Le marron et la châtaigne sont souvent confondus ; certes, ils se ressemblent, mais pour les botanistes, ils sont produits par des espèces différentes. Toutefois, dans le langage courant, les termes sont synonymes. Et pour compliquer le tableau, il ne faudrait pas confondre châtaigne sauvage et de culture. Quelques explications s’imposent.

À Noël, on mange de la dinde aux marrons. Le reste de l'année, on peut déguster de la crème de marrons, des marrons chauds, ou pourquoi pas des marrons glacés. Pourtant, au sens botanique du terme, ce fruit n'est pas comestible. Ainsi, ce que l'on appelle communément « marron » dans la langue française est en réalité une grosse châtaigne qui ne possède qu'un seul gros fruit.

Marron, châtaigne, quelles différences ? 

Du point de vue du botaniste, la châtaigne est le fruit du châtaignier (Castanea sativa), un arbre de la même famille que les chênes et les hêtres, les Fagaceae. Le marron d'Inde, lui, est la graine du seul marronnier existant en France (Aesculus hippocastanum), ces magnifiques arbres qui ornent les jardins publics, les parcs, les allées et les cours d'école. 

Si les fruits se ressemblent, les feuilles, les fleurs et les bourgeons diffèrent. Le châtaignier, qui représente 10 % de nos forêts de feuillus, a des fleurs unisexuées, tandis que chez le marronnier d'Inde, les fleurs sont hermaphrodites et une fois fécondées, elles évoluent en un gros fruit dont la bogue est pourvue de petits pics bien espacés et renferme un marron bien rond. De son côté, la fleur de châtaignier fécondée se développe en fruit sec, dont la bogue  est impossible à prendre en main en raison des nombreux et longs piquants, elle contient en général deux ou trois fruits, triangulaires et un peu aplatis.

Châtaignes de la Corse. © Pierre Bona, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
Châtaignes de la Corse. © Pierre Bona, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

Le marron, une grosse châtaigne cultivée

Dans le langage courant, le terme « marron » désigne une variété de châtaignes cultivée par les castanéiculteurs. Les bogues ne contiennent alors qu'un seul fruit. C'est une version modifiée par l'Homme de la châtaigne sauvage ; des pollens de châtaigniers (et de chêne) ont été trouvés en France, datant de la fin du miocène (environ 5 millions d'années). La dernière glaciation (- 10 000 ans) les a repoussés vers le sud de la France et vers la Corse où le châtaignier s'était réfugié.

De délicieuses pâtisseries sont cuisinées avec sa farine. Pourtant, la châtaigne a longtemps été considérée comme la nourriture de base du pauvre, et pour cette raison, était nommée « arbre à pain » ; elle était même donnée en nourriture aux cochons.

Le saviez-vous ?

Attention ! Le fruit du marronnier est toxique, pouvant entraîner des troubles digestifs, comme des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, ou quelques irritations après l'avoir ingéré. Parmi toutes les confusions possibles, les centres anti-poison classent le duo marron-châtaigne au deuxième rang, derrière la première qui concerne les plantes à bulbes, comme les narcisses ou les muscaris dont le petit bulbe est pris pour un oignon, un fait constaté chaque année par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation.

Illustration de la bannière SIEHE AUCHSIEHE AUCH

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Le chêne d’Henri IV dans le Tar-et-Garonne

Dans les traditions populaires, on retrouve souvent nos vieux arbres comme compagnons provisoires d'un héros de l'histoire de France. Saint Louis rendait la justice sous un chêne, Jeanne d'Arc priait près d'un tilleul et Napoléon observait les champs de bataille depuis des points de vue ornés d'un grand arbre servant de repère. Près de la commune de Merles, dans le Tarn-et-Garonne, une fontaine abreuva en 1579 le bon roi Henri IV, de passage sur ces terres. Le gros chêne, qui domine le site, accueillit-il le Vert-Galant pour un repos réparateur, on peut l'imaginer. Toujours est-il que le chêne est depuis longtemps appelé au pays le chêne d'Henri IV.

Cet arbre est un chêne pédonculé, appartenant à la famille des Fagacées, présent dans tout l'hémisphère Nord mais préférant les altitudes inférieures à 1.300 mètres. Ce Quercus robur, chêne robuste, peut dépasser les 40 mètres de hauteur et son envergure est tout aussi impressionnante. Il vit gaillardement jusqu'à 500 ans et peut atteindre le millénaire. Le bois de chêne est un matériau majeur dont les qualités sont remarquables en charpenterie, en menuiserie, en tonnellerie ; évidemment, il est incontournable en ébénisterie. C'est un bois de cheminée qui chauffe bien et se consume lentement. Ses fruits, les glands, nourrissent les cochons et les sangliers. Autrefois, les tanneries récupéraient les écorces pour le tannage du cuir. Enfin, la sciure de chêne a fait les beaux jours de l'industrie papetière.

© Georges Feterman, Futura