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Lorsque l'on a la chance de travailler dans la nature et d’observer les animaux, il y a toujours une très fine frontière ou se mélange l’esprit cartésien aux fantasmes mystiques du naturaliste. Les émotions sont parfois les moteurs d’interprétations irrationnelles où laisse transparaître l’anthropomorphisme. Contempler la beauté du monde sous-marin et de ses animaux les plus redoutés, les requins, m’a ouvert les yeux sur la nécessité de parler en leur nom pour les protéger. En informant, en sensibilisant, Futura remplit une mission, celle d’apporter les clés pour comprendre, outils essentiels pour choisir et s’engager, et ensemble, œuvrer pour que notre unique lieu de vie puisse perdurer, pas seulement pour des générations futures lointaines, mais surtout pour celles de nos enfants si proches.
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Découvrez sa
Biographie
Né en banlieue parisienne en 1988, Steven Surina est expatrié en Egypte depuis 2002. Plongeur depuis l'âge de six ans, il grandi dans un club de plongée tenu par sa famille grâce auquel il sillonne la mer Rougemer Rouge jusqu'aux portesportes de Djibouti en passant par le Soudan, l'Erythrée et l'Arabie Saoudite. Il parcourt le monde pour parfaire son expérience et plonge plus de 500 fois par an avec les requins depuis 2008.
Ses différents voyages à travers des milliers de plongées en compagnie des requins vont le conduire à étudier leurs comportements. Le compteur inclut des dizaines de plongées hors cage avec le grand requin blancgrand requin blanc, des centaines d'heures passées au côté des requins-tigrestigres et des requins-bouledogues, et plus d'un millier d'immersions au contact quotidien du requin-océanique.
MoniteurMoniteur de plongée, fondateur et responsable de « Shark Education », il se spécialiste dans l'éthologieéthologie des requins, l'interaction possible entre les plongeurs et les squales, et est très actif dans la conservation via la connaissance et l'écotourismeécotourisme-requin.
Pour partager son expérience, il propose des voyages à thème à la rencontre des requins sur une quinzaine de destinations dans le monde (Egypte, Soudan, Djibouti, Maldives, Philippines, Mozambique, Afrique du Sud, Bahamas, Mexique etc.) et organise des conférences et séminaires régulièrement en Métropole.
Avec « Shark Education », Steven travaille en partenariat avec des scientifiques et experts du monde entier et collabore également avec divers organismes, comme avec le Bimini SharkLab aux Bahamas, Ichtoconsult de l'IRDIRD, Saving our Sharks au Mexique ou sur le suivi des populations de requins du Soudan en ayant rejoint le réseau « Divers Aware of Sharks » de la Cousteau Society.
Steven est l'un des rares plongeurs français à avoir pratiqué l'immobilité tonique sur plusieurs espècesespèces de requins en milieu naturel grâce à diverses techniques afin de leur retirer les hameçons.
Scientifique en devenir, il mène également ses propres recherches en suivant un diplôme EPHE soutenu par le Dr Clua.
Steven a publié trois ouvrages sur l'interaction homme-requin :
En 2016, il propose les premières fiches d'étude du comportement des requins de mer Rouge et océan Indien et, avec le Dr Seret en 2017, crée la première Charte International de l'écotourisme requin responsable.
Il participe en 2018 au tournage de Shark Wave, un documentaire produit par Patrick Metzlé où il amène le célèbre réalisateur français Jan Kounen, plonger avec les requins-océaniques de mer Rouge. En 2019, dans le film « Au Nom Du Requin » commandé par le Salon International de La Plongée Sous-Marine, il amène François Sarano plonger au côté des requins-bouledogues de Playa DelDel Carmen au Mexique.
Steven a parrainé et représenté la thématique de la « Nouvelle génération de plongeurs » au cours du 22 ème Salon de la Plongée.
