Aujourd'hui dans Patient bizarre, le cas d'un homme qui contracte une infection grave après avoir été léché par son chien. Une histoire extraordinaire à découvrir sans attendre.

À l'hôpital de Brême, en Allemagne, un homme de 63 ans se présente aux urgences. Depuis trois jours, il souffre de symptômes grippaux et de difficultés respiratoires. Mais ce qui l'a décidé à venir consulter, c'est l'apparition d'une multitude de petites taches rouge violacé sur son visage - une pétéchie faciale dans le jargon médical - et une douleur anormale dans la jambe droite et aux extrémités de son corps. Il ne souffrait d'aucune maladie notable avec ces symptômes. Il passait des jours tranquilles en compagnie de son chien, son seul animal de compagnie, qui lui léchait souvent le visage.

La pétéchie faciale du patient quelques jours après son admission. © <em>Naomi Mader</em>, <em>European Journal of Case Reports in Internal Medicine</em>
La pétéchie faciale du patient quelques jours après son admission. © Naomi Mader, European Journal of Case Reports in Internal Medicine
Les doigts nécrosés du patient atteint de <em>purpura fulminans</em>. © Naomi Mader, <em>European Journal of Case Reports in Internal Medicine</em>
Les doigts nécrosés du patient atteint de purpura fulminans. © Naomi Mader, European Journal of Case Reports in Internal Medicine

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Une infection bactérienne fulgurante transmise par un chien

Les médecins réalisent un check-up complet qui confirme la sévérité de son état : 39 °C de fièvre, une hypoxie, une anémie, une thrombocytopénie et des lésions rénales. Le diagnostic tombe alors que le patient est transféré en unité de soins intensifs. Il souffre d'un purpura fulminansla forme la plus sévère de septicémie. La bactérie à l'origine de cette infection généralisée n'est pas encore identifiée, mais il y a urgence, le patient doit être traité au plus vite. Il reçoit un cocktail empirique de plusieurs antibiotiques efficaces contre les souches bactériennes responsables de ce genre de symptôme.

Moins de deux jours après son admission, ses reins et son foie lâchent. Il fait un arrêt cardiaque mais les médecins parviennent à le réanimer. Entretemps, le laboratoire de microbiologie de l'hôpital livre ses résultats : l'homme est infecté par Capnocytophaga canimorsus, une bactérie commensale dans la salive des chiens et des chats.

Avec cette information, les médecins peuvent adapter son antibiothérapie, mais rien n'y fait, la maladie est trop avancée pour la stopper. Dix jours après son hospitalisation, sa peau commence littéralement à pourrir, ses doigts et ses orteils se nécrosent et deviennent noirs. Sa fièvre monte à 41 °C et les scanners montrent une défaillance de plusieurs organes vitaux. Il décède 16 jours après son arrivée.

Ce cas, rapporté dans l'European Journal of Case Reports in Internal Medicine, est exceptionnel. À de très rares occasions la bactérie Capnocytophaga canimorsus peut provoquer des infections chez l'être l'humain. Or la plupart des cas apparaissent après une morsure ou un contact entre la salive de l'animal et une plaie ouverte chez des personnes immuno-déprimées, alcooliques ou avec une partie du foie retiré. Environ trois personnes sur dix contractent une septicémie sévère. L'homme de 63 ans ne remplit aucun de ses critères ; son chien l'a seulement léché et il n'était pas immuno-déprimé.

Faut-il empêcher nos animaux de compagnie de nous lécher ? Peut-être pas, mais les médecins en charge de ce cas rappellent que les propriétaires de chien et de chat qui ressentent des symptômes grippaux plus importants qu'à l'accoutumée après un contact avec la salive de leur animal doivent consulter un médecin sans attendre.