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Les ancêtres de l'Homme ont remanié quelques portions de leur génome, mais lesquelles ? . © DR
Pour répondre à la question « qu'est-ce qui, génétiquement, fait de nous des Hommes ? », l'approche habituelle est de chercher des gènes qui n'appartiennent qu'à l'espèceespèce humaine et d'autres qui sont spécifiques de nos plus proches cousins les chimpanzés, chez les primatesprimates ou d'autres espèces encore. Gill Bejerano, de la Stanford University, et ses collègues ont exploré une piste différente : existe-t-il des motifs génétiques qui sont absents chez l'Homme alors qu'ils sont présents chez le chimpanzéchimpanzé et chez les autres MammifèresMammifères ?
La réponse est oui : l'équipe en a trouvé 510. Autant de morceaux d'ADN perdus par Homo sapiensHomo sapiens depuis la séparationséparation de sa lignée d'avec celle des chimpanzés. Leur travail, qui n'est pas terminé, consiste à découvrir à quoi servent ces fragments perdus. La quasi-totalité se trouve dans les parties non codantes de l'ADN, c'est-à-dire les régions qui ne sont pas des gènes. C'est là en revanche que l'on trouve les régulations des gènes.
L'équipe, qui expose ses résultats dans la dernière livraison de Nature, s'est concentrée sur deux motifs. L'un est situé près du gène codant pour le récepteur aux androgènes. Installée sur la membrane du noyau des cellules, cette protéine (nommée AR) accroche les hormoneshormones mâles (testostéronetestostérone ou dihydrotestostérone). L'autre se trouve à proximité d'un gène impliqué dans la résistancerésistance aux tumeurstumeurs. Pour savoir à quoi ces codes peuvent servir, les chercheurs les ont injectés... chez des embryonsembryons de souris.
Un chimpanzé occupé à cueillir des termites avec une baguette. Entre lui et nous, il y a des gènes en plus mais aussi des gènes en moins... © Mike Richey – GNU Free Documentation License, Version 1.2
Les gènes abandonnés par nos ancêtres
Résultats curieux : la séquence installée près du gène de AR induit la formation de spicules kératinisés sur le pénispénis des mâles et favorise la croissance des vibrissesvibrisses, ces longs poils sensoriels très sensibles présents sur le museau de nombreux Mammifères. L'Homme n'a pas de vibrisses et le pénis est dépourvu de ces spicules, qui sont présents chez le chimpanzé. Sur la raison de ce dernier caractère anatomique, les hypothèses vont bon train. Il est dit en général que cette disparition est liée à l'émergenceémergence de la monogamie ou de relations sociales plus fortes et qu'elle conduit à des coïts plus longs.
La seconde zone étudiée conduit chez l'embryon de souris à une inhibitioninhibition de la croissance d'une certaine région du cerveaucerveau, sous le ventriculeventricule, ce qui, explique les auteurs, est corrélé chez l'espèce humaine à l'extension d'autres régions cérébrales. En clair, cette disparition-là aurait permis aux humains d'avoir un cerveau pus gros et plus efficace.
Enthousiaste, Svante Pääbo, grand spécialiste du séquençage de l’ADN de l’Homme de Neandertal, commente cette découverte dans le magazine Nature en expliquant que ces premiers résultats sur deux séquences sont très prometteurs, soulignant qu'il reste encore des centaines de séquences à étudier. En effet, le travail se poursuit, à la recherche des caractères perdus...