Ils s’appellent Koh-i Noor, Golden Jubilee, Cullinan, Bleu de France ou encore le Régent. Des noms qui ont attiré les convoitises des rois, reines et empereurs. Voici l’histoire fascinante de cinq diamants exceptionnels, qui sont parmi les plus célèbres au monde.


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    Merveilles de la nature, les diamantsdiamants fascinent depuis longtemps. Au point que certains, exceptionnels pour leur taille, pour leur pureté ou encore pour leur couleurcouleur unique, ont reçu un nom. Signe de puissance et de richesse, ils sont souvent l'attribut des pouvoirs royaux. Ce qui ne les a pas empêchés de vivre certaines péripéties.

    Le plus mystérieux : le Koh-i-Noor

    La légende raconte qu'il fut découvert il y a 5 000 ans, sur les rives du fleuve Godvari, par le prince indien Karma, fils du dieu du SoleilSoleil. Quoi qu'il en soit, ce qui est certain c'est que ce gros diamant à l'éclat envoûtant possède une longue et riche histoire, qui se perd dans le passé. La première mention claire du Koh-i-Noor (qui signifie « montagne de lumièrelumière »)) remonte ainsi au début des années 1500, dans des documents écrits ayant appartenu à Babur, descendant de l'empereur mongol Gengis Khan et fondateur de l'Empire Moghol. Dans ces textes, il apparaît que Babur aurait acquis un gros diamant comme butin de guerre. Difficile donc de dater précisément la découverte de ce diamant, dont le poids d'origine a été estimé à 186 carats. Elle peut effectivement être très ancienne, mais certains spécialistes considèrent qu'elle ne pourrait finalement dater que du XIIe ou XIIIe siècle.

    Par la suite, le Koh-i-Noor change de mains à de nombreuses reprises, au gré des conquêtes, des prises de pouvoirs et des cadeaux. C'est le chef persan Nader Shah qui lui donna son nom, alors qu'il prend possession du diamant suite à la capture de Delhi en 1739. Le diamant resta cependant sur le territoire indien jusqu'à l'arrivée des Britanniques. La compagnie des Indes orientales en fait alors l'acquisition en 1849, lors de la prise de la région du Pendjab. La pierre sera alors transportée jusqu'en Angleterre pour être offerte à la reine Victoria, qui décida de la faire retailler pour qu'elle possède plus d'éclats. Ce travail de retouche va considérablement réduire son poids, qui va passer à 105,6 carats. Mesurant désormais 3,6 x 3,2 x 1,3 cm, le diamant est désormais beaucoup plus petit, mais présente un format idéal pour être porté en broche.

    À partir de ce jour, le Koh-i-Noor va intégrer les joyaux de la Couronne britannique. Pourtant, il ne sera jamais placé sur les deux principales couronnes, celle de Saint Edouard et celle d'apparat. Et cela pour une bonne raison : le diamant a en effet la réputation de délivrer malheur à tout homme qui le porterait. Une malédiction qui prendrait sa source dans un reportage dans la Gazette de Delhi et qui sera ensuite repris par la presse anglaise. Comme il vaut mieux ne pas tenter le diable, le fameux diamant ne sera ainsi porté que par des femmes. Il sera notamment serti sur plusieurs couronnes de reines consorts.

    La couronne de la reine Mary ornée du Koh-i-Noor. © Cyril James Humphries Davenport, <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    La couronne de la reine Mary ornée du Koh-i-Noor. © Cyril James Humphries Davenport, Wikimedia Commons, domaine public

    Le plus gros diamant taillé : le Golden Jubilee

    Malgré sa bonne taille, le Koh-i-Noor est cependant loin d'être le plus gros diamant au monde. Il est notamment surpassé par le Golden Jubilee, qui avec 545,67 carats est le plus imposant diamant facété (taillé) au monde. À sa découverte en 1985 dans la Mine Premier en Afrique du Sud, il faisait 755 carats. Son poids a été réduit pour éliminer les nombreuses inclusions et augmenter sa pureté. Il est offert au roi Rama IX de Thaïlande en 1997. Le Golden Jubilee doit sa notoriété à sa taille et à sa pureté exceptionnelle, mais aussi à sa couleur très rare, jaune-brun.

    Le plus gros diamant brut au monde : le Cullinan

    Si l'on reste dans la catégorie des poids lourds, il faut maintenant citer l'un des plus célèbres diamants au monde : le Cullinan. Découvert en 1905, lui aussi dans la Mine Premier en Afrique du Sud, il est le plus imposant diamant brut à avoir été trouvé jusqu'à présent. Son poids était en effet de 3 106 carats, soit 621,2 grammes ! Était... car ce diamant doté également d'une pureté exceptionnelle a été débité en plusieurs morceaux qui ont ensuite été taillés.

    Acheté à l'origine par le gouvernement du Transvaal, une ancienne république d'Afrique du Sud, cet énorme diamant brut fut offert en 1907 au roi Edouard VII du Royaume-Uni. C'est à Amsterdam qu'il sera taillé en plusieurs pièces, qui viendront elles aussi rejoindre les joyaux de la Couronne britannique. Contrairement au Koh-i-Noor, ces diamants - nommés Cullinan I, II... jusqu'à IX en fonction de leur taille - ne font l'objet d'aucune malédiction. Pas de soucis donc à les incorporer aux attributs du roi. Le Cullinan I (Great Star of Africa, 530 carats) sera ainsi serti sur le sceptre royal, alors que le Cullinan II (Lesser Star of Africa, 317 carats) rejoindra quant à lui la couronne impériale d'apparat.

    Frederick Wells, portant le Cullinan Diamond, en 1905. © <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 4.0
    Frederick Wells, portant le Cullinan Diamond, en 1905. © Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Volé et modifié : du Bleu de France au diamant Hope

    Dans la série des Couronnes royales, la France a également possédé de nombreuses pierres précieuses, notamment le célèbre diamant Bleu de France. Rapporté d'Inde en 1668, il a été acheté par Louis XIV, qui le fait alors tailler. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un diamant possédant une couleur bleu profond, pesant 69 carats une fois retaillé à Paris. Ce qui en fait le plus gros diamant bleu découvert à ce jour. Il restera la propriété des rois de France, ornant notamment la Toison d'Or, jusqu'à ce qu'il soit volé en septembre 1792, en même temps que la majorité des autres joyaux de la Couronne française, dans ce qui est considéré encore aujourd'hui comme le « casse du millénaire ».

    Réplique en zircon de ce que devait être le Bleu de France. © Richard W. Wise, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by 3.0
    Réplique en zircon de ce que devait être le Bleu de France. © Richard W. Wise, Wikimedia Commons, CC by 3.0

    Le Bleu de France disparaît alors. Mais vingt ans et deux jours après le méfait, soit le temps exact du délai de prescription pour un vol, un diamant de la même couleur apparaît en Angleterre. Baptisé Hope, du nom de son nouveau propriétaire, il est plus petit que le Bleu de France. Mais les experts qui peuvent alors l'étudier, lors de l'exposition universelle à Paris, estiment en 1856 qu'il s'agit très certainement du Bleu de France, retaillé. Le diamant Hope changera par la suite de nombreuses fois de mains, pour terminer au Smithsonian Institute de Washington. Il est désormais exposé au National Museum of Natural History.

    Le diamant Hope, vraisemblablement retaillé à partir du Bleu de France. © Wikimedia Commons, domaine public
    Le diamant Hope, vraisemblablement retaillé à partir du Bleu de France. © Wikimedia Commons, domaine public

    Le Régent, diamant des rois et empereurs de France

    Le Bleu de France n'était cependant pas le seul diamant d'exception des joyaux de la Couronne de France. Citons également le diamant nommé le Régent, en l'honneur de Philippe d'Orléans qui en fut l'acquéreur. Considéré comme le plus pur au monde, il fut porté par Louis XV, la reine Marie-Antoinette et Napoléon Ier. Comme le Bleu de France, il fut volé en 1792, mais retrouvé l'année suivante dans un hôtel parisien. En 1804, on retrouve ainsi ce diamant sur la garde de l'épée de Napoléon Ier, lors de son sacre. Il sera ensuite conservé et porté par les rois et empereurs de France et échappera, en 1887, à la vente des diamants de la Couronne par la République.

    Diamant le Régent, au musée du Louvre. © musée du Louvre, <em>Wikimedia Commons</em>, CC0
    Diamant le Régent, au musée du Louvre. © musée du Louvre, Wikimedia Commons, CC0

    Sauvegardé, le Régent entrera alors à la galerie du Louvre, qui l'abrite toujours actuellement.