Les déformations inesthétiques de la région des paupières inférieures peuvent engendrer bien des complexes, et faire basculer notre optimisme narcissique vers l'angoisse d’un vieillissement immérité. Pourtant, il existe des solutions médicales et chirurgicales qui ne sont pas interchangeables. Certaines déformations sont susceptibles d'être mieux traitées par la médecine esthétique que par la chirurgie esthétique, et vice-versa.
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Les déformations rencontrées sont nombreuses
- Les insatisfactions habituellement incriminées s'orientent en fonction de quatre facteurs :
- l'existence de poches graisseuses sous les yeux ;
- une accentuation de la vallée des larmes ;
- une hyper-coloration brune ou violacée tout autour des paupières et particulièrement remarquable aux paupières inférieures ;
- une augmentation des petits plis cutanéscutanés au-dessous des cils de la paupière inférieure.
Poches ? Cernes ? Chacune de ces déformations peut indiquer un geste réparateur différent, d'où la nécessité d'une analyse minutieuse de la part du chirurgien ou du médecin qui vous reçoit.
Quelles sont les différentes techniques pour enlever les poches sous les yeux ?
L'analyse précise de vos insatisfactions par le praticien est essentielle.
Devant chaque patient, il est nécessaire d'écouter les doléances, très personnelles, avant d'imposer un traitement systématique. Il faut déterminer quels sont les problèmes à résoudre :
- Il existe un excédent cutané : la seule solution sera alors chirurgicale, car comme un tailleur, il faut enlever l'excédent de la peau qui plisse, en plaçant la cicatrice à 1 mm au-dessous des cils de la paupière inférieure.
- Il existe des poches graisseuses : il faudra les retirer de façon mesurée, par une incision invisible endo-conjonctivale chez l'adulte jeune (au-dessous de 40 ans) ; par contre, dès qu'il existe un excédent cutané important, il vaut mieux passer sous les cils et enlever l'excédent cutané (blépharoplastie inférieure).
- Il existe une vallée des larmes profonde : l'injection d'acide hyaluronique au contact du périoste de l'éminence malaire permet un comblement facile, avec de l'acide hyaluronique bien réticulé, mais qui peut remonter en surface dans certains cas malheureux. On remarque alors l'accentuation de l'aspect violacé de la paupière inférieure (effet Tyndall). Certains collègues préfèrent dans cette perspective des injections de graisse autologueautologue, en sélectionnant de toutes petites cellules graisseuses vivantes (nanofat filling) mais j'ai vu ces cellules graisseuses remonter sous la peau après quelques années, et donner des petits grains inesthétiques. Enfin, certains chirurgiens et médecins esthétiques préconisent dans ces cas une augmentation des pommettes ou un lifting malaire, geste relativement lourd pour une déformation modérée.
- Il existe une hyper coloration de la peau des paupières : le seul traitement qui m'a apporté un peu de satisfaction consiste à blanchir les paupières en surface par un mélange de substances éclairantes, dont le chef de file est à base d'hydroquinone, en toute petite quantité, car ce dernier produit est cancérigène. Toutes les autres méthodes, laserslasers, ultra fréquence et autres poudres de perlimpinpin n'ont jamais été probantes.
- Il existe une fontefonte graisseuse des orbitesorbites : elle est parfois très frappante au niveau des paupières supérieures qui se creusent dans les orbites. Cet état s'accompagne souvent d'un excédent cutané au niveau des paupières inférieures. Dans ces conditions, il faut envisager une blépharoplastie inférieure, couplée avec une greffe de votre propre graisse au fond de la paupière supérieure.
- Il existe des poches malaires : elles se remarquent immédiatement sous forme de boursouflures qui se présentent au-dessous de la paupière inférieure, réalisant un aspect très préjudiciable au mental du patient : car elles donnent l'impression d'un visage d'alcoolique ou d'un noctambule impénitent ! Mais il s'agit souvent d'une prédispositionprédisposition familiale qui peut au début être traitée par des infiltrations d'anti-inflammatoiresanti-inflammatoires cortisonés.
Les différentes méthodes réparatrices et esthétiques
L’injection d'acide hyaluronique :
Nous la pratiquons le moins souvent possible, à cause des risques de migration en surface du produit injecté. C'est néanmoins une bonne solution chez les jeunes patients, car cela évite la chirurgiechirurgie pendant une dizaine d'années. L'effet sur le comblement de la vallée des larmes est réel, par contre l'injection d'acide hyaluronique ne permet pas de traiter l'excédent cutané de la paupière inférieure.
Le lipofilling :
Votre propre graisse est absolument précieuse : on recherche des petites cellules graisseuses d'environ 1 mm de diamètre, elles sont prélevées en sus ombilical ou à l'intérieur du genou. On peut aussi combler la vallée des larmes et augmenter les pommettes, en sachant que seulement 30 % des cellules greffées vont prendre. Une seconde séance d'injection sera utile, donc à prévoir après 4 mois, pour parfaire le résultat. Personnellement, j'évite de faire des lipofillings à la paupière inférieure, car je crains la remontée des petites cellules graisseuses sous la peau qui ne sont pas faciles à retirer.
La blépharoplastie inférieure :
C'est pour moi l'opération qui donne le plus grand nombre de satisfaction car on combine dans la même opération, l'ablationablation de l'excédent cutané, la diminution des poches graisseuses sous orbitaires s'il en a besoin, et la rétention du muscle orbiculaire inférieur, comme un hamac que l'on fixe solidement au coin externe de l'œilœil. Ces gestes combinés assurent le meilleur rajeunissement palpébral inférieur, à condition de ne pas retirer trop de peau (risque d'ectropionectropion). L'effet de ce geste chirurgical est prolongé pendant 15 ans au moyenne.
L'ablation chirurgicale des poches malaires :
C'est un geste qui s'adresse essentiellement à des poches malaires récidivantes, importantes et défigurantes. La cicatrice finale se trouve à l'aplomb de l'éminence malaire, elle finit par devenir quasi invisible.
Des complications de gravité très inégales et heureusement rares
En matièrematière de cernes et de soucisouci esthétique de la paupière inférieure, la primauté de l'acte revient à l'examen clinique établi par un praticien compétent et chevronné, afin de déterminer quel est le meilleur traitement dans chaque cas particulier. Il n'y a pas de règle absolue, c'est l'expérience du praticien qui va déterminer quelle combinaison thérapeutique sera utile : soit blépharoplastie chirurgicale qui est l'arme lourde (mais pas si lourde que cela, car effectuée en ambulatoireambulatoire avec suivi de 15 jours hors vie sociale normale), soit le traitement par des injections d'acide hyaluronique ou un lipofilling prudent.
Chaque geste médical ou chirurgical expose à ses propres incidents inhérents à la technique employée, qu'il s'agisse d'hématomes, d'asymétrie gauche-droite, d'excédent d'injection, ou d'opération ratée -- ce qui est la complication la plus grave !
Votre praticien doit vous expliquer les complications avant de faire tout geste et il doit aussi vous informer du caractère exceptionnel de la perte de vision si l'acide hyaluronique migre dans les vaisseaux de l'œil, des risques de nécrose cutanée si l'acide hyaluronique est injecté trop superficiellement sous la peau.
Conclusion
Le traitement des cernes et des déformations de la paupière inférieure a fait de grands progrès, grâce à l'avènement des injections d'acide hyaluronique réticulé stable, et grâce à la meilleure compréhension des gestes chirurgicaux à effectuer dans les déformations les plus importantes.