Les éruptions volcaniques un peu partout dans le monde sont de plus en plus rapportées par les médias. Un phénomène qui s'inscrit dans une augmentation des événements climatiques extrêmes, alors que la crise environnementale bat son plein et a déjà entamé de bouleverser notre quotidien.
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L'évolution de l’activité volcanique partout dans le monde ces dernières années, dans un contexte de changement climatique, est encore mal connue. Pourtant, les scientifiques s'y intéressent de plus en plus avec, à la clé, une question de taille : la crise environnementale pourrait-elle réveiller les volcans ?
Tout d'abord, l'idée selon laquelle les éruptions volcaniques seraient de plus en plus nombreuses est erronée. « Notre perception est faussée par le fait que nous avons aujourd'hui à notre disposition des outils plus performants, comme les satellites, qui nous permettent de faire plus d'observations, détaille le géophysicien François Beauducel dans un entretien accordé à Géo en juillet 2022. Aujourd'hui, « parmi les 600 volcans répertoriés pour avoir connu des éruptions historiques, une cinquantaine sont actifs en permanence », affirme de son côté la directrice de recherche au CNRS Cathy Clerbaux dans un article pour The Conversation. Or, d'après François Beauducel, « que constate- t-on ? Une courbe plutôt plate avec en moyenne deux ou trois grosses éruptions dans le monde par an ».
Changement climatique et activité volcanique : une relation sous pression
Mais alors, quid du changement climatique ? Si l'on veut comprendre ce qui pourrait changer à l'avenir -- et a déjà changé dans certaines zones comme l’Islande --, il faut regarder du côté de la fontefonte des glaciers, que l'on trouve souvent dans des régions volcaniques actives. Cette fonte entraîne une baisse de pressionpression sur le sol volcanique. De plus, de l'eau peut s'infiltrer dans le sol et entrer en contact avec le magma en fusionfusion. Deux facteurs peuvent modifier l'activité volcanique d'une région : la baisse de pression sur le manteaumanteau et l'infiltration d'eau dans les sols qui découle de la fonte.
Autrement dit, le manteau -- où se forme le magma -- est soumis à moins de pression. Certaines zones voient donc leur production de magma augmenter. Cette baisse de pression peut également mener à la formation de bulles de gazgaz dans les chambres magmatiques ce qui, au contraire, augmente la pression dans la zone. Enfin, le contact du magma avec l'eau entraîne une augmentation de vapeur soudaine, également responsable d'une augmentation de pression. Le tout est à l'origine d'un changement de dynamique dans les sols susceptible de faire (re)naître une activité volcanique.
Se pourrait-il qu'il s'agisse d'une bonne nouvelle pour le climatclimat ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les éruptions ne sont pas responsables d'un réchauffement de l’atmosphère mais, au contraire, de son refroidissement. En 2016, une équipe de chercheurs avait ainsi révélé les résultats de leurs travaux dans le Journal du CNRS : en 1257, l'éruption du Samalas -- au sein du complexe volcanique du Rinjani sur l'île de Lombok, en Indonésie -- aurait été à l'origine du petit âge glaciaire qui a eu lieu entre le XIIIe et le XIVe siècle en Europe et en Amérique du Nord.
L'éventuelle augmentation des éruptions nous sauvera-t-elle de la hausse des températures ?
En cause : les particules de soufresoufre (SO2) éjectées dans l'atmosphèreatmosphère lors des éruptions. « En réagissant avec la vapeur d'eau, le SO2 est rapidement converti en acide sulfuriqueacide sulfurique (H2SO4) qui, à son tour, se condense en fines particules d'aérosolsaérosols », poursuit Cathy Clerbaux dans son article. Or, ces particules d'aérosols réfléchissent la lumièrelumière du soleilsoleil, ce qui contribue à opacifier l'atmosphère et réduire les températures. « Dans le cas des grandes éruptions comme celle du Pinatubo, qui surviennent généralement une ou deux fois par siècle, le changement climatique fera que les panaches de cendres s'élèveront de plus en plus haut et que les aérosols se propageront plus rapidement autour du globe, amplifiant le phénomène de refroidissement de l'ordre de 15 % par rapport au climat actuel », détaille Anya Schmidt, sur le site d'Euronews, en reprenant les données d'une étude publiée en 2021 dans Nature Communications.
Des chiffres à prendre avec des pincettes, rappelle son auteur principal Thomas J. Aubry dans les colonnes de Reporterre : « Pour les éruptions les plus intenses, leur capacité de refroidissement pourrait être diminuée, mais on projette l'effet inverse pour les éruptions moins intenses, qui sont plus fréquentes. Le bilan final n'est donc pas clair et on doit pousser la recherche sur ces questions. Dans tous les cas, les volcans refroidissent le climat d'une amplitude de l'ordre de 0,1 °C sur le long terme, donc même un doublement ou une suppression de leur effet ne bouleverserait pas les projections du GiecGiec ». De plus, de plus fréquentes éruptions volcaniques pourraient mettre en danger les populations et les pousser à se délocaliser vers des zones moins dangereuses. La solution miracle permettant de maintenir nos modes de vie actuels tout en luttant contre le réchauffement climatiqueréchauffement climatique n'est donc pas encore née.