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Les chercheurs japonais travaillent sur une algue encore plus prometteuse que celle étudiée par les chercheurs américains, Closterium moniliferum vue ici au microscope optique. © Angie Opitz, Bulletins Electroniques
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On connaissait les bactéries mangeuses de pétrole pour nettoyer les marées noires, voici des alguesalgues qui enlèvent les éléments radioactifs de l'eau ! Un nouveau produit de décontamination a été présenté mi-juillet par l'entreprise Kaneka et l'institut Kitasato.
C'est que le long de la côte nord-est du Japon, autour de la centrale dévastée, la radioactivité s'étend toujours en mer. Et si selon Tepco, les eaux les plus contaminées ont été stockées à terre en attendant de trouver une solution, les fuites de la centrale entraînent toujours des rejets polluants dans l'environnement.
Pour traiter les eaux les plus dangereuses, l'exploitant de la centrale, en partenariat avec Areva, a tenté d'utiliser des zéoliteszéolites. Ces minérauxminéraux, grâce à leur très forte porositéporosité, ont la capacité de retenir des polluants comme une éponge. Mais le procédé est long, très couteux et finalement peu efficace.
Des algues comme liquidateurs
Les algues, elles aussi, fixent naturellement certains éléments de l'eau de mer, par exemple le calciumcalcium ou la silicesilice que certaines utilisent pour fabriquer une enveloppe solidesolide. C'est d'ailleurs une voie de concentration problématique des polluants le long de la chaîne alimentairechaîne alimentaire. Mais des chercheurs ont eu l'idée de renverser la situation : utiliser cette propriété des algues pour extraire les éléments radioactifs des eaux contaminées. Aux États-Unis il y a quelques mois, le choix des biologistes de l'université de l’Illinois s'est porté sur l'espèceespèce Closterium moniliferum. Elle arrive à retenir le césiumcésium 90 et le strontiumstrontium sous forme de cristaux que l'on peut ensuite récupérer. Au Japon cet été, des équipes de l'université Toho à Tokyo et de l'université Yamanashi à Kofu ont travaillé sur Parachlorella sp. binos.
L'algue Parachlorella sp. binos au microscope électronique. Dans le cercle jaune en haut à gauche, l'agrégat d'éléments fixés par l'organisme. © Japan Biomass Corporation
Cette microalgue souvent symbiotique est déjà utilisée comme catalyseurcatalyseur de l'activité des micro-organismes pour dépolluer les déchetsdéchets animaux et les boues. Face à la radioactivité, elle s'avère beaucoup moins chère et cinq à vingt fois plus efficace que les zéolites. En s'attaquant à une vingtaine d'éléments, elle paraît aussi plus appropriée à la situation japonaise que son homologue américaine. Des expériences réalisées sur un litre d'eau radioactive comparable à celle en attente de traitement à Fukushima sont prometteuses : 5 grammes d'algues déshydratées ont permis d'extraire environ 40 % du césium et de l'iodeiode, ainsi que 80 % du strontium contenus dans l'eau en moins de 10 minutes.
En aucun cas la solution miracle
Une bouffée d'airair pour Tepco jusqu'ici relativement impuissant. L'exploitant de la centrale, associé à une entreprise spécialisée, aurait déjà commencé des tests grandeur nature. Mais si la récupération (au moins partielle) des éléments radioactifs dans les eaux contaminées est une belle avancée, elle ne règle en rien le problème. Ce procédé ne fait que réduire le volumevolume de déchets de plusieurs millions de litres d'eau à quelques dizaines ou centaines de kilogrammeskilogrammes d'algues.
En concentrant ainsi les éléments nocifs, il rend les déchets plus faciles à gérer mais aussi plus dangereux. En aucun cas il ne supprime ou ne « détruit » la radioactivitéradioactivité. Cette méthode n'est donc qu'une première étape dans une décontamination longue, voire impossible, de la zone. Reste enfin à savoir comment ces végétaux, vivants, vont réagir face aux fortes doses de rayonnements qu'ils devront affronter pour réaliser leur tâche...