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L’écologie, c’est la science qui étudie les interactions entre les espèces et en d’autres termes, c’est la science du lien. Partager, transmettre, faire découvrir la science et donner accès aux connaissances, c’est créer des liens… en cela Futura a une place de choix dans notre écosystème scientifique !
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Biographie
La recherche est une aventure fascinante et utile. C'est avant tout un métier de passion, comment, sinon, serions-nous capables de braver le froid, la neige, des inondationsinondations, des feux de forêt, ou des typhonstyphons, si ce n'est par passion et un petit brin de folie ?
Quand je fais de la recherche, j'ai l'impression de mener une enquête. Ce qui m'anime c'est la curiosité, percer les mystères de la vie et de la nature, formuler des hypothèses et être surprise quand ces dernières ne se réalisent pas. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il faut savoir se laisser guider par son intuition, voire ses émotions, avant d'appliquer par-dessus une bonne couche de rigueur scientifique. Pour faire progresser la science, il faut savoir prendre des risques, oser la nouveauté, car sinon nous ne ferions que répéter ce qui a déjà été fait et c'est tout de suite moins intéressant. Mais ça implique aussi de savoir se dépasser et... se confronter à l'échec.
J'aime mon métier car il est très complet et on ne s'ennuie jamais. L'été, je parcours la montagne avec mon sac-à-dosdos pour collecter des échantillons de toute sorte dans les lacs d'altitude (eau, planctonplancton, microorganismesmicroorganismes, sédimentssédiments, biofilm). Dans la montagne, il m'arrive tout un tas d'aventures, parfois drôles, parfois moins drôles. Quand le terrain est terminé, nous analysons nos échantillons dans le laboratoire pour en retirer des données sur l'environnement et les communautés animales. Puis ces données sont passées à la moulinette des outils statistiques pour répondre à des questions précises. C'est l'heure de vérité. Nous écrivons ensuite des articles scientifiques en anglais pour expliquer nos résultats à la communauté scientifique internationale et nous présentons nos travaux dans des congrès scientifiques où nous en profitons pour discuter avec nos collaborateurs. Nous passons aussi beaucoup de temps à lire les travaux de nos collègues et à faire le lien avec nos propres idées et travaux.
Une partie de mon travail consiste aussi à transmettre des connaissances, d'abord aux étudiants que je prends en stage, mais aussi au public pour le sensibiliser à la perte de la biodiversitébiodiversité. A force de rencontrer des randonneurs dans la montagne et de répondre à leurs questions, je me suis rendue compte que cet aspect de mon métier est très important. Très peu de gens connaissent le rôle écologique des amphibiensamphibiens, car ce sont des animaux très