Les fleurs nous inspirent, nous émeuvent, nous parfument, décorent nos maisons et servent à exprimer nos sentiments… mais de la même façon que leurs couleurs et leurs formes sont d'abord utiles à leur survie, les odeurs qu'elles dégagent, enivrantes ou repoussantes, leur sont indispensables.


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    Les fleurs dégagent une vaste gamme d'odeurs grâce à des composés chimiques volatils spécifiques. Ces odeurs peuvent être plus ou moins agréables ou désagréables selon notre perception humaine, mais elles jouent toutes un rôle crucial dans la survie et la reproduction des plantes.

    Les plantes utilisent les odeurs comme un moyen d'interaction et de communication. Par exemple, les odeurs florales sucrées comme celles de la lavande, du jasmin ou du lys, sont souvent produites pour attirer des pollinisateurs comme les abeilles, les papillons et les bourdons, rapporte The Conversation. À l'inverse, d'autres plantes, comme la Rafflesia ou certaines orchidées, émettent des odeurs de décomposition pour attirer des insectes nécrophagesnécrophages tels que les mouches.

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    D'autre part, certaines parfums servent de défense, repoussant les herbivores et les florivores. La lavandelavande, par exemple, produit des composés qui attirent les pollinisateurs tout en dissuadant les herbivores. Les fleurs qui imitent des odeurs de charogne utilisent cette stratégie pour attirer des mouches nécrophages, assurant ainsi leur pollinisation.

    Les fleurs se servent de leur parfum pour attirer les insectes pollinisateurs comme l'abeille. © Guy Pracros, Adobe Stock
    Les fleurs se servent de leur parfum pour attirer les insectes pollinisateurs comme l'abeille. © Guy Pracros, Adobe Stock

    Un processus chimique complexe

    Les odeurs des fleurs proviennent de composés organiques volatilscomposés organiques volatils (COV) qui s'évaporent facilement dans l'airair. Ces composés incluent principalement des terpénoïdesterpénoïdes et des phénylpropanoïdes. La production de ces composés est un processus biochimique complexe où les moléculesmolécules odorantes sont transportées par des protéinesprotéines spécifiques à travers les parois cellulaires jusqu'à être libérées dans l'atmosphère. Une de ces protéines, identifiée comme PHABCG1, aide à transporter les molécules à travers les couches lipidiques des cellules des pétales.

    L'odeur des fleurs a donc plusieurs fonctions principales :

    • la plupart des fleurs utilisent des odeurs pour attirer les pollinisateurs nécessaires à leur reproduction ;
    • certaines odeurs repoussent les animaux herbivores qui pourraient endommager la plante ;
    • les plantes peuvent utiliser des odeurs pour signaler des menaces ou des conditions environnementales à d'autres plantes.

    Certaines fleurs ne produisent aucune odeur notable, notamment celles pollinisées par le vent, appelées anémophiles. Ces plantes, comme le maïsmaïs ou le noisetier, ne dépendent pas des insectes pour la pollinisation et n'ont donc pas besoin d'attirer des pollinisateurs avec des odeurs. Elles produisent généralement de grandes quantités de pollenpollen léger facilement dispersé par le vent.

    Le noisetier n'a pas besoin d'insectes pollinisateurs, le vent se charge de transporter le pollen. © plprod, Adobe Stock
    Le noisetier n'a pas besoin d'insectes pollinisateurs, le vent se charge de transporter le pollen. © plprod, Adobe Stock

    Quand l'odeur des fleurs change…

    L'odeur des fleurs n'est pas figée dans le temps, et il est probable que les roses d'hier aient dégagé des effluves différentes de nos roses contemporaines ! Cette évolution peut survenir en réponse à des changements environnementaux et à des pressionspressions de sélection. Par exemple, la pollution de l'air, en particulier l'ozoneozone, peut altérer les composés odorants, réduisant ainsi la portée et l'intensité des parfums des fleurs.

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    Les plantes peuvent également adapter leurs odeurs pour mieux résister aux stress environnementaux ou pour attirer de nouveaux types de pollinisateurs. Des recherches montrent que certaines plantes produisent plus d'odeurs à certains moments de la journée pour coïncider avec l'activité de leurs pollinisateurs spécifiques, comme les fleurs nocturnesnocturnes qui attirent les papillons de nuitpapillons de nuit.

    À cela s'ajoutent les fleurs génétiquement modifiées ! Le génomegénome de certaines espècesespèces est parfois altéré pour surproduire ou sous-produire certains composés responsables de leurs odeurs. Par exemple, en modifiant les gènesgènes impliqués dans la voie des terpénoïdes ou des phénylpropanoïdes, les scientifiques peuvent influencer directement les composés volatils produits par la fleur. Le plus commun reste cependant la modification pour rendre les plantes bien plus résistantes à la pollution ou aux écarts de température, ce qui impacte et diminue généralement l'odeur florale qu'elles dégagent.

    En bref, l'odeur des fleurs est un mécanisme complexe et multifonctionnel crucial pour la survie et la reproduction des plantes. Que ce soit pour attirer les pollinisateurs, repousser les herbivores ou communiquer entre elles, les plantes ont développé une variété de stratégies olfactives adaptées à leurs environnements et à leurs besoins spécifiques. Certaines fleurs ne produisent pas d'odeur, car elles utilisent des méthodes alternatives de pollinisation. La capacité des plantes à adapter et à évoluer leurs odeurs en réponse à des changements environnementaux illustre leur remarquable plasticitéplasticité et leur rôle essentiel pour la bonne santé des écosystèmesécosystèmes.