Découvrez son
métier
Je suis moniteur de plongée sous-marine, vidéaste sous-marin, conférencier et guide naturaliste. Avec mon organisme « Shark Education », fondé en 2011, j’accompagne des groupes de plongeurs à la rencontre des requins du monde entier lors des voyages thématiques.
L’objectif
Démontrer qu’il est possible d’interagir avec les requins, promouvoir un écotourisme responsable et surtout, former des plongeurs à la préservation des requins en les convertissant en ambassadeurs.
Comment ?
En démystifiant les idées reçues, en offrant une vision nouvelle de la plongée avec les requins, alliant pratique et théorie grâce à des conférences journalières présentées durant les séjours.
Pourquoi ?
J’ai grandi dans une famille de plongeurs. A l’âge de 5 ans, je découvre les requins dans un documentaire du commandant Cousteau sur les requins-blancs. Cela me terrifie autant que cela me fascine. Au fil du temps, la peur et la curiosité sont devenues un curieux mélange d’émotions qui ont développé ma véritable passion pour les requins. Dès que j’ai eu la possibilité d’accéder à leur environnement, ma seule et unique motivation était de les rencontrer. J’ai eu cette chance dès l’âge de 9 ans. L’excitation et l’extase, je dirais même l’admiration, l’émerveillement, l’enthousiasme et la « transe » dans laquelle me mettait chaque rencontre était hallucinante !
Pourtant, devenir plongeur professionnel avec pour vocation la protection des requins n’était pas ma destinée initiale… En grandissant, c’est la méconnaissance des plongeurs sur ce groupe d’animaux qui m’interpella ! Il était plus facile de mettre en fuite les requins que de les attirer. Ce que je retenais de mes rencontres était la maladresse des humains sur le territoire des requins. Ils n’avaient pas les bons codes de conduite, du coup, les interactions entre les hommes et les squales restaient pour la plupart furtives.
Au milieu de canal du Mozambique, à Ponta Do Ouro, évolue une communauté d'une cinquantaine de requins-bouledogues. Steven y plonge depuis 2011 et y amène des groupes de plongeurs pour démystifier la mauvaise image de cette espèce très controversée notamment liée aux incidents sur l'île de la Réunion. © Sylvie Ayer, tous droits réservés
En parallèle, mes études n’étaient pas vraiment une réussite donc j’avais besoin de m’émanciper rapidement. C’est à 18 ans que je deviens moniteur de plongée sur des croisières en Égypte. Une opportunité qui m’a permis d’être régulièrement au contact des requins afin de les étudier.
Avec le temps, l’expérience et l’enrichissement de partager mon quotidien avec eux, la nécessité de montrer les requins sous un autre angle que celui d’un animal dangereux était devenu indispensable. Nettement inspiré par le film « Shark Water » (2006) de Rob Stewart, la genèse de Shark Education prenait forme.
Comment aider les requins tout en mêlant protection et rencontres sous-marine ?
La réponse qui correspondit le plus à mes principes fut que grâce à la conservation par l’éducation et l’interaction on pouvait avancer positivement, ce fut les piliers fondateurs de Shark Education.
Avec la naissance grandissante de l’écotourisme, il était devenu pour moi évident que mon engagement devait inciter un maximum de personnes à rencontrer ces animaux, en découvrant de nouvelles méthodes d’observation alliant à la fois la théorie et pratique. Il y a pour moi deux types d’écologistes : les passifs et les actifs. J’ose croire que lorsque quelqu'un est ému par un cadeau de mère Nature, il ne se pose plus la question de savoir s'il faut agir ou non pour la protéger, car l’envie de partager avec les autres et avec les générations futures surpasse les plus forts engagements écologiques.Lorsqu’un requin s’approche de vous, et vous accorde 30 secondes ou 30 minutes de sont temps, il vous observe, il s’interroge à votre sujet et tente peut-être de communiquer avec vous. Cet immense cadeau que vous fait cet animal sauvage, indompté, vous rappelle qu’en terme de comparaison vivre une telle interaction avec un prédateur terrestre serait impossible. J'aime plonger avec les requins, car on ne peut pas tricher. C'est toujours au moment où on s'y attend le moins qu'ils vous remettent à votre place et vous renvoient au visage cette arrogance propre à l'humanité. L'effet miroir est immédiat et les seuls mots qui vous viennent à l'esprit sont le respect, l’amour et humilité.
Tout ce que j’ai aujourd’hui, tout ce qui a façonné ma personnalité, tout ce qui me permet de vivre, je le dois aux requins. Sans eux, je ne pourrais pas avoir le mode de vie que j’ai à ce jour. Tenter de les protéger à mon échelle est plus qu’un engagement, c’est une nécessité, un besoin. A une plus grande échelle, c’est le salut de la vie sur Terre qui en dépend. Faire le Colibri (légende amérindienne) reste toujours plus efficace que de ne pas agir… Les choses n’empirent pas à cause des gens qui font du mal, mais à cause de ceux qui ne font rien.
Constats/Déceptions
Aujourd’hui, les requins sont devenus un phénomène à la mode. Toujours craints des hommes, ils inspirent pourtant une nouvelle fascination.
Grâce aux réseaux-sociaux, chaînes de télévision ou aux personnalités médiatiques sensibilisées, de plus en plus de gens contribuent à redorer le blason de ce vieil ennemi qu’est le requin.
Steven a travaillé aux Bahamas en 2015. À cette occasion, il a cumulé des rencontres incroyables avec les grands requins-marteaux (Sphyrna mokarran) sur l’île de Bimini. Grâce à leur tête en forme de marteau, ces requins sont extrêmement hydrodynamique et peuvent effectuer des rotations à 360° sur le même axe sans bouger d’un cm ! © Greg Lecoeur, tous droits réservés
Des pays ont décidés de les protéger en créant des sanctuaires. La Science s’y intéresse de plus en plus, et les requins se sont finalement transformés en juteux business et attraction à touristes. L’engouement populaire autour de ces soit-disant « mangeurs d’homme » a prit un revers qui, probablement lié à leur précoce disparition, a finalement changer les mentalités sur l’intérêt de les préserver. C’est une bonne chose de vouloir changer cette image de monstre même si des dérives sont observés. Il ne faut pas oublier que les requins restent des prédateurs sauvages, imprévisibles. S’immerger à leurs côtés est accessible à tous, mais accompagné par des professionnels et en respectant des consignes de sécurité strictes. L’océan ne doit surtout pas se transformer en zoo où les requins deviennent des phénomènes de foire.
Je suis heureux de voir que le « combat » ne se mène pas seul et que cet enthousiasme touche toutes les générations, mais je suis déçu d’observer certaines pratiques portés à l’extrême ou certaines images totalement déformées de la réalité …
Espoirs
Il est vrai que la disparition des requins est de plus en plus flagrante mais j’ai eu la chance d’être le témoin de peu de changements sur la quantité/densité d’animaux observés. Les populations de squales vivants dans les zones où j’ai l’habitude de plonger me semble moins touchées par la pêche, même pour les animaux migrateurs. Évidemment il y a certaines régions ou certaines saisons qui sont moins bonnes et prolifiques que d’autres au fil du temps, mais je n’ai jamais eu la malchance de constater une disparition significative ou progressive dans les zones où j’ai pu plonger. Ce qui en vingt ans est plutôt encourageant.
En plus de la prise de conscience sur la nécessité de défendre les requins, de plus en plus d'initiatives sont mises en place, même si certaines me semblent bien tardives, pour la conservation de certaines espèces en danger d’extinction. Même si le chemin est encore long et que les objectifs de préservation sont encore insuffisants, le constat me paraît moins dramatique que dans les années 2000. Mais il ne faut surtout pas perdre à l’esprit que la ressource n’est pas inépuisable, que la situation reste critique et que l’urgence est absolue.
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