Après de nombreuses controverses, une étude portant sur le lâcher dans la nature de moustiques Aedes aegypti génétiquement modifiés vient d’être réalisée dans l’archipel des Keys, en Floride. Les premiers résultats ont été annoncés et semblent encourageants mais de nombreux points restent à élucider pour mesurer l’impact de cette mesure sur la transmission des maladies par ce vecteur.
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Les moustiques se nourrissent du nectar des fleurs et des plantes mais la femelle a besoin des protéines contenues dans le sang pour permettre la maturation de ses œufs. Elle est donc la seule à posséder des pièces buccales permettant d'aspirer le sang d'un hôte.
Parmi les espècesespèces piquant l'homme, Aedes aegypti est un moustiquemoustique vivant dans des zones tempérées, tropicales et subtropicales. C'est aussi un vecteur de différentes maladies à virus comme la dengue, le Zika, le chikungunya et la fièvre jaunefièvre jaune. Piquant le jour et s'adaptant très bien aux conditions urbaines, il représente une menace de santé publique d'autant que certaines arboviroses, comme la denguedengue, voient leur taux d'incidenceincidence augmenté de plus de huit fois depuis ces deux dernières décennies (OMSOMS). Devant l'échec relatif des méthodes de lutte antivectorielle traditionnelles, de nouvelles mesures basées sur le génie génétiquele génie génétique sont en cours de développement.
Des moustiques transgéniques pour diminuer la population des vecteurs
Ainsi, Oxitec Ltd, une entreprise basée au Royaume-Uni et spécialisée dans le développement de solutions biologiques contre les insectesinsectes vecteurs de maladies vient de réaliser une expérience s'appuyant sur le lâcher en plein airair de moustiques Aedes aegypti génétiquement modifiés.
Dès 2013, Oxitec Ltd développe ces souches de moustiques porteurs d'un gènegène modifié, dit « autolimitant », qui empêche la femelle de survivre. Ainsi, les mâles libérés sur le terrain peuvent s'accoupler avec des femelles sauvages et donner une progéniture exclusivement mâle pouvant à son tour transmettre le gène limitant. Le principe est de réduire la population de moustiques.
Depuis avril 2021, les chercheurs de cette société ont placé des œufs de moustiques modifiés dans des propriétés de l'archipelarchipel des Keys, en Floride. Des pièges pour récolter les œufs et les adultes ont été disséminésdisséminés aux alentours. Sur une collecte de 22.000 œufs, les résultats montrent que les zones de déplacement sont identiques chez les moustiques modifiés versus les moustiques sauvages et que les femelles issues de la reproduction ne pouvaient pas survivre. De plus, le gène modifié peut rester pendant deux à trois mois dans la population sauvage.
Une initiative débattue
Si cette technologie présente une alternative dans la lutte antivectorielle, elle est pourtant controversée. Il n'est pas démontré aujourd'hui que cette étude peut avoir un réel impact en santé publique. Des essais complémentaires sur la transmission des arboviroses seraient nécessaires, rien ne prouve que la réduction de la population de moustiques ait un impact sur la transmission des maladies.
Après 10 ans de lutte pour l'acceptation du public et bien qu'approuvée par le FKMCD (Florida Keys mosquito control district) et par l'EPA (Environmental Protection Agency), l'initiative est largement discutée, d'autant que selon une étude identique menée au Brésil, l'impact des croisements des souches transgéniquestransgéniques et sauvages sur la transmission des maladies et sur d'autres actions mises en place dans la lutte antivectorielle reste une inconnue.