Le lithium est un oligo-élément naturel qui a des effets stabilisateurs sur l'humeur et qui entre dans la composition des médicaments pour traiter la dépression et les troubles bipolaires. L'utilisation thérapeutique du lithium par la femme enceinte a été associée à des résultats négatifs à la naissance. Comme le lithium se trouve également dans l’eau potable, des chercheurs se sont demandés si l'exposition prénatale de la mère au lithium de l'eau du robinet était associée aux troubles du spectre autistique chez l’enfant.
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Le 2 avril dernier était la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme, ce trouble neurodéveloppemental qui affecte notamment les interactions sociales et la communication. Au cours des dernières décennies, des études menées dans divers pays ont montré une augmentation de la prévalence des troubles du spectre autistiquetroubles du spectre autistique (TSA) qui interroge sur les causes de l'autisme. « L'hérédité et plus largement les gènes restent le facteur prépondérant, expliquant au moins 60 % de l'autisme », écrivait pour The Conversation Franck Ramus, directeur de recherches CNRS et professeur associé. Mais la génétique ne peut prouver à elle seule cette augmentation, et la piste d'une interaction entre des facteurs génétiques et environnementaux reste à explorer.
Autisme : la piste environnementale
Ainsi, l'exposition à des perturbateurs endocriniens, des pesticidespesticides ou encore des polluants pourrait contribuer au risque de TSA. Par exemple, une précédente étude a montré que les femmes enceintes exposées à la pollution de l'airair pendant leur troisième mois de grossesse risquaient davantage d'avoir un enfant autiste.
Une nouvelle étude publiée dans JAMA Pediatrics ajoute le lithiumlithium à cette liste, suggérant une association entre l'exposition d'une femme au lithium dans l'eau potable pendant la grossesse et le risque de TSA chez l'enfant. La recherche serait la première à identifier le lithium (présent naturellement dans l'eau potable) comme un facteur de risquefacteur de risque environnemental possible pour l'autisme.
Basée sur la population danoise, l'étude a inclus 8 842 cas de TSA et 43 864 participants témoins appariés selon l'année de naissance (entre 2000 et 2013) et le sexe. Les chercheurs ont analysé les niveaux de lithium dans 151 réseaux d'eau publics au Danemark, ce qui représente l'approvisionnement en eau d'environ la moitié de la population du pays. Il faut savoir que la consommation d'eau en bouteille au Danemark est l'une des plus faibles d'Europe, même si les niveaux de lithium dans l'eau potable danoise sont faibles à modérés par rapport aux autres pays.
Des résultats à confirmer dans d’autres pays
Les chercheurs ont utilisé les informations d'adresse du système complet d'enregistrement civil du Danemark afin d'identifier les réseaux d'eau qui alimentaient les maisons des mères au moment de leur grossesse. Résultat : l'exposition maternelle prénatale estimée au lithium a été associée à un risque accru de TSA chez l'enfant. Les différents niveaux de lithium ont été divisés en quatre groupes (des quartiles). Par rapport au quartile inférieur, les niveaux de lithium dans les deuxième et troisième quartiles étaient associés à un risque d'autisme plus élevé de 24 à 26 %. Ce risque atteint même 46 % dans le groupe le plus fort en lithium par rapport au quartile le plus bas.
Beate Ritz, coauteure de l'étude et professeure de neurologieneurologie, évoque les perspectives de la recherche. « À l'avenir, les sources anthropiques de lithium dans l'eau pourraient devenir plus répandues en raison de l'utilisation de piles au lithium et de leur élimination dans des décharges, ce qui pourrait entraîner une contaminationcontamination des eaux souterraines. Les résultats de notre étude sont basés sur des données danoises de haute qualité mais doivent être reproduits dans d'autres populations et régions du monde. »