Les enfants exposés aux polluants chimiques dans le ventre de leur mère ou pendant les premiers mois de vie ont des capacités respiratoires diminuées. C’est le résultat d’une étude de l’Inserm, du CNRS, de l’Université de Grenoble-Alpes et de l’Institut de santé globale de Barcelone.
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Certaines substances « pourraient être associées à une fonction respiratoire diminuée chez l'enfant », expliquent dans un communiqué commun l'Inserm, le CNRS et l'Université Grenoble-Alpes. Les chercheurs citent notamment les composés perfluoréscomposés perfluorés (les PFC, que l'on retrouve notamment dans les poêles antiadhésives, certains emballages alimentaires et les revêtements antitaches), l'éthylparabène (un conservateur utilisé dans de nombreux cosmétiques) et plusieurs moléculesmolécules issues de la dégradation des phtalates.
Il s'agit d'une des premières études sur le sujet à prendre en compte l'exposition globale à toute une série de polluants (l'exposome), et pas seulement substance par substance, soulignent les auteurs de l'article, publié dans la revue médicale britannique The Lancet Planetary Health.
L'équipe de chercheurs a recueilli des données sur le mode de vie et les expositions à plusieurs dizaines de substances (particules fines dans l'airair, perturbateurs endocriniens, métauxmétaux, polluants organiques persistants, etc.) d'environ 1.000 femmes enceintes et leurs enfants dans six pays européens. Dans le cadre de l'étude, à laquelle a participé également l'Institut de santé globale de Barcelone, les scientifiques ont ensuite mesuré la fonction pulmonaire des enfants à un âge compris entre 6 et 12 ans, grâce à un test mesurant le volumevolume d'air inspiré et expiré.
L’exposition aux polluants pendant la grossesse mise en cause
Les chercheurs ont ainsi observé, par exemple, qu'un taux deux fois plus élevé d'acideacide perfluoro-octanoïque (PFOA en anglais, un composé perfluoré très persistant dans l'environnement) dans le sang de la mère pendant la grossesse était corrélé quelques années plus tard avec une baisse de près de 2 % du volume d'air expiré par seconde chez leurs enfants. Concernant les expositions après la naissance, neuf facteurs sont associés à une fonction respiratoire moins performante, dont le cuivrecuivre, l'éthylparabène, cinq molécules issues de la dégradation des phtalates mais aussi le surpeuplement du logement.
Cette analyse statistique, qui ne démontre pas de lien de cause à effet, « doit être vue comme une première étape de sélection permettant d'identifier des expositions suspectes pour lesquelles des travaux plus spécifiques sont nécessaires », estiment ses auteurs.
“Le développement pulmonaire de l'enfant est un facteur déterminant de sa santé globale”
« Identifier les facteurs de risque d'une fonction respiratoire diminuée dans l'enfance est important car le développement pulmonaire de l'enfant est un facteur déterminant de sa santé globale, et pas seulement respiratoire, tout au long de la vie », souligne Valérie Siroux, chercheuse à l'Inserm et co-coordinatrice de l'étude.
Ce qu’il faut
retenir
- Les chercheurs ont étudié 1.000 femmes enceintes et leurs enfants dans six pays européens.
- Une exposition élevée à des composés perfluorés pendant la grossesse réduit les capacités respiratoires des enfants.
- La fonction respiratoire a un impact sur la santé en général, et pas seulement respiratoire.