Dans Jurassic Park (sorti en 1993), des chercheurs ont réussi à faire revivre des dinosaures grâce à de l’ancien ADN trouvé dans un moustique. Une technique qui semble très réaliste… et pourtant nous sommes loin de pouvoir y parvenir. Pourquoi ?


au sommaire


    Si vous avez hâte de voir courir un VélociraptorVélociraptor, brouter un Brachiosaure ou trembler devant un TT-Rex, il faudra dans doute attendre un peu. Car ressusciter un dinosaure à partir de l'ADNADN conservé dans le sang d'un moustique préservé dans l'ambre relève pour l'instant de la fiction totale. Certes, on a déjà retrouvé des tiques gorgées de sang de dinosaure et parfaitement fossilisées datant de 99 millions d'années. Mais contrairement à ce qu'on croit, l'ambre n'est pas un milieu idéal de conservation : la résine a tendance à rentrer dans l'organisme et détruire l'ADN.

    Voir aussi

    Dinosaures : une tique découverte piégée dans de l'ambre

    Cet ADN aurait de toute façon été détruit depuis bien longtemps. En 2012, des chercheurs ont calculé que l'information génétiquegénétique devient illisible à partir de 1,5 million d’années et que même dans des conditions de conservation idéales (-1,5 °C), il disparaît complètement au-delà de 6,8 millions d'années. Aucun espoir donc de retrouver un quelconque ADN intact datant de 65 millions d'années, date de l'extinction des dinosaures.

    La très difficile reconstruction du génome d'un dinosaure

    Toutefois, à partir de quelques bribes d'ADN, on pourrait imaginer reconstruire le génomegénome complet du dinosaure. La tâche s'avérerait titanesque. « Ce serait comme essayer de compléter le puzzle le plus difficile du monde sans avoir la moindre idée du motif à reproduire ni de la place des pièces manquantes », argue Darren Griffin, chercheur en génétique à l'université du Kent.

    Dans Jurassic Park, les scientifiques ne s'embêtent pas trop et utilisent de l'ADN de grenouille pour combler les manques. Ce qui aboutirait à la création d'un drôle de « grenouillosaure », mais en aucun cas à un authentique dinosaure. À la limite, l'ADN d'oiseau correspondrait davantage puisque les deux espèces partagent un ancêtre commun. En 2015, des chercheurs ont ainsi réussi à transformer le becbec de volailles en museau de dinosaure en bloquant le gènegène responsable de cette évolution. Mais là encore, on est loin d'un vrai TyrannosaureTyrannosaure.

    Même en supposant qu’on arrive à recréer un dinosaure, il n’est pas sûr qu’il s’adapterait à notre monde actuel. © Dariusz Sankowski, Pixabay
    Même en supposant qu’on arrive à recréer un dinosaure, il n’est pas sûr qu’il s’adapterait à notre monde actuel. © Dariusz Sankowski, Pixabay

    Supposons tout de même que l'on arrive à reconstruire un génome entier de dinosaure ou d'un spécimen approchant. Il faudrait alors introduire ce matériel génétique dans une cellule puis dans un œuf pour faire éclore le dinosaure. Toujours, dans le film Jurrassic Park, les scientifiques utilisent un œuf d'autruche. Or, « l'expérience a déjà été tentée de faire grandir un embryonembryon de poulet dans un œuf d'autruche et cela n'a pas marché », explique Darren Griffin. Car d'autres phénomènes sont à l'œuvre, comme l'épigénétique, qui détermine comment les cellules expriment les gènes.

    Peut-on ressusciter des espèces disparues ?

    Même en imaginant surmonter tous ces obstacles, pas sûr qu'un dinosaure puisse survivre dans notre monde actuel. Où trouverait-il sa nourriture ? Pourrait-il résister aux maladies contemporaines ? S'adapterait-il au climatclimat et à la pollution ? Bref, ressusciter un jour un dinosaure, tel qu'il existait il y a 66 millions d'années, semble hautement improbable.

    En revanche, d'autres espèces plus récentes pourraient revoir le jour grâce à la science. Certains espèrent ainsi faire revivre le mammouth laineux à partir d'un spécimen congelé et aussi le Tigre de Tasmanie, éteint dans les années 1930, ou encore le dodo, disparu à la fin du XVIIe siècle.