Difficile de donner un âge à ce vieux genévrier, perdu dans la garrigue du pays des Corbières. Quand il vit le jour, il y a plusieurs siècles, le paysage devait être bien différent autour de lui. La « patte » de l'homme marquait beaucoup plus les paysages ruraux, dans lesquels chaque parcelle était cultivée. Il y a désormais moins de monde dans les campagnes, et le vieux cade pourrait le raconter. Il cache son tronc tourmenté au milieu des garrigues, prospérant sur un sol maigre et calcaire. Selon les anciens du village, il doit sa forme toute tordue à la neige qui, par son poids, fit rompre la partie supérieure du tronc. Après cette pesante épreuve, l'ancêtre reprit sa croissance de plus belle, en changeant de direction, anticipant peut-être d'autres catastrophes. En 2016, il fut désigné « arbre de l'année » pour le département de l'Aude à l'issue d'un concours local.

Le cade (Juniperus oxycedrus) ou genévrier cade est présent dans les zones méditerranéennes, il est caractéristique de la garrigue provençale et du maquis. Il se plait dans les terres rocailleuses et arides, calcaires et acides. Rustique, l'arbrisseau peut atteindre des hauteurs de 14 mètres mais, généralement, il se contente de dimensions plus modestes.

Ses fruits sont des baies appréciées pour la fabrication des alcools. Le bois de cade est réputé pour sa dureté et pour être quasiment imputrescible. Il est aussi travaillé en tournerie (tournage sur bois) qui révèle ses veines. Il est utilisé pour la fabrication des becs de flûte. Le cade exhale un parfum typique et était autrefois utilisé pour ses propriétés cicatrisantes, antiseptiques et désinfectantes. L'huile essentielle de cade est utilisée en aromathérapie.

© Georges Feterman, Futura