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On ne cesse de marteler que les femmes ont autant leur place dans les études et carrières scientifiques que les hommes. Mais le message a encore du mal à rentrer dans les esprits. Il semblerait que même les femmes peinent à y croire. Car, certes, les aptitudes intellectuelles ne dépendent pas du genre, mais la perception que l'on en a si, d'après des chercheurs à l'université d'Arizona.
À travers des sondages, Katelyn Cooper et ses collègues ont étudié comment des étudiants à l'université percevaient leurs capacités intellectuelles. Évitant les mathématiques, la physiquephysique et les sciences de l'ingénieur, classiquement étiquetées comme des mondes d'hommes, ils ont investi à dessein une classe de biologie, car cette discipline paraît plus accueillante pour les femmes. D'ailleurs, sur les 202 étudiants consultés par les chercheurs, 130 étaient des femmes.
Ce que les chercheurs ont trouvé est affligeant. Les sondages révèlent que les étudiantes sont davantage susceptibles de souffrir d'un manque de confiance en leurs aptitudes que leurs confrères, et ce même si elles obtiennent d'excellentes notes. Ainsi, à moyenne égale - soit 3,3 sur 4 GPA, selon le système de notation américain - les hommes s'estiment plus intelligents que 66 % des étudiants de la classe, alors que les femmes se jugent meilleures que 54 % des étudiants seulement.
« Cette étude montre que les femmes ont davantage tendance à penser qu'elles sont moins douées que les autres étudiants », déclare Sara Brownell, coauteur de la recherche, publiée dans le journal Advances in Physiology Education. Cette erreur de perception pourrait impacter les choix d'orientation et de carrière des étudiantes. Se pensant insuffisamment intelligentes, elles risquent d'abandonner le cursus scientifique.
« Cet état d'esprit est sans doute enraciné dans les étudiantes depuis qu'elles ont commencé leurs études », déplore Katelyn Cooper dans un communiqué de l'université d'Arizona. Il pourrait d'ailleurs être alimenté par les stéréotypes selon lesquels les disciplines scientifiques sont réservées aux hommes, créant une sorte de cercle vicieux. Ce phénomène expliquerait donc, au moins en partie, pourquoi les femmes restent encore sous-représentées en science.
La biologie est considérée comme une discipline scientifique plus ouverte aux femmes. Pourtant, ces dernières restent mal à l’aise et s’estiment moins intelligentes que les étudiants masculins. © Tulane Public Relations, Wikimedia Commons
Les femmes et les étrangers se jugent moins bons en science
Dans le cadre de cette étude, Katelyn Cooper et ses collègues ont demandé aux 202 étudiants d'évaluer leur intelligence par rapport à la classe. Les femmes ont tendance à sous-estimer leur intelligenceintelligence, inversement pour les hommes, mais c'est aussi le cas des étudiants dont l'anglais n'est pas la langue maternelle. Ces derniers ont une moins bonne opinion de leurs aptitudes que les hommes et que les étudiants anglophones en général.
Puis, les étudiants ont jugé leurs performances par rapport à leurs plus proches camarades, à savoir ceux avec lesquels ils travaillent régulièrement en binôme. À nouveau, les hommes ont montré une plus grande confiance en eux : ils sont trois fois plus enclins que les étudiantes à se juger supérieurs à leur binôme habituel, que ce dernier soit un homme ou une femme.
Cet écart se ressent également dans la prise de parole. Les étudiants qui se pensent plus intelligents que leur binôme participent trois fois plus en classe. Par contre, les étudiants (femmes et non-anglophones) qui déprécient leurs facultés participent moins, de peur d'être jugés stupides ou de ne pas réussir à s'exprimer correctement. Or, le manque de participation peut à son tour avoir des conséquences négatives sur l'apprentissage et empirer les performances des étudiants.
Si le cours magistral pose problème, puisque les étudiantes et les étudiants étrangers n'osent pas participer, la pédagogie active, en vogue actuellement, pourrait aussi aggraver les choses. D'après les chercheurs, ce modèle, qui favorise les interactions entre étudiants en classe, peut pousser ceux-ci à se comparer les uns les autres et conduire justement à une évaluation erronée des performances intellectuelles chez certains étudiants. Ils estiment qu'il faudrait, par exemple, revoir les modalités du travail en groupe, afin d'assurer une prise de parole équitable.
Ce qu’il faut
retenir
- Des sondages auprès d’étudiants en biologie indiquent que les hommes ont une meilleure opinion de leur intelligence que les femmes, même lorsque ces dernières obtiennent d’aussi bonnes notes que leurs confrères.
- Dans un cercle vicieux, cette mauvaise perception de soi serait accentuée par les stéréotypes et contribuerait à détourner les femmes des études scientifiques, alimentant ainsi l’idée selon laquelle les femmes ne sont pas bonnes en science.