Ce gros batracien au corps gonflé, avec une tête disproportionnée, plus petite et terminée par un minuscule museau pointu, se nomme Nasikabatrachus sahyadrensis. Les Anglophones l'appellent assez justement « grenouille violette » (purple frog). Son nom scientifique dérive du mot « nez » en sanskrit, de « grenouille » en grec, et enfin de « Sahyadrī », l'autre nom des Ghats occidentaux, les montagnes dans l'ouest de l'Inde qui constituent son habitat. C'est une grenouille fouisseuse, qui ne pointe « le bout de son nez » dehors que pendant une poignée de semaines à l'arrivée des moussons pour se reproduire. Les narines sont en fait situées au sommet de la tête, plus proche des yeux que du museau. Il mesure de 5 à 9 centimètres. Les femelles sont environ trois fois plus grosses que les mâles. Elles produisent quelque 3 000 œufs, qui se transforment en têtards 100 jours plus tard. Connu depuis longtemps par les populations locales, mais découvert officiellement en 2003 par les biologistes Franky Bossut et Sathyabhama Das Biju (respectivement belge et indien), Nasikabatrachus sahyadrensis est une espèce endémique de l'Inde. Il est apparenté aux Sooglossidae ou grenouilles des Seychelles, dont il aurait divergé il y a 100 millions d'années lors de la séparation de l'archipel et de l'Inde. Il vit exclusivement dans les Ghats occidentaux, un point chaud de biodiversité, où il est menacé par la déforestation et l'urbanisation (construction de barrages, de routes). © Karthickbala CC-by-sa-3.0 + music4life CCO