Attractions touristiques majeures, les trous bleus sont également des environnements d’intérêt pour les chercheurs, qui en étudient notamment les écosystèmes bien spécifiques. Mais comment se sont formées ces gigantesques bouches qui s’ouvrent sur le littoral de certains pays ?


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    Grand Trou bleu, Trou du Dragon ou encore Trou bleu de Dean... Tous ces sites sont bien connus des plongeurs et apnéistes qui souhaitent s'aventurer dans les profondeurs marines au sein d'un environnement unique.

    Ces gouffres circulaires qui s'ouvrent dans le fond des plateformes continentales sont en effet remplis de mystère. Ils se présentent sous la forme de trous de vastes dimensions, aux parois verticales, qui descendent à des profondeurs de plusieurs centaines de mètres. Le trou bleu le plus profond est actuellement le Taam Ja’, au Mexique. De récentes mesures ont permis de montrer qu'il s'étendait jusqu'à 420 mètres sous la surface.

    Le Grand Trou bleu, situé en Amérique centrale, est un cénote : un gouffre karstique rempli d'eau. © U.S. Geological Survey, <em>Wikimedia commons</em>
    Le Grand Trou bleu, situé en Amérique centrale, est un cénote : un gouffre karstique rempli d'eau. © U.S. Geological Survey, Wikimedia commons

    Des conditions physico-chimiques bien spécifiques

    Du point de vue scientifique, les trous bleus représentent des cas d’études fascinants, dont les conditions physico-chimiques différentes de l'environnement marin alentour permettent le développement d'écosystèmes spécifiques. La circulation de l'eau y est en effet très réduite, ce qui favorise une forte stratification des couches d'eau, avec des échanges limités. La zone du fond présente ainsi des conditions anoxiquesanoxiques (très pauvres en oxygène) et une forte salinitésalinité. La vie marine y est donc uniquement représentée par des bactériesbactéries. L'occasion pour les scientifiques d'étudier comment ces micro-organismesmicro-organismes colonisent ce milieu hostile. Cette absence d'oxygène dans le fond des trous bleus présente notamment un autre avantage. Ces conditions permettent en effet une bonne conservation des fossiles.

    Véritables pièges à sédiments, les trous bleus conservent ainsi de précieuses informations sur les environnements passés, notamment ceux datant du dernier maximum glaciaire.

    Le Trou bleu de Dean dans les Bahamas n'est autre qu'une doline immergée. © Lucas Vimpere, Flickr, CC BY-NC-ND 2.0
    Le Trou bleu de Dean dans les Bahamas n'est autre qu'une doline immergée. © Lucas Vimpere, Flickr, CC BY-NC-ND 2.0

    Des réseaux karstiques désormais sous le niveau marin

    Et pour cause : la formation des trous bleus remonte principalement au dernier âge glaciaire, lorsque le niveau des océans était bien plus bas qu'aujourd'hui en raison de la massemasse plus importante d'eau stockée sous forme de glace au niveau des calottes polairescalottes polaires. À cette époque, les plateformes carbonatées qui bordent les continents sont donc à l'émersion et soumises à l'action érosive de la pluie et à l'altération chimique. Tout comme dans les réseaux karstiques actuels, l'eau légèrement acideacide de la pluie a en effet lentement dissous les roches calcaires, s'infiltrant dans les fractures et formant, petit à petit, des galeries et cavités.

    Dans les régions karstiques, il est ainsi commun d'observer des effondrementseffondrements de la voûte située au-dessus de cavités plus ou moins vastes. Ce sont les dolinesdolines, ou encore les gouffres. Le même procédé serait responsable de la formation des trous bleus. Avec la fin de la glaciationglaciation et la remontée du niveau marin, ces vastes gouffres se sont alors retrouvés immergés, donnant naissance à ces étonnants « trous bleus » !