Il y a quelques semaines, l'AFP annonçait que des chercheurs américains avaient découvert dans un site souterrain de l'Idaho aux Etats-Unis une colonie de bactéries uniques correspondant aux idées qu'on se fait des formes de vie les plus primitives et de la même nature que celles que l'on peut espérer trouver dans le sous-sol martien. La lecture de l'article de la très bonne revue scientifique Nature de langue anglaise montre qu'il s'agit là d'une information scientifiquement sérieuse.

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    En quelques mots, la colonie a été trouvée à 200 m de profondeur dans une région volcanique où existent des sources d'eau géothermiques à 58°5. Contrairement aux bactéries ordinaires qui pullulent sur terre, celles qui viennent d'être trouvées ne se nourrissent pas de matièrematière organique (à base de carbonecarbone, d'oxygène, d'azoteazote et de soufresoufre) et n'utilisent pas non plus l'énergieénergie du soleilsoleil qui ne peut pénétrer à de telles profondeurs. Leur énergie provient des atomesatomes d'hydrogènehydrogène produits par l'action de l'eau des sources géothermiquessources géothermiques sur les roches d'origine volcanique. L'analyse chimique de cette eau prouve en effet qu'elle ne contient pas de carbone d'origine organique. La colonie ne contient pratiquement pas les autres types de bactéries que l'on rencontre habituellement sur Terre.

    Les bactéries de l'Idaho sont dites méthanogènes c'est à dire qu'elles produisent du méthane, gazgaz nauséabond encore appelé "gaz des marais" . On trouve des bactéries méthanogènes dans les marais effectivement mais aussi dans les égouts ainsi que dans l'estomac des animaux, les ruminants en particulier. Ce n'est donc pas cette caractéristique qui rend la découverte rapportée par Nature digne d'intérêt mais bien le fait qu'elles n'utilisent que de l'hydrogène et le carbone provenant du gaz carboniquegaz carbonique piégé dans les minérauxminéraux.

    Cette chimiechimie simple, où le résultat de l'interaction de l'hydrogène avec le gaz carbonique est la production de méthane et d'eau, pourrait être, ou avoir été, en action dans le sous-sol de Mars et aussi d'autres corps extraterrestres tels Europa, satellite de JupiterJupiter où l'on pense qu'il existe d'importantes quantités d'eau liquide à plusieurs kilomètres de profondeur. L'existence sur Terre d'une telle chimie dans des conditions très semblables à celles qui devraient exister dans le sous-sol de Mars montre que la forme de vie découverte par les chercheurs américains aurait pu ou a pu se développer sur la planète rouge.

    Il s'agit là d'une découverte qui vient renforcer l'idée que des formes de vie différentes de celles que nous rencontrons communément sur Terre peuvent exister ailleurs dans le Système SolaireSystème Solaire. S'il existe dans le sous-sol de Mars de l'eau à l'état liquideétat liquide - et ceci n'est pas impossible en profondeur -, compte tenu de la nature volcanique de certaines parties de la surface de Mars, il n'est donc pas exclu d'y trouver des bactéries semblables à celles découvertes dans l'Idaho. Ceci semblerait privilégier les régions volcaniques de la planète rouge comme sites de recherche de la vie par les futures stations en préparation à la NASANASA à l'ESAESA et au CNESCNES en France.

    Par Roger-Maurice BonnetRoger-Maurice Bonnet