La saison de chasse est ouverte et apporte avec elle son lot de débats et questionnements : sécurité, éthique, biodiversité... l'occasion de faire un point sur les espèces les plus chassées en France.


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    La chasse en France n'a pas fini de passionner. Perçue par certains comme une tradition nécessaire pour réguler les populations d'animaux sauvages et prévenir les dégâts agricoles, elle est toutefois critiquée pour son impact sur la faune et l'éthique de la mise à mort des animaux. Les opposants dénoncent une activité qui, loin d'être indispensable, pourrait être remplacée par des solutions plus naturelles ou non létales, comme la protection des prédateurs ou la stérilisation. Au cœur de cette controverse, la gestion des espèces chassées repose sur des études scientifiques visant à équilibrer l'exploitation et la conservation des ressources fauniques​. Mais au fait, quels animaux sont les plus plébiscités par les chasseurs ?

    Les 5 animaux les plus chassés

    En première position, on retrouve le pigeon ramier. Ce gibier est largement chassé en France, avec environ 5 millions d'individus prélevés chaque année. Très adaptable, il prospère aussi bien dans les zones rurales que dans les villes, ce qui contribue à la popularité de sa chasse​.

    Juste derrière lui, le faisan commun : bien que beaucoup soient issus d'élevages, environ 3,5 millions de faisans sont chassés chaque année. La gestion de cette espèce repose essentiellement sur le relâcher de spécimens pour maintenir les effectifs​.

    A la troisième place, le lapin de garenne : Autrefois omniprésent, le lapin de garenne a vu ses populations diminuer drastiquement en raison de maladies comme la myxomatose et la maladie virale hémorragique (VHD). Pourtant, environ 1,5 million de lapins sont encore chassés chaque année​.

    Au pied du podium, la grive musicienne, qui fait partie des oiseaux migrateurs prisés des chasseurs, avec des prélèvements estimés à environ 1,2 million d'oiseaux par an. Les populations sont suivies de près pour éviter un déclin trop rapide​.

    Enfin, comme le faisan, la perdrix rouge, souvent issue de lâchers. Environ 2 millions d'individus sont prélevés annuellement, mais les populations naturelles de cette espèce déclinent en raison de la dégradation de leur habitat​.

    Quid du grand gibier ?

    Ce classement vous étonne ? C'est bien normal, ces proies sont autrement moins célèbre que le grand gibier, qui occupe une place particulière dans la chasse française mais souffre... du manque de données sur les populations ! Parmi les espèces les plus chassées, on trouve le sanglier, dont la population a explosé ces dernières années, avec environ 800 000 individus abattus chaque saison. Une augmentation liée à la réduction des prédateurs naturels, à la multiplication des cultures agricoles qui leur fournissent de la nourriture et aux changements dans les pratiques de chasse. Le cerf élaphe, autre espèce emblématique, voit environ 70 000 spécimens chassés chaque année, principalement pour prévenir les dégâts forestiers et agricoles​.

    Cependant, si les chiffres concernant le sangliersanglier et le cerf sont relativement bien documentés, d'autres grands mammifèresmammifères comme le chevreuilchevreuil, le renard ou le chamoischamois font l'objet de suivis moins réguliers. Ce manque de données fiables sur le long terme complique la gestion adaptative des populations de grands gibiers. En effet, sans une estimation précise des effectifs et des prélèvements, il est plus difficile d'adapter les quotas de chasse pour éviter la surpopulation ou, à l'inverse, l'appauvrissement des espèces​.

    Les tableaux de chasse en France sont établis par des enquêtes nationales, mais leur régularité et leur précision laissent à désirer. La dernière enquête exhaustive remonte à la saison 2013-2014 ! et les estimations sont parfois biaisées par des taux de réponse insuffisants des chasseurs. De plus, ces enquêtes ne couvrent pas toujours toutes les espèces, en particulier les espèces migratrices, qui nécessitent une gestion concertée à l'échelle européenne. Un manque de données fiables et régulières qui entrave une gestion durable des espèces et empêche d'évaluer précisément l'impact de la chasse sur les populations animales​.

    La chasse, tradition nécessaire... vraiment ?

    L'un des principaux arguments avancés en faveur de la chasse est son rôle prétendu dans la régulation des populations animales, notamment des espèces nuisibles. Les partisans de la chasse affirment qu'en l'absence de régulation par les chasseurs, certaines espèces pourraient proliférer de manière incontrôlée, entraînant des dégâts considérables aux cultures agricoles, augmentant les collisions routières, et perturbant les écosystèmesécosystèmes locaux. Le sanglier est souvent cité comme exemple.

    Cependant, cet argument est remis en cause par de nombreux scientifiques et écologuesécologues qui avancent que certaines pratiques de chasse, comme le nourrissage artificiel des animaux et les lâchers de gibiers d'élevage, augmentent artificiellement la prolifération des espèces, notamment celle du sanglier (toujours lui), ce qui légitime la chasse. En ce sens, cette pratique, loin de réduire la surpopulation, contribuerait plutôt à l'amplifier et à perturber les dynamiques naturelles des populations animales !

    Les scientifiques proposent d'autres moyens : par exemple, la réintroduction et la protection des prédateurs naturels comme le loup ou le lynx pourraient permettre de réguler certaines populations sans intervention humaine directe. Cette approche repose sur l'idée que les écosystèmes, laissés à eux-mêmes, peuvent retrouver un équilibre naturel. D'autres méthodes non létales sont aussi évoquées, comme la stérilisation des animaux ou le recours à des répulsifs pour protéger les cultures agricoles.