L’éruption du Vésuve est inscrite dans la mémoire de l’humanité comme une des plus terribles catastrophes naturelles. Mais l'histoire de la Terre regorge d'éruptions volcaniques dangereuses et tout aussi monstrueuses. Voici les trois pires éruptions volcaniques que la Terre ait connues.

Les volcans sont des structures géologiques fascinantes et essentielles qui ont façonné l'histoire de notre climat. Aujourd'hui encore, leurs éruptions font régulièrement la une des médias et suscitent autant la peur que l'admiration, à raison puisque certaines d'entre elles ont bouleversé la géographie de certaines régions, voire même menacé la vie sur Terre.

1815 - L'éruption du Tambora : la plus meurtrière

De mémoire d'homme (et de femme !), l'éruption la plus dangereuse et la plus meurtrière jamais enregistrée est celle de Tambora, Indonésie, en 1815. De type explosif, elle éjecte plus de 30 km3 de magma, et génère un panache record de 43 kilomètres de haut ! Elle débute le 5 avril et atteint son pic les 10 et 11 avril. Il faudra attendre le 15 avril pour que l'éruption cesse, et le 17 pour la fin des chutes de cendres. Le volcan, défiguré, perd un tiers de sa hauteur lors de l'explosion, passant de 4 300 mètres à tout juste 2 850 mètres d'altitude aujourd'hui. Le territoire est à l'époque administré par la Grande-Bretagne.

C'est notamment par le témoignage écrit de certains colons que les scientifiques ont pu reconstituer le déroulé de cet événement, dont les explosions sont entendues jusqu'à Sumatra, à 2 000 kilomètres. En tout, plus de 70 000 personnes périssent : sur l'île de Sumbawa, 15 000 personnes sont tuées par les pluies de pierres et les nuées ardentes.

Par la suite, 59 000 autres périront des suites de famine et de maladies, la faute aux plus de 60 mégatonnes de dioxyde de soufre relâchées dans l'atmosphère. Aujourd'hui, les scientifiques estiment que ce bilan est sans doute sous-estimé, et que le nombre de morts aurait dépassé les 90 000. Les conséquences sur le climat sont sévères, et provoquent un refroidissement des températures sur l'ensemble de l’hémisphère nord, au point que l'année 1816 est surnommée « l'année sans été ».  

1257 - L'éruption du Samalas : la plus puissante de l'Holocène

La seconde éruption la plus dangereuse est celle du Samalas qui frappe l'Indonésie (décidément !) en 1257. Avec un indice d'explosivité volcanique mesuré à 7 (le maximum étant de 8), il pourrait s'agir de l'éruption explosive la plus importante de l'holocène. Elle a entraîné la formation d'une caldeira - une grande dépression circulaire - créée par l'effondrement du sommet du volcan après l'évacuation du magma. Appelée maintenant la Caldeira Segara Anak, elle mesure environ six kilomètres de diamètre et abrite un lac !

Les cendres volcaniques émises lors de l'éruption ont atteint la stratosphère, contribuant à la formation d'une grande masse d'aérosols qui ont dispersé la lumière solaire. S'est ensuivi un petit âge glaciaire dans tout l'hémisphère nord, entraînant des hivers froids et des récoltes insuffisantes, d'où des famines et des troubles sociaux. La découverte de cette éruption majeure s'est faite grâce à l'analyse de carottes de glace prélevées au Groenland et en Antarctique, montrant des couches de cendres volcaniques datées de l'année 1257. Ce n'est qu'en 2010, après trente ans de recherche que les chercheurs parviendront à identifier précisément le lieu de cette éruption ! 

Il y a 252 millions d'années - les Trapps de Sibérie : responsable de la plus grande extinction massive de l'Histoire

Enfin, la première place du podium revient aux Trapps de Sibérie, responsables - excusez du peu - de la plus grande extinction de masse de tous les temps. Avec ses près de 2 millions de km² (soit l'équivalent de l'Europe occidentale), les Trapps de Sibérie constituent aujourd'hui l'une des plus grandes provinces magmatiques sur Terre. Outre sa surface, la zone se distingue également par la couche de basalte qui la compose en majorité - une roche volcanique formée à partir du refroidissement rapide du magma en surface et pouvant atteindre près de quatre kilomètres d'épaisseur à certains endroits !

Des chiffres étourdissants à mettre sur le compte de la gigantesque éruption effusive qui a eu lieu il y a environ 252 millions d'années. Les éruptions effusives sont beaucoup plus étalées dans le temps que les explosives. Par exemple, le Piton de la Fournaise sur l'île de la Réunion peut générer des coulées de lave sur plusieurs semaines, voire plus d'un mois. Pour autant, celle des Trapps de Sibérie - supervolcan s'il en est - est exceptionnellement longue : on estime qu'elle a  duré environ 1 million d'années, générant trois à cinq millions de km³ de lave sur une surface d'environ 6 millions de km² !

Un phénomène de cette ampleur n'est pas sans conséquence :  l'éruption a libéré d'énormes quantités de gaz à effet de serre - dioxyde de soufre et dioxyde de carbone - et d'aérosols réfléchissant la lumière. Les gaz à effet de serre ont entraîné un réchauffement climatique massif, ayant pour effet l'anoxie (ou baisse de la quantité d'oxygène) et l’acidification des océans, et donc la mort des organismes vivants. La décomposition des plantes et animaux marins a produit une quantité massive de gaz toxiques, tuant les animaux terrestres.

Par la suite, les aérosols produits lors de l'éruption ont réfléchi la lumière, refroidissant drastiquement l'atmosphère et achevant une bonne partie des derniers survivants. En tout, près de 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres ont disparu. Cette éruption - dont les origines ne sont pas encore bien connues des scientifiques - a joué un rôle majeur dans l'évolution de la vie sur Terre en remodelant les conditions environnementales de manière drastique.

De quoi se sentir tout petit et surveiller de très près ces monstres endormis.