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Les bébés ont de quoi être sceptiques quand on leur présente des comportements inhabituels. Sans mots, ils sont alors déconsidérés par les enfants, qui accordent beaucoup d'importance au langage. De fait, c'est un des caractères culturels qui se transmettent le mieux d'une génération à l'autre, les descendants pouvant reprendre tics verbaux et expressions de leurs parents. © FuRFuR, Flickr, cc by nc nd 2.0
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Tout petits et déjà bien malins. En quelques mois, les nouveau-nés doivent apprendre une massemasse considérable de données. L'environnement déborde d'informations qu'il faut décrypter et discriminer. Le cerveau ne peut pas tout retenir, alors il est important de se focaliser sur l'essentiel.
Chez les humains, beaucoup de choses passent par le langage. Dès 4 mois, ils commencent à lire sur les lèvres. À l'âge de 6 mois, un bébé pourrait saisir le sens des mots les plus communs qu'on lui adresse. Peu à peu, cette capacité s'affine et à un an, même s'il ne s'exprime qu'avec des babillages, le nourrisson accorde de plus en plus d'intérêt au discours qu'on lui tient.
Des psychologues de la Northwestern University (Evanston, Illinois) viennent de montrer l'importance que jouent les mots pour aider les nouveau-nés à discriminer ce qui est essentiel de ce qui ne l'est pas. Joindre le geste à la parole serait la clé du succès de l'apprentissage du bébé.
Les bébés regardent attentivement les gestes de l'expérimentateur. Si l'action est accompagnée du mot la désignant, alors ils se décideront à l'imiter. © University of Rochester
Le bébé imite seulement si on « blique » la lumière
Ces recherches, décrites dans les colonnes de Developmental Psychology, font appel à des nourrissons de 14 mois. Attentifs, ils observent un expérimentateur adopter un comportement étrange : allumer la lumièrelumière en appuyant sur un interrupteur avec la tête. Les petits participants n'ont jamais vu cela avant. Voudront-ils reproduire le geste ?
Tout dépend des mots qui ont été lancés juste avant l'action. Si l'expérimentateur ne dit rien ou s'il accompagne son geste d'un « regarde ce que je suis en train de faire », le bébé ne bouge pas. En revanche, s'il nomme ce comportement en inventant un mot, précisant au jeune spectateur qu'il va « bliquer » la lumière, alors ce dernier imite l'action, aussi étrange soit-elle.
Reconnaître les menteurs parmi les gens honnêtes
Pour les auteurs, le constat est simple. Les nourrissons donnent sens à un comportement s'il est décrit par un mot du langage. Ainsi, il est digne d'être imité et reproduit. Même si, à leur âge, ils sont dans une phase où ils tentent de décrypter la langue, celle-ci leur confère les indices nécessaires pour identifier les gestes à imiter de ceux sans intérêt éducatif.
Une précédente étude, datée de mai dernier, mettait en exergue la capacité qu'ont les jeunes enfants à porter leur attention uniquement sur les situations à portée de leur compréhension, les événements trop prévisibles ou trop complexes étant délaissés. Plus drôle, ils apprennent à distinguer les menteurs des gens honnêtes et n'accordent aucune confiance à ces premiers. Face à la richesse de leur environnement, les bébés trouvent des solutions pour retenir seulement ce qui leur est utile.