Est-ce vrai que les poissons ne ressentent pas la douleur ? Franchement… C’est une vraie question ? Pourquoi ils ne pourraient pas ressentir la douleur ? Ce sont des animaux comme les autres ! Mais bon, on va vérifier, on ne sait jamais, on pourrait être surpris ! Mais déjà il faut quand même se renseigner un peu sur ce qu’est la perception de la douleur.


au sommaire


     

     

     

    Retrouvez le podcast à l'origine de cette retranscription dans Science ou Fiction. © Futura

     

    C'est quoi biologiquement la douleurdouleur ? Pourquoi on a mal par exemple quand on se coupe ou qu'on se brûle ?

    Le mécanisme de la douleur

    La douleur c'est une réponse automatique de notre corps à des stimuli potentiellement nocifs, comme justement, une brûlure ou une coupure, qui déclenche un réflexe pour se protéger. C'est un mécanisme universel chez tous les êtres vivants dotés d'un système nerveux. Le but de la douleur, si on peut s'exprimer comme ça, c'est de signaler une menace à notre corps et inciter notre organisme à réagir pour éviter ou limiter les dommages.

    Bien que la douleur puisse varier en intensité et en nature selon les espèces, elle repose sur les mêmes principes biologiques fondamentaux. Il y a trois étapes dans la douleur. La première c'est la nociception. C'est le processus par lequel les fameux stimuli nocifs sont détectés. Les nocicepteurs sont des récepteurs spécialisés situés dans la peau, les muscles ou les organes internes. Ils sont activés dès qu'ils détectent une lésion ou un danger potentiel. Ils envoient ensuite des signaux électriques vers la moelle épinièremoelle épinière et le cerveaucerveau. Du coup, la deuxième étape, c'est ça : la transmission de l'information. Chez les animaux comme chez les humains, cette transmission peut être rapide ou lente, en fonction du type de douleur : une douleur aiguë et immédiate est transmise rapidement, tandis qu'une douleur persistante ou sourde est transmise plus lentement. Et enfin troisième et dernière étape : le cerveau reçoit et traite ces signaux. 

    Chez les mammifères, c'est souvent le cortexcortex cérébral qui est responsable de la perception consciente de la douleur, alors que le système limbiquesystème limbique génère les émotions associées, comme la peur ou le stress. Chez d'autres animaux, les régions cérébrales responsables peuvent être différentes, mais la fonction reste similaire : générer une réponse adaptée.

    Les poissons ressentent-ils la douleur ? © lunamarina, Adobe Stock
    Les poissons ressentent-ils la douleur ? © lunamarina, Adobe Stock

    Comment savoir quand un animal ressent de la douleur ?

    C'est sûr que ça ne s'affiche pas forcément sur sa tête ! Pour ça, les scientifiques examinent plusieurs critères : la présence de récepteurs de la douleur, les fameux nocicepteurs, l'activité cérébrale associée à ces stimuli, et des changements comportementaux qui suggèrent un apprentissage ou une modification des priorités face à la douleur.  

    Et du coup, si on revient à nos poissons, ils possèdent des nocicepteurs, ce qui signifie qu'ils sont capables de détecter des stimuli nocifs. De nombreuses études ont montré que lorsqu'ils sont exposés à des blessures ou à des produits irritants, comme le vinaigre ou le piment, leur comportement change : ils frottent la zone affectée, réduisent leur activité ou montrent des signes de stressstress, comme une accélération de leur respiration. Ces observations indiquent que les poissons perçoivent des sensations désagréables. Bon, par contre, la grande controverse dans cette histoire, c'est la manière dont ces stimuli sont traités par leur système nerveux. Contrairement aux mammifères, les poissons n'ont pas de cortex cérébral. Cela a conduit certains chercheurs à conclure qu'ils ne ressentent pas la douleur de la même manière que les humains ou d'autres animaux, qui eux, ont un cortex cérébral.  

    Limitons leur souffrance !

    En fait, scientifiquement, c'est vrai que les poissons possèdent des mécanismes qui leur permettent de détecter et de réagir aux stimuli nocifs. Ce qui est plus complexe, c'est de déterminer s'ils ont conscience de cette douleur ou s'ils ne font que réagir instinctivement, sans ressentir de souffrance émotionnelle. Certains chercheurs soutiennent que l'absence de cortex chez les poissons empêche une véritable expérience consciente de la douleur. Selon eux, les réactions des poissons à des stimuli désagréables relèvent d'un automatisme purement neurologique, dépourvu d'émotion ou de réflexion. Et pourtant, d'autres scientifiques affirment que même sans cortex, les poissons peuvent ressentir une forme de douleur consciente. Et pour preuve, c'est vrai qu'on observe que les poissons modifient leur comportement de manière durable après une blessure. C'est qu'ils doivent bien ressentir un petit truc, et que ce n'est pas juste une simple réaction réflexe. Ainsi, j'aurais tendance à dire que c'est ni totalement vrai ni totalement faux.

    Ce que nous savons avec certitude, c'est qu'ils perçoivent des stimuli nocifs et qu'ils réagissent de manière significative, ce qui devrait d'ailleurs suffire pour encourager une certaine prudence dans notre manière de les traiter. La conscience de la douleur chez les poissons reste un débat, mais il est quand même plus éthique de les considérer comme des êtres sensibles et de limiter leur souffrance. Eh bien oui, mieux vaut avoir un peu trop de compassion qu'un gros manque d'empathieempathie !