Les personnes atteintes de tics sont sujettes à des mouvements et des sons incontrôlables. Avec la pandémie, ils se sont multipliés chez les adolescentes, notamment celles qui utilisent TikTok. Trois médecins anglais ont relevé l'implication du réseau social dans l'apparition de leurs tics.


au sommaire


    Si le pire de la pandémie de Covid-19 semble derrière nous, son ombre plane encore sur notre quotidien. Les confinements, l'ambiance anxiogène générale n'ont pas été tendres avec notre santé mentale, surtout celles des ados. Trois pédiatrespédiatres du Great Ormond Street Hospital For Children de Londres s'inquiètent de l'augmentation des diagnostics de tics. Les tics sont des mouvementsmouvements musculaires incontrôlés, souvent du visage, qui apparaissent vers 5-7 ans. Les petits garçons sont plus concernés que les petites filles. Contrairement aux TOC, les troubles obsessionnels compulsifs, les tics ne sont pas liés à une obsession.

    Les tics en question ici ne concernent pas les jeunes garçons mais des adolescentes. Les trois pédiatres donnent leur point de vue dans BMJ ; il ne s'agit donc pas d'une étude scientifique mais la vision de spécialistes, qui n'engage qu'eux, sur le sujet. Avant la pandémie, les spécialistes des tics recevaient environ quatre à six jeunes filles atteintes de tics par an. Entre fin décembre 2020 et janvier 2021, ce sont trois à quatre par semaine. Certaines sont déjà sujettes aux tics moteurs ou verbaux, mais pour d'autres ils sont apparus du jour au lendemain. 

    Les grimaces faciales sont une des formes de tics qui atteint majoritairement les jeunes garçons. © eugenepartyzan, Adobe Stock
    Les grimaces faciales sont une des formes de tics qui atteint majoritairement les jeunes garçons. © eugenepartyzan, Adobe Stock

    Tes tics sur TikTok

    Ils décrivent le cas d'une ado de 14 ans qui a déclaré des tics moteurs et verbaux en novembre 2020. Les tics apparaissaient la plupart du temps à l'école et la jeune fille était contrainte de rentrer chez elle. Mouvements de cou et de mains répétitifs, accompagnés de coprolalie (expression incontrôlée de gros mots) et d'autres sons. La jeune fille n'a pas souffert de tic durant son enfance, en revanche il y a des cas familiaux d'autisme, de syndrome de la Tourette ou d'hyperactivité. En outre, elle se décrit comme timide et anxieuse. Elle est aussi utilisatrice de l'applicationapplication TikTokTikTok sur laquelle elle a partagé ses tics.

    Les médecins mettent en avant le rôle de TikTok et notamment le hashtag « tourette » qui compte 4,8 milliards de vues. Sous ce hashtag, les ados partagent des vidéos où les voient lors d'une crise de tics moteurs ou sonores. Parmi les adolescentes qui ont consulté les médecins anglais, certaines ont affirmé avoir consommé ces vidéos avant l'apparition des symptômessymptômes ou ont filmé elles-mêmes leurs tics. De cette exposition est né un sentiment d'appartenance et de reconnaissance ainsi que du soutien des autres utilisateurs. Les auteurs de l'étude parue dans Archives of Disease in Childhood notent que « cette attention et ce soutien ont pu, par inadvertance, maintenir et renforcer les symptômes. » Cela ne veut pas dire que le réseau social est responsable des tics chez les jeunes adolescentes. Il s'agit plus d'une conséquence du stressstress et de l'angoisse générés par la pandémie, exacerbé par l'utilisation massive des réseaux sociauxréseaux sociaux