Du goudron – ou du bitume lorsque c’est relativement récent –, il y en a plein nos routes. Et des routes, il y en a de plus en plus. Alors, doit-on s’inquiéter de son impact sur le climat ? Sur l’environnement ? Sur d’autres choses ?
au sommaire
Le goudron. On l'utilise notamment pour recouvrir nos routes. Ou plutôt devrait-on dire, on l'utilisait. Même si le terme est resté dans le langage courant. Il est aujourd'hui généralement remplacé par le bitume. Et ce n'est pas tout à fait la même chose. Tous les deux sont issus de ressources fossiles. Un mauvais point pour le climat. Mais le goudron est fabriqué à partir de charbon. De la pyrolysepyrolyse de la houille entre 800 et 1 100 °C. Alors que le bitumebitume provient de la distillationdistillation du pétrolepétrole. C'est l'un des éléments lourds qui restent après que ce dernier a été chauffé à 400 °C. Il peut aussi se trouver à l'état naturel. Goudron et bitume ne sont que les liantsliants de l'asphalte qui protège nos routes. Un asphalte composé tout de même très largement de fins granulatsgranulats.
Goudron ou bitume, des produits à fort impact
Si le bitume a remplacé le goudron, c'est parce que ce dernier contient nombre d'hydrocarbures aromatiqueshydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), notamment. Il est classé cancérigène et en France, on ne l'utilise plus depuis plusieurs décennies déjà. Le bitume contient aussi des HAP. En quantités toutefois bien plus faibles. Et selon les experts, ils ne seraient pas biodisponibles. Comprenez que ces molécules cancérigènes restent piégées par la viscositéviscosité importante du produit. Des études montrent cependant comment des composés dangereux peuvent être diffusés lentement après applicationapplication sur les routes. De manière même très marquée les jours de fortes chaleurschaleurs. Des particules fines qui viennent ajouter à la pollution de l'airair et dont l'impact sur la santé est prouvé.
L'utilisation du bitume continue de poser d'autres questions quant à sa durabilitédurabilité. D'autant que le marché se développe dans des pays en forte croissance comme la Chine ou le Brésil. Et que le procédé de fabrication fortement consommateur d'une énergie fossileénergie fossile n'a longtemps pas trop évolué.
Lorsque des sables bitumineux sont transformés pour obtenir le bitume, l'extraction en elle-même est souvent à l'origine d'atteintes aux écosystèmesécosystèmes. Des forêts rasées et des sols endommagés. Et en cours de production, les sources de pollution sont nombreuses. Le processus est à l'origine d'émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre (GES), mais aussi d'autres polluants de l'atmosphèreatmosphère comme le dioxyde de soufresoufre ou les oxydes d'azoteoxydes d'azote.
La production de sables bitumineuxsables bitumineux consomme aussi pas mal d'eau douce. Un risque pour les écosystèmes qui en vivent. Et même pour les populations locales. Mais aussi plus tard, pour les risques de fuite présentés par cette eau polluée dans l'opération par diverses substances chimiques de type benzènebenzène ou mercuremercure et stockées dans d'immenses bassins.
Des mesures pour améliorer le bilan du bitume
Au fil des années, des mesures ont été imaginées pour limiter l'impact sur l'Homme et sur l'environnement de la production de bitume. Certains pays ont mis en place des limites quant aux quantités d'eau prélevables dans l'écosystème. Et une grande partie de cette eau est aujourd'hui réutilisée pour le traitement des sables bitumineux.
Les professionnels expliquent aussi qu'ils travaillent notamment au recyclagerecyclage du bitume. Pour limiter un peu son impact environnemental. Des agrégats issus d'anciennes routes peuvent désormais servir à produire de nouveaux liants bitumeux. Une manière aussi d'économiser des granulats issus des carrières.
Les professionnels développent également des goudrons - non, plutôt des bitumes - susceptibles d'être mis en œuvre, notamment, à des températures plus basses. Passant par exemple de 160 à 120 °C. Avec dans l'idée d'économiser de l'énergie dans le processus, et donc moins d'émissions de dioxyde de carbone (CO2). Et de promettre aux ouvriers, de meilleures conditions de travail. Grâce à des dégagements de fumées largement réduits.
Vers des goudrons plus verts ?
Certains essaient d'aller plus loin encore. Ils testent des goudrons végétaux. Fini le pétrole. Place aux huiles végétales produites à partir de ressources locales. Du pin, essentiellement.
Et il y a aussi des solutions encore plus innovantes, qui comptent, par exemple, sur un bras robotisé qui tisse un fil au travers de granulats pour les maintenir ensemble, remplaçant le liant bitumeux.
D'autres travaillent à optimiser les propriétés des goudrons - des bitumes, dans ce cas. Ils ont recours à des granulats clairs pour mieux réfléchir la lumièrelumière et éviter ainsi la formation d'îlots de chaleur urbains. Ils explorent aussi les atouts de la porositéporosité des granulats pour favoriser la rétention de l'eau et son évaporation. Toujours pour aider au rafraîchissement des routes lors des fortes chaleurs. Avec pour effet collatéralcollatéral intéressant, la réduction des nuisancesnuisances sonores.
Le tout ne devant pas faire oublier que l'artificialisation galopante des sols n'est jamais une bonne nouvelle pour la planète.