La plupart des grandes villes européennes sont situées soit au bord de la mer, soit sur les rives d’un fleuve, et sont donc particulièrement vulnérables aux crues et aux inondations. Construction de digues, creusement de canaux ou « parc éponge », certaines municipalités ont trouvé des solutions imaginatives pour protéger les habitations.
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D'ici 2050, la montée des eaux due au changement climatiquechangement climatique pourrait menacer 300 millions de personnes dans le monde, selon une étude de 2019. Combinée aux précipitations extrêmes, cette montée des eaux pourrait entraîner des inondations catastrophiques comme celles de juillet 2021 qui ont fait plusieurs centaines de morts en Allemagne et en Belgique. Selon une étude de 2018, plus de 264 villes européennes situées au bord des rivières risquent de connaître une augmentation du risque d’inondation dans la seconde moitié du siècle si aucune mesure n'est prise. Alors, certaines ont déjà pris les devants et bâti des stratégies de prévention. Voici quelques exemples à suivre.
Venise : la lagune protégée par d’immenses digues flottantes
Soumise à la montée de la mer, mais aussi à de grandes maréesmarées et à l’affaissement des sols, Venise est régulièrement envahie par les eaux. En 2020, la cité des Doges a mis en service un gigantesque système de digues mobilesmobiles baptisé Mose (Moïse en français). Le système est constitué de trois barrages comprenant 78 vannes capables de s'élever en trois minutes. Il est censé protéger la lagune contre des crues allant jusqu'à trois mètres de haut. Lorsqu'elles sont inactives, les vannes sont repliées sous trois à cinq mètres d'eau et totalement invisibles. Malgré quatre ans de retard et un coût faramineux de 7 milliards d'euros, le système a montré son efficacité contre la première « aquaaqua alta » (grande marée) en octobre 2020.
Le système Mose, un système de digues mobiles pour protéger Venise. © Mose
Nimègue : exploiter le potentiel de la nature
À l'inverse du projet Moïse, Nimègue (Pays-Bas) a choisi une solution 100 % naturelle pour prévenir les crues. La ville de 172.000 habitants, à la frontière allemande au sud du pays, est cernée par la Meuse, le Rhin, le Waal et l'Ijssel, et donc particulièrement sujette aux inondations. Le lit des quatre rivières a été élargi et approfondi, des canaux et des bassins de stockage supplémentaires ont été creusés. Lorsque le niveau d'eau devient trop élevé, les zones agricoles environnantes sont intentionnellement inondées afin d'épargner les habitations, en coopération avec les agriculteurs locaux. Des arbres ont aussi été plantés pour retenir l'eau et les vents violents qui aggravent les inondations. Ce programme, baptisé « chambre pour la rivière », a également permis de créer des zones de loisirs et des espècesespèces naturels.
Bilbao : creuser un canal artificiel
À Bilbao, au nord de l'Espagne, l'ancienne zone industrielle du Zorrotzaurre, au bord du canal de Deusto, a été réhabilitée en 2016 en quartier d'affaires et résidentiel. Les travaux titanesques ont consisté à creuser un nouveau canal, transformant la péninsulepéninsule en île artificielle afin de rendre le quartier non inondable. Dessiné par la célèbre architectearchitecte Zaha Hadid, ce dernier est entièrement rehaussé de 1,5 mètre et recouvert de nombreux arbres et espaces qui drainent l'eau. Le long des berges, des promenades en forme de gradins ascendants ont été aménagées, qui agissent comme des barrières anti-inondations et des zones tampons en cas de montée des eaux.
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Rotterdam : des corridors pour évacuer l’eau
Au confluent du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut, la ville de Rotterdam est située à 90 % au-dessous du niveau de la mer, ce qui la rend très vulnérable aux inondations. La ville s'est pourtant fixée pour objectif de devenir « résiliente au climatclimat » d'ici 2025, avec un grand plan d'aménagement. Outre la constructionconstruction de digues, les Néerlandais ont planté des arbres le long de berges et végétalisé le toit des bâtiments pour absorber l'eau de pluie. En cas de crue, les garagesgarages souterrains, parcs et jardins servent de bassins de déversement pour épargner les zones habitées. De véritables « corridorscorridors » ont ainsi été aménagés pour drainer et canaliser l'eau des crues. Rotterdam entend désormais servir d'exemple à d'autres municipalités pour les aider à conjuguer développement urbain et adaptation au changement climatique.
Hambourg : surélever la ville
À Hambourg, qui accueille le deuxième plus grand port d'Europe, le nouveau quartier résidentiel HafenCity a été construit sur les rives de l'Elbe, régulièrement soumises à des crues. Pourtant, il n'est entouré d'aucune digue ni de murmur de bétonbéton. Au lieu de cela, des monticules artificiels compactés ont été édifiés, conférant une nouvelle topographie au quartier. À l'exception des quais et des promenades, toute la zone est ainsi surélevée de huit à neuf mètres. Seuls les bâtiments adjacents à la rive ont gardé leur niveau d'origine, mais ont été imperméabilisés jusqu'à 7,6 mètres de hauteur (le niveau d'eau au-dessus de la ligne de marée haute). Cette solution, très coûteuse, n'est cependant possible que pour les quartiers à forte valeur immobilière.
Manchester : créer un parc éponge
Manchester est connue pour être l'une de villes les plus pluvieuses d'Angleterre. Du coup, elle est régulièrement envahie par les eaux lorsque la rivière Irwell déborde. S'inspirant du concept chinois de « ville éponge », la ville a construit un parc urbain baptisé West Gorton Park conçu pour absorber l'eau de pluie et la libérer progressivement dans les égouts plutôt qu'en une seule fois afin de laisser du temps à l'eau pour s'évacuer. Le parc accueille ainsi des bassins de rétention d'eaurétention d'eau, des prairies et des arbres aux racines absorbantes qui réduisent le risque d'inondations. De plus, toute nouvelle construction doit intégrer un système de drainagedrainage permettant d'évacuer l’eau de pluie.