La valse des continents fait partie de l’histoire géologique de la Terre. Emportées par la tectonique des plaques, les masses continentales n’ont cessé de se rassembler en supercontinents avant de se fragmenter, pour se rassembler à nouveau. Quatre supercontinents se seraient ainsi formés au cours de l’histoire de la Terre.
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La Terre étant une sphère, les mouvementsmouvements tectoniques n'ont d'autres choix que d'alterner les configurations continentales. C'est ce que l'on appelle le cycle de Wilson : sous l'effet des forces tectoniques, les continents sont alternativement rassemblés sous la forme d'un supercontinent, puis fragmentés.
De Ur à Columbia
La duréedurée d'un cycle est ainsi de plusieurs centaines de millions d'années (300 à 500 Ma). Actuellement, le schéma que nous observons à la surface du globe représente certainement l'état de fragmentation maximal. Le dernier supercontinent qui a précédé cette configuration est bien connu sous le nom de Pangée. Mais plusieurs cycles l'ont précédé, menant à la formation de quatre supercontinents.
Les cycles de Wilson se sont ainsi succédé, au moins depuis 2,5 milliards d'années, peut-être plus. Retrouver la trace des premiers continents et de leur morphologiemorphologie n'est pas chose aisée, tant les roches continentales ont ensuite été remaniées par les différents épisodes tectoniques qui ont suivi (collision, subduction, érosion). Les marqueurs des continents primitifs sont particulièrement ténus mais les scientifiques ont des éléments permettant de dire que les premiers continents se seraient formés il y a plus de 3 milliards d’années.
L'assemblage des massesmasses continentales si tôt dans l'histoire de la Terre est cependant très débattue. Plusieurs modèles existent. L'un d'entre eux propose que le continent Ur serait le premier supercontinent de l'histoire géologique de la Terre, mais plusieurs autres continents auraient également pu coexister. Les traces de Ur se retrouvent actuellement dans des roches en Inde, Afrique du Sud et Australie.
Un premier supercontinent, nommé ColumbiaColumbia ou Nuna/Nena, se serait formé par l'agrégation de ces continents primitifs, il y a 1,8 à 1,5 milliard d'années. On en retrouve aujourd'hui des traces dans de nombreux continents actuels comme l'Amérique du Nord, l'Australie, en Sibérie, en Chine du Nord, au Kalahari, en Ukraine et en Amazonie.
Rodinia : premier supercontinent bien documenté
La fragmentation de Columbia aurait commencé il y a 1,5 milliard d'années environ, pour donner naissance à plusieurs continents qui se seraient progressivement séparés pour se regrouper à l'issue du cycle de Wilson sous la forme d'un nouveau supercontinent : Rodinia. La formation de Rodinia aurait démarré il y a 1,1 milliard d'années. Mieux documenté, car plus récent, Rodinia aurait ainsi été composé principalement du cratoncraton nord-américain, aussi connu sous le nom de Laurentia, du craton est-européen (Baltica) et des cratons Amazonie, Afrique de l'Ouest, Australie et AntarctiqueAntarctique.
La fragmentation de Rodinia s'est opérée il y a 750-633 millions d'années. Elle est associée à une période particulièrement froide de l'histoire de la Terre (la Terre boule de neige) ainsi qu'à une évolution rapide de la vie primitive (faune de l'Édiacarienfaune de l'Édiacarien). Cette explosion de la vie sur Terre pourrait être liée à cette phase d'ouverture et de séparationséparation continentale.
Pannotia, un supercontinent aux multiples appellations
Suite à la désagrégation de Rodinia, un nouveau supercontinent va se former autour du pôle Sud, vers 633-573 millions d'années (Ma) : Pannotia, également appelé Gondwanaland, supercontinent VendéenVendéen ou supercontinent Pan-Africain. Les cratons africains y occupent une place centrale. Tout autour on retrouve les futurs continents Laurentia, Baltica, Australie, Sibérie et Antarctique. Son existence sera d'une relativement courte durée, puisqu'il va commencer à se fragmenter il y a 560 Ma. Au sein de cette immense masse continentale vont s'ouvrir plusieurs océans, dont l'océan Iapetus. Cette phase d'ouverture s'accompagne de changements importants : montée du niveau de la mer, changement climatiquechangement climatique extrême et modification de la chimiechimie des océans. Elle s'accompagne également de l’explosion cambrienne, qui marque le développement rapide et soudain des métazoairesmétazoaires, comme les trilobites, grâce à la diversification des habitats engendrés par ces multiples ouvertures océaniques.
La Pangée
Enfin, il y a 335 Ma, se forme le supercontinent Pangée. Il s'agit du supercontinent le plus récent. Centré sur l'équateuréquateur, il est entouré d'un gigantesque océan, nommé PanthalassaPanthalassa. L'existence de ce supercontinent a été mise en évidence par Alfred WegenerAlfred Wegener, père de la théorie de la tectonique des plaquestectonique des plaques, grâce à l'uniformité de la distribution des fossilesfossiles sur les différents continents actuels. Elle est également supportée par la continuité de certaines grandes structures géologiques, notamment entre l'Amérique du Sud et l'Afrique.
Comme tous les autres supercontinents, la Pangée finira par se fragmenter au début du JurassiqueJurassique, vers 175 Ma. L'Amérique du Nord et l'Afrique vont ainsi commencer à se séparer pour donner naissance à un nouvel océan : l'Atlantique central. La Pangée se retrouve alors séparée en deux blocs principaux : Laurasia au Nord et GondwanaGondwana au Sud. Les processus de rifting et d'ouverture océanique de chacun de ces deux blocs vont finir par donner la configuration continentale que nous connaissons aujourd'hui.
Amasia, futur supercontinent ?
Actuellement, nous sommes à mi-chemin du cycle de Wilson. Un nouveau supercontinent, Amasia, devrait ainsi se former d'ici 50 à 200 Ma, suivant les extrapolations des scientifiques. Les continents devraient ainsi se regrouper proche du pôle Nord. De nouvelles chaînes de montagnes se formeront suite à la fermeture de l'océan Pacifique et à la collision des plaques américaine et eurasienne, mais également suite à la collision entre l'Afrique et l'Asie.