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C'est évident : le mode de vie de la femme enceinte a des conséquences sur le bébé. Et le manque de fer accroîtrait les risques qu'il soit chétif à la naissance, augmentant la probabilité de mortalité infantile. © Gigibiru_kukuning the cat, Flickr, cc by nc sa 2.0
L'hémoglobine est une moléculemolécule indispensable : retrouvée dans le sang, elle transporte le dioxygène aux différents organes et récupère le dioxyde de carbonedioxyde de carbone pour l'amener jusqu'aux poumons, afin qu'ils l'éjectent de l'organisme par expiration. Ce transport est possible grâce au fer, qui jouit d'une affinité pour ces molécules.
Pour diverses raisons, l'hémoglobine peut être déficiente : c'est l'anémie. Chez les femmes enceintes, elle est due le plus souvent à des carences en fer. On estime même qu'en 2011, près de 32 millions de femmes enceintes étaient concernées, surtout dans des pays en voie de développement. Parmi elles figuraient 16,2 % des Européennes ayant donné la vie cette même année.
Un déficit qui n'est pas sans conséquence pour le nouveau-né. En effet, une étude dirigée par Wafaie Fawzi, de l'université Harvard, montre qu'une supplémentation quotidienne en ferfer pour les femmes enceintes anémiées diminue les risques de déficience en hémoglobine chez le bébé, mais également ceux d'accoucher d'un bébé particulièrement chétif.
Du fer qui fait gagner du poids au bébé
Les chercheurs ont épluché 48 essais (17.793 femmes) et 44 suivis de cohortes (1.851.682 femmes) pour aboutir à leurs conclusions, publiées dans le BMJ. Leur analyse démontre que pour chaque augmentation quotidienne de 10 mg de l'absorption de fer, on enregistre une baisse de 12 % des risques d'anémie pour le bébé et de 3 % de la probabilité que celui-ci naisse avec un poids trop faible. En effet, pour chaque dose supplémentaire, le bébé gagne 15 g à la naissance, ce que les chercheurs ont vérifié jusqu'à 66 mg de fer par jour. L'OMSOMS tombe plutôt juste en préconisant 60 mg de fer par jour pour les femmes enceintes.
Les femmes enceintes dans les pays pauvres ont plus de risques de donner naissance à un bébé trop petit, car elles peuvent souffrir de carences alimentaires importantes, notamment en fer. © Nettsu, Flickr, cc by nc nd 2.0
Cela a en général pour conséquence d'élever les taux d'hémoglobine dans le sang de la future mère. Or, les calculs des chercheurs montrent que l'augmenter de 10 g/L durant le troisième trimestre de la grossesse aboutit, en moyenne, à la naissance d'un nourrisson plus lourd de 143 g.
En revanche, bien que l'anémie ait été associée à des accouchements prématurés dans des études précédentes, ce travail à grande échelle ne met en avant aucun effet d'une supplémentation en fer sur la date de la naissance.
Les pays modestes sont plus concernés par l’anémie
Ce problème, potentiellement rencontré dans les pays développés, concerne surtout les territoires les plus pauvres, dans lesquels la future mère n'a pas une santé de fer et ne dispose pas toujours d'une alimentation suffisante, par manque de moyens. Les auteurs appellent donc à améliorer les soins prénataux dans ces pays, afin de favoriser des stratégies efficaces pour administrer les doses suffisantes de nutrimentnutriment.
Cependant, le taux d'hémoglobine n'est pas le seul facteur influant sur le poids du bébé. L'environnement joue un rôle important : le tabagisme, la consommation d'alcoolalcool ou le développement dans un milieu où l'atmosphère est polluée augmente le risque que le bébé pèse moins de 2,5 kgkg à la naissance. Cette condition est associée à de plus gros risques de mortalité infantile.