicine, des chercheurs sont parvenus à diminuer drastiquement la taille de la tumeur chez la souris en combattant ces macrophages. En retirant seulement 10 % des troupes, les cellules immunitaires normales peuvent s'attaquer beaucoup plus facilement à la tumeur. Revenons à notre histoire. Ici, c'est comme si un assaillant mystérieux intervenait dans la bataille entre l'empire et les rebelles et décimait 10 % des Stormtroopers. L'étoileétoile noire serait, sans aucun doute, plus facile à attaquer et l'empereur plus facile à détruire. Malheureusement pour les patients, l'empereur Palpatine (la tumeur) n'est pas toujours vaincu dans la réalité.

    Enfin, les auteurs de l'étude n'oublient pas de préciser que beaucoup de questions subsistent notamment sur les applicationsapplications chez l'Homme et pour d'autres types de cancer. « Nous ne connaissons pas les effets à long terme de l'élimination des macrophages et nous devons également trouver des partenaires avec lesquels collaborer et financer des fondations afin de pouvoir mener des essais cliniquesessais cliniques sur des humains. Mais je crois que nous sommes bien préparés avec de solidessolides données de validation de principe et des demandes de brevets », conclut Anders Etzerodt.