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Plusieurs études ont suggéré que l'hygiène moderne et les habitudes alimentaires pourraient jouer un rôle en perturbant la flore bactérienneflore bactérienne intestinale et celle de l'épiderme. La fréquence des allergies alimentaires chez les enfants a augmenté de 50 % entre 1997 et 2011 et des recherches ont montré une corrélation entre l'usage accru des antibiotiques et des agents antimicrobiens. « La surutilisation des antibiotiques, des régimes alimentaires riches en graisse, des naissances par césarienne, l'élimination de pathogènes courants dans l'environnement et même la composition des formules pour enfant ont affecté l'évolution de nos microbiomes », explique Cathryn Nagler, professeur d'allergologieallergologie alimentaire à l'Université de Chicago (Illinois). « Nos travaux laissent penser que tous ces facteurs pourraient contribuer à une susceptibilité grandissante aux allergiesallergies alimentaires », souligne-t-elle.
Des thérapies probiotiques à portée de main ?
Or, en induisant une réponse immunitaireréponse immunitaire qui empêche les allergènesallergènes d'entrer dans le sang, les clostridia minimisent l'exposition de l'organisme et évitent la sensibilisation, le mécanisme clé de développement des allergies, expliquent les scientifiques de l'Université de Chicago dans des comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS) datés du 25 au 29 août 2014. Cette découverte met en lumièrelumière l'efficacité potentielle des thérapiesthérapies probiotiques, soulignent-ils. Il s'agirait d'utiliser des micro-organismesmicro-organismes vivants, des bactériesbactéries ou des levureslevures qui, comme complément alimentaire à certains aliments tels les yaourtsyaourts ou les céréalescéréales, auraient un effet bénéfique sur la santé.
L’allergie aux cacahuètes, après celles au lait et aux œufs, figure parmi les allergies alimentaires les plus fréquentes. Une fois avalées, les cacahuètes peuvent causer des réactions simples, telles que des éruptions cutanées avec démangeaisons ou une poussée d’eczéma, mais peuvent s’avérer bien plus dangereuses en cas de choc anaphylactique. © Lakeside, StockFreeImages.com
Pour leurs expériences, les auteurs ont manipulé génétiquement des souris afin de les rendre allergiques à l'arachide et ils ont ensuite testé sur plusieurs groupes de souris les effets des bactéries intestinales sur les allergies aux cacahuètescacahuètes. Un premier groupe avait été élevé en milieu stérile dépourvu de germesgermes et un deuxième groupe de rongeursrongeurs avait été traité avec des antibiotiques peu après leur naissance, réduisant fortement leur flore bactérienne intestinale. Un troisième groupe avait été élevé normalement.
Les deux premiers groupes de souris ont eu des réactions immunitaires très fortes aux cacahuètes, produisant des niveaux nettement plus élevés d'anticorpsanticorps contre les allergènes de cette arachide que les souris ayant un microbiome intestinal normal.
Cet excès de sensibilisation aux allergènes d'arachide a pu être fortement atténuéatténué en réintroduisant dans l'intestin de ces rongeurs un mélange de bactéries clostridium, expliquent les chercheurs. En revanche, la réintroduction d'un autre groupe important de bactéries intestinales, les bactéroïdes n'ont donné aucun résultat, ce qui indique que les clostridia jouent bien un rôle protecteur unique contre les allergies, selon eux.
Des thérapies qui bloquent l’entrée des allergènes dans le sang
Une analyse génétiquegénétique et moléculaire des clostridia a révélé comment elles empêchent des réactions allergiques dans l'intestin. Elles déclenchent dans les cellules immunitaires un mécanisme qui produit des niveaux élevés d'une moléculemolécule connue pour réduire la perméabilité de la paroi intestinale. Les souris allergiques aux cacahuètes dans les deux groupes d'étude ont été traitées soit avec cette molécule (ILL-22), soit par une recolonisation de leur intestin avec des bactéries clostridium. Elles ont toutes montré une nette réduction des allergènes dans leur sang, indiquent les chercheurs. Ils relèvent que les bactéries clostridium sont communes dans la flore intestinale humaine et représentent une cible évidente pour des thérapies visant à la préventionprévention ou au traitement des allergies alimentaires.
« C'est emballant car nous connaissons ces bactéries et nous savons comment les utiliser », note le professeur Nagler. « Il n'y a bien sûr aucune garantie mais ce traitement peut être testé facilement contre une maladie contre laquelle pour le moment nous n'avons rien ».