Au printemps, les arbres bourgeonnent, les oiseaux reviennent, les marmottes sortent d'une longue hibernation... le monde, figé dans son manteau de glace, s'éveille. Charmant tableau qui suffit à coller à cette saison l'étiquette de « saison des amours ». Mais est-ce bien justifié ?
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Le printemps, saison des fleurs, des hirondelles et des brises fraîches lourdes de senteurs, titille notre fibre romantique. Et, à en observer les nombreuses mises basmises bas et couvées qui ont lieu dans la nature, on pourrait penser qu'il en est de même chez les autres animaux... Oui, mais non !
Gare aux raccourcis: si cette déduction est, certes, partiellement vraie, elle mérite toutefois d'être nuancée. En réalité, le « temps des amours » - comprenez : la période de reproduction - varie considérablement selon les espèces, les conditions environnementales et les stratégies évolutives. Alors que certaines profitent du printemps pour se reproduire, d'autres choisissent des périodes différentes, démontrant ainsi la diversité des comportements reproductifs dans le règne animal.
Le printemps, période de mise bas
Pour de nombreux mammifères, le printemps est la saison privilégiée pour la mise bas. Les conditions climatiques sont plus douces, et la disponibilité accrue de nourriture permet d'assurer une meilleure survie des nouveau-nés.
Les insectes, tels que les papillons, les abeilles et de nombreux autres arthropodes, voient souvent leurs cycles de vie alignés avec le printemps. Le réchauffement des températures et l'allongement des jours stimulent leur activité reproductrice. Par exemple, les abeilles augmentent leur production de miel et leur activité de pollinisation lorsque les fleurs s'épanouissent au printemps. Cette période est cruciale pour leur reproduction, car elle coïncide avec la disponibilité des ressources nécessaires à la ponte et au développement des larveslarves.
Calculer son coup pour mettre bas en période d’abondance
Or, l'abondance d'insectes au printemps constitue une source de nourriture essentielle pour de nombreux animaux. Les oiseaux insectivoresinsectivores, comme les hirondelles et les mésanges, synchronisent donc leur reproduction avec l'explosion des populations d'insectes pour maximiser les chances de survie de leurs poussins. Les jeunes oiseaux bénéficient ainsi d'un approvisionnement constant en nourriture, ce qui est crucial pour leur croissance rapide.
Et les oiseaux ne sont pas les seuls à planifier la chose, c'est également commun chez les mammifèresmammifères, comme les cerfs et les sanglierssangliers qui synchronisent leur cycle de reproduction pour que la mise bas ait lieu au printemps. Les cerfs, après une période de rut en automneautomne et leur fameux brame qui transforme la forêt en opéra à ciel ouvert, ont une gestationgestation d'environ six mois. Les faons peuvent ainsi naître au moment où la végétation est la plus abondante et les températures clémentes. De même, les sangliers mettent bas au printemps, profitant de l'explosion de la végétation pour nourrir leurs marcassins.
Quant aux ours bruns, ils donnent naissance à leurs petits en fin d'hiverhiver ou au début du printemps, après une période de gestation retardée. Cela permet aux oursons de bénéficier de la disponibilité accrue de nourriture lorsque leur mère sort de l'hibernation et commence à se nourrir activement pour reconstituer ses réserves.
Et la biologie, dans tout ça ?
Les cycles reproductifs des animaux sont largement influencés par des facteurs physiologiques, notamment la photopériodephotopériode, la production de mélatonine, et les variations de température. La photopériode - duréedurée du jour par rapport à la nuit - est un régulateur majeur des comportements reproductifs. Chez de nombreux animaux, l'augmentation de la lumièrelumière du jour au printemps stimule l'hypothalamushypothalamus, qui à son tour libère des hormoneshormones gonadotropes contrôlant la reproduction.
La mélatoninemélatonine, une hormone produite par la glande pinéaleglande pinéale principalement pendant la nuit, joue un rôle crucial dans ce processus. Des niveaux élevés de mélatonine, associés à de longues nuits d'hiver, inhibent la reproduction, tandis que des niveaux plus bas en raison des nuits plus courtes au printemps favorisent l'activité reproductive.
Les températures extérieures influencent également les cycles reproductifs. Des températures plus chaudes peuvent signaler un environnement plus favorable pour la survie des nouveau-nés, incitant les animaux à se reproduire. Par exemple, chez les amphibiens et certains reptilesreptiles, une hausse de la température peut déclencher la maturation des gonadesgonades et la préparation à la reproduction. En outre, des températures adéquates sont essentielles pour le développement des embryonsembryons et des nouveau-nés, assurant une croissance optimale... d'où les mises bas au printemps.
Attention, exceptions !
Mais ce qui s'applique aux uns n'est pas forcément vrai chez les autres : les phoques annelés mettent bas en hiver sur la banquisebanquise, profitant des conditions glaciales pour protéger leurs petits des prédateurs. De même, certains animaux désertiques, comme le fennecfennec, choisissent de se reproduire pendant les périodes les plus fraîches de l'année pour éviter les températures extrêmes.
Contrairement à de nombreuses espèces animales dont les cycles reproductifs sont fortement influencés par les saisons, les lapins ont la particularité de ne pas suivre ce schéma. En effet, ces jolis rongeursrongeurs peuvent se reproduire tout au long de l'année, indépendamment des variations saisonnières. Cette capacité est principalement due à leur physiologie reproductive unique et à leur stratégie de survie.
Les lapins sont des animaux dits « polyestriques continus », ce qui signifie qu'ils peuvent entrer en œstrus (en chaleurschaleurs) plusieurs fois par an sans période de repos reproductif marqué par les saisons. Cette fréquence élevée d'œstrus permet aux lapines d'être réceptives à l'accouplementaccouplement presque constamment, assurant ainsi une reproduction continue. De plus, la durée de gestation des lapins est relativement courte, environ 28 à 31 jours, permettant plusieurs portées par an.
Quant aux humains, la reproduction n'est pas strictement saisonnière et est influencée par une multitude de facteurs sociaux, culturels et individuels. Bien que certaines études aient montré des variations dans les taux de conception et de naissance, celles-ci sont souvent moins marquées que chez les autres animaux et largement influencées par des facteurs culturels. Par exemple, certaines cultures peuvent observer des pics de naissances à certaines périodes de l'année en raison de coutumes ou de traditions spécifiques.
Quid des animaux en captivité ?
Pour les animaux domestiques et ceux en captivité - zoo, élevages -, les choses sont encore différentes. Les cycles reproductifs sont généralement influencés par l'intervention humaine. Les éleveurs peuvent ainsi manipuler les conditions de lumière et de température pour induire la reproduction à des moments spécifiques, indépendamment des saisons naturelles.
Par exemple, les poules pondeuses peuvent être exposées à des cycles de lumière artificielle pour augmenter leur production d'œufs, tandis que les programmes de reproduction en captivité pour les espèces menacées peuvent être ajustés pour maximiser les chances de succès.
En bref : ce n'est pas parce que vous avez déjà sorti les bougies et organisé pléthore de rendez-vous galants qu'il en est de même pour les autres animaux. Alors, le printemps, saison des clichés ?