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La consommation festive d'alcoolalcool pose parfois des problèmes. Les verresverres s'enchaînent sans qu'on ne s'en rende toujours compte. En cause : la psychologie, si l'on en croit des chercheurs britanniques de l'University of Bristol. Même s'ils reconnaissent que cette explication ne justifie pas tout, ils viennent de montrer que la forme du godet de bière peut modifier notre façon de consommer la boisson.
Le contexte : le binge drinking, fléau chez les jeunes
Au Royaume-Uni, le binge drinking est un sujet d'inquiétude croissant. L'objectif de ces pratiques de plus en plus courantes chez les jeunes consiste à atteindre l'ivresse le plus vite possible. Elle s'accompagne d'une montée de la délinquance qui effraie certains Britanniques au point qu'ils désertent les centres villes les soirs de weekends.
Comme il est difficile d'interdire ou de limiter la consommation d'alcool en mettant en place des lois, la psychologue Angela Attwood suggère d'appuyer sur l'éducation. Aidée de ses collègues, ils viennent de montrer dans la revue Plos One que la descente de boisson dépend notamment du verre dans lequel elle est contenue. Et de proposer des solutions pour ralentir la cadence et, à l'échelle d'une soirée, boire moins.
L'alcool est une boisson festive qui n'est pas toujours consommée avec modération. Mais des scientifiques ont peut-être une solution à apporter pour limiter ou au moins retarder l'ivresse : utiliser des verres droits. © The suss Man, flickr, cc by nc nd 2.0
L’étude : un verre droit plutôt qu’un verre évasé
L'expérience a été réalisée en deux temps. Dans le premier, il a fallu recruter des volontaires entre 18 et 40 ans sans problème préalable avec l'alcool et prêts à se sacrifier pour la science. Leur mission : avaler un verre de limonade ou de bière gratuitement. Pas trop difficile à trouver. Au final, 80 hommes et 79 femmes (soit 159 personnes) ont été sélectionnés et classés en huit groupes. Ceux-ci dépendaient du type de boisson (limonade ou bière), de la quantité à avaler (177 ml ou 354 ml) et du type de verre proposé (droit ou évasé).
Les cobayes étaient alors invités à regarder un documentaire sur la nature, exempt de toute émotion, tout en sirotant leur boisson. Les chercheurs, eux, chronométraient le temps que chacun mettait à en vider le contenu.
Si pour les petits volumesvolumes, la forme du verre n'a aucun impact, il semble en être tout autrement pour les autres. Dans un verre évasé, il fallait en moyenne 7 minutes aux volontaires pour ingurgiter leur bière. En revanche, ce délai s'élevait à 11 minutes pour ceux qui avaient un verre droit. Seule la consommation d'alcool était affectée, puisque les buveurs de limonade terminaient leur boisson en 7 minutes approximativement, quel que soit le contenant.
Les auteurs avaient anticipé ce résultat et ont donc proposé une seconde expérience pour tenter de vérifier la cause. Celle-ci était informatisée et probablement passionnante... En voyant des photos de verres droits ou évasés plus ou moins remplis, les volontaires devaient jauger les niveaux de liquideliquide, en précisant s'il y en avait plus que la moitié du volume, ou plutôt moins.
Les participants ont vu juste lorsqu'ils avaient affaire à un verre droit. En revanche, la perception semblait tout à fait perturbée dans le cas du verre évasée. Et si la clé du problème résidait là ?
Il nous est facile d'évaluer ce que l'on boit dans un verre droit (à gauche) mais beaucoup moins dans un verre évasé. Pourtant, les brasseurs rivalisent d'ingéniosité et proposent des verres à bière avec des formes très originales. © Angela Attwood et al., Plos One
L’œil extérieur : un repère pour boire moins d’alcool
Pour les auteurs, l'explication est toute trouvée. Il a été remarqué qu'en général on avait tendance à boire plus vite la première moitié, et à ralentir ensuite sa vitessevitesse de descente. Mais comme les repères sont bouleversés dans le cas d'un verre évasé, on a déjà bu plus que la moitié quand on croit y être parvenu. Au final, l'alcool est avalé plus vite. Et la bière suivante est commandée plus rapidement.
Ainsi, Angela Attwood propose de placer des repères visibles sur les verres évasés afin de pousser les gens à mieux cerner le volume restant et à adapter ainsi leur vitesse de consommation d'alcool. Mais cette solution suffira-t-elle à éliminer le problème qu'elle tend à résoudre ?
Probablement pas. Cette étude néglige un facteur important. L'alcool, lorsqu'il est bu dans des situations festives, ne doit pas être dissocié de sa composante sociale, probablement plus prégnante que la seule forme du verre. Si les personnes alentour se servent et se resservent, la tentation de prendre une autre bière sera plus grande que si tout le monde se satisfait d'une pinte. Finalement, celui qui va plus vite ne va pas forcément plus loin...