Il y a quelques années, le rituel du nettoyage de pare-brise était indissociable d’un long trajet sur l’autoroute. Aujourd’hui, les insectes qui viennent s’écraser sur nos vitres lorsque nous roulons semblent bien moins nombreux. Réalité ou simple impression ?
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La France compte plus de 800.000 kilomètres de routes sur lesquelles circulent des millions de véhicules. Et même si peu d'études s'y sont consacrées, cette circulation routière massive est un fléau pour les insectes. Au début des années 1990, des chercheurs avaient relevé minutieusement des cadavres d'insectes sur des voituresvoitures. Selon la zone dans laquelle celle-ci circulait, ils avaient estimé que chaque voiture tuait environ entre 80 et 160 insectes par kilomètre parcouru. Des chiffres auxquels il fallait ajouter les insectes morts retrouvés dans les accotements.
Rien d'étonnant donc à ce que, jusqu'à il y a encore quelques années, sur l'autoroute des vacances, nous ayons eu besoin de nettoyer au moins une fois notre pare-brise qui se retrouvait constellé d'insectes. C'est ce que les scientifiques appellent aujourd'hui encore le « syndromesyndrome du pare-brise ». Des insectes foudroyés en plein vol, éblouis par la lumièrelumière des phares ou passant simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Mais le phénomène apparait beaucoup moins important depuis quelque temps.
Des insectes en voie de disparition
Les insectes ont-ils fini par s'adapter ? L'évolution a-t-elle sélectionné ceux qui savaient éviter les routes et les voitures ? On pourrait s'en réjouir. Mais pas du tout, affirment les chercheurs. Si nos pare-brise sont aujourd'hui moins souillés par des insectes morts, c'est tout simplement parce que le nombre d’insectes a dramatiquement chuté. Ainsi, selon une étude allemande, le nombre d'insectes volants aurait diminué outre-Rhin de quelque 75 % en moins de 30 ans. De 82 % même, durant la période estivale.
Quelle en est la cause ? Le réchauffement climatique, des changements de paysage ou de couverture végétale, la destruction des habitats ou l'utilisation massive de pesticides ? Toutes des causes anthropiques mais, pour l'heure, les chercheurs ne savent pas conclure avec certitude. Toujours est-il que de nombreuses études le confirment. Plus de 40 % des espèces d'insectes seraient en déclin dans le monde et un tiers serait même en voie de disparition. Et lorsque l'on connaît l'importance des insectes dans l'équilibre de nos écosystèmesécosystèmes, il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir des économies de nettoyage de pare-brise que nous faisons maintenant depuis une dizaine d'années.