Chacun chez soi et les grenouilles seront bien gardées ! Le terme « batracien » a longtemps eu sa place dans le monde de la biologie, mais a perdu de sa superbe avec l'émergence de la classification moderne, même s'il reste d'usage dans le langage courant. On vous explique.

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    Le terme batracien tire ses racines du grec ancien batrakhos, qui signifie « grenouille ». Il fut utilisé pendant de nombreuses années pour désigner l'ensemble des amphibiens, un groupe d'animaux vertébrés au mode de vie caractérisé par une phase aquatique suivie d'une phase terrestre. Si ce nom est demeuré commun dans le langage populaire, il est toutefois obsolète dans le domaine scientifique.

    Le crapaud est-il le mâle de la grenouille ? Le toucher cause-t-il des verrues ? Les réponses à ces questions sont dans Bêtes de Science. © Futura

    La faute à la classification moderne des espèces, qui a permis de découvrir et de répertorier d'autres ordres d'amphibiens... Or, le terme batracien se concentrait principalement sur les grenouilles, crapauds, salamandres et tritonstritons, et excluait un ordre d'amphibiens important : les Gymnophiones, rendant la distinction insuffisante.

    Aujourd'hui, les amphibiens sont divisés en trois grands ordres :

    • Les Anoures : Cet ordre comprend les grenouilles, crapauds et rainettes. Ils représentent environ 90 % des espèces d'amphibiens, avec près de 8 000 espèces. Ces animaux sont dépourvus de queue à l'âge adulte et sont principalement connus pour leur saut puissant, leurs pattes postérieures musclées, et leurs chants, utilisés pour attirer les partenaires durant la période de reproduction.
    • Les Urodèles : Ce groupe regroupe les salamandres et tritons. Contrairement aux Anoures, les Urodèles conservent leur queue à l'âge adulte. Ils mènent souvent une vie discrète et sont principalement terrestres ou semi-aquatiques. Leur nombre est beaucoup plus restreint, avec environ 700 espèces répertoriées.
    • Les Gymnophiones (ou cécilies) : Moins connus du grand public, les Gymnophiones sont des amphibiens sans pattes qui ressemblent à de grands vers ou à des serpents. On les trouve principalement dans les régions tropicales, où ils se sont adaptés à un mode de vie fouisseur, passant la majorité de leur temps enfouis dans le sol.

    « Batracien » est l'ancien terme des amphibiens, mis à l'index car excluant un des trois ordres d'amphibiens. © SolitaryDan, Reddit via giphy

    La double-vie des amphibiens

    En bref, tous les batraciens sont des amphibiens, mais tous les amphibiens ne sont pas des batraciens ! De manière générale, les amphibiens partagent plusieurs caractéristiques distinctives. Ils sont tous des vertébrés sans écailles ni poils, avec une peau nue, souvent fine et humide. Leur peau, très vascularisée, joue un rôle crucial dans leur respiration. En plus de leurs poumonspoumons, de nombreuses espèces d'amphibiens complètent leur respiration grâce à cet organe, surtout lorsqu'ils sont immergés dans l'eau.

    La grande majorité des amphibiens passent par une phase larvaire dans l'eau, où ils respirent à l'aide de branchies. À ce stade, ils sont communément appelés têtards. En grandissant, ils subissent une métamorphosemétamorphose : ils développent des pattes, des poumons, et leur mode de vie devient terrestre. Cette transition entre deux habitats est à l'origine de leur nom amphibien, issu du grec amphi (double) et bios (vie), faisant référence à leur vie à la fois aquatique et terrestre.

    En plus de leur cycle de vie complexe, les amphibiens sont des animaux poïkilothermespoïkilothermes, c'est-à-dire que leur température corporelletempérature corporelle varie en fonction de leur environnement. Ci-dessous, une vidéo Typhlonectes natans, qui est un amphibien, mais pas un batracien !

    Les batraciens, des amphibiens comme les autres

    Les batraciens, qui forment un sous-groupe des amphibiens, partagent toutes les caractéristiques des amphibiens, mais se distinguent par quelques particularités propres à leur groupe. Par exemple, les Anoures (grenouilles et crapauds) perdent leur queue en atteignant l'âge adulte, une différence majeure avec les Urodèles (salamandres et tritons), qui conservent leur queue tout au long de leur vie. De plus, les Anoures sont particulièrement connus pour leurs chants, qui jouent un rôle clé dans la reproduction. Les mâles chantent pour attirer les femelles, notamment durant les périodes chaudes de l'année.

    Les batraciens, comme les amphibiens en général, ont une peau riche en glandesglandes. Ces glandes produisent des sécrétionssécrétions permettant à leur peau de rester humide, même en dehors de l'eau, ce qui est crucial pour leur survie terrestre. Certaines de ces glandes sécrètent également des toxinestoxines pour se protéger des prédateurs, bien qu'elles soient inoffensives pour l'humain dans la majorité des cas. Chez les Urodèles, certaines espèces développent une nageoire au niveau de la queue pour faciliter leurs déplacements en milieu aquatique durant la saisonsaison de reproduction.

    Enfin, les batraciens possèdent tous un squelette adapté à leur mode de vie : les Anoures, par exemple, ont des pattes postérieures puissantes, leur permettant de faire des sauts spectaculaires, quand les Urodèles, plus discrets, sont dotés d'un corps allongé qui leur permet de se mouvoir efficacement sur terreterre et dans l'eau.

    En bref, s'ils ne sont pas à confondre, amphibiens comme batraciens demeure des animaux fascinants, héritiers de millions d'années d'évolution, et continuent de captiver par leur biologie unique, leur mode de vie partagé entre l'eau et la terre, ainsi que leur rôle crucial dans les écosystèmes où ils vivent.