Les récents événements sismiques au Maroc doivent nous rappeler que le nord du Maghreb est historiquement une terre de séismes, car situé à la limite de deux grandes plaques tectoniques. L’histoire du Maroc et de l’Algérie est en effet jalonnée de dramatiques événements, parfois très meurtriers.
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Le séisme du 8 septembre 2023 au Maroc nous a brusquement rappelé que le pourtour méditerranéen est une région au risque sismique bien réel. S'ils ne sont pas aussi puissants que ceux que peuvent connaître le Japon ou le Chili par exemple, qui se situent sur des zones de subductionzones de subduction, les séismes touchent cependant régulièrement le nord du Maghreb. Au cours de l'histoire, cette région d'Afrique du nord a ainsi déjà connu de nombreux événements dramatiques. En cause : sa position géographique, qui se trouve au niveau d'une limite de plaques tectoniques.
Nord Maghreb : là où deux géants tectoniques s’affrontent
Car il ne faut pas oublier que la Méditerranée est un véritable puzzle tectonique. C'est notamment le lieu où se rencontrent deux grandes plaques tectoniques : l'Afrique et l'Eurasie. La limite entre les deux longe ainsi le littoral algérien avant de pénétrer légèrement les terres marocaines. La remontée de l'Afrique vers le nord, à une vitessevitesse d'environ 2 cm/an engendre donc d'importantes contraintes compressives et le développement de multiples systèmes de failles qui découpent la croûtecroûte et accommodent les mouvementsmouvements entre ces deux blocs tectoniques.
Maroc et Algérie connaissent ainsi une sismicité régulière, le plus souvent de magnitudemagnitude modérée ou faible. Si la plupart des événements sismiques ne sont donc pas ressentis par la population, les deux pays possèdent toutefois une histoire jalonnée de plusieurs séismes particulièrement meurtriers.
Le Maroc : une histoire mouvementée entre secousses et tsunamis
En 1960, la ville d'Agadir, sur la côte Atlantique du Maroc, est ainsi secouée par un séisme de magnitude 5,7. Bien qu'il ne s'agisse là pas d'un événement très puissant, les secousses vont causer plus de 12 000 morts, ce qui représente un tiers de la population de la ville. Un bilan dramatique qui s'explique par le fait que l'épicentre du séisme est situé immédiatement sous la cité.
9 ans plus tard, jour pour jour, un nouveau séisme secoue la région. L'épicentre est cette fois-ci situé dans l'océan Atlantique, au large du Portugal, sur la faille transformante d'Açore-Gibraltare qui sépare les deux plaques. La très importante magnitude de 7,8 va provoquer des secousses ressenties jusqu'au Maroc. Le séisme va également générer un petit tsunami qui a atteint Casablanca avec des vaguesvagues d'1,20 mètres. Fort heureusement, ce séisme ne causera que quelques dizaines de morts. Ce n'est cependant pas la première fois que la côte marocaine subie un tsunamitsunami. Le plus terrible est certainement celui qui survint en 1755 suite à un très violent séisme qui frappa Lisbonne, au Portugal. La magnitude estimée de cet événement qui détruisit totalement la ville est de 8,5 à 9 ! En conséquence, de terribles vagues s'abattirent sur les côtes espagnoles et marocaines. De très nombreuses villes côtières comme Tanger, Rabat ou Salé furent totalement ravagées. On recense environ 10 000 morts de ce côté du détroit de Gibraltar. Au total, cet événement aurait pu causer la perte de 100 000 personnes.
Une archive sismique historique qui remonte jusqu’à 1079
L'histoire ancienne du Maroc est malheureusement riche d'autres événements sismiques. Les multiples témoignages attestent ainsi que les séismes ont été fréquent et réguliers depuis l'an 1079. En 1719 et 1731 la région d'Agadir et de Marrakech connait deux de violents séismes, ainsi que la ville de Tanger en 1773. Cette région du nord-ouest du Maroc, marquée par les reliefs de l'Atlas, présente une sismicité particulièrement élevée. Cette région montagneuse est en effet parcourue de nombreuses failles de chevauchement qui accommodent la compression instaurée par la rencontre de la plaque Africaine avec la plaque Eurasienne un peu plus au nord.
Le littoral algérien régulièrement secoué
L'Algérie également sera touchées par plusieurs grands séismes durant son histoire. Deux ont notamment affectés la ville de Chlef qui se situe exactement sur la limite de plaques. Celui de 1954, de magnitude 6,8 fera environ 1250 morts. Il sera suivi en 1980 par une nouvelle secousse bien plus puissante de magnitude 7,3. Le bilan est lourd : environ 5 000 morts et le double de blessés. Plus récemment en 2003 c'est la ville de Boumerdès qui est frappé par un séisme de magnitude 6,8. Là aussi, le nombre de blessés est impressionnant (plus de 10 000) et l'on compte plus de 2 200 morts. Mais les archives historiques témoignent de nombreux autres événements, comme celui de 1365 qui détruisit complètement Alger. En 1716 la ville est à nouveau frappée par un tremblement de terretremblement de terre qui fit 200 000 morts. En 1825, c'est au tour de la ville de Blida, à 50 km plus au sud d'Alger, de subir d'importantes secousses.
Cette histoire mouvementée montre la nécessité de préparer et protéger au mieux les populations, car il est certain que de nouveaux séismes se produiront dans cette région du nord Maghreb dans un futur proche, même s'il est aujourd'hui impossible de savoir quand, où et avec quelle puissance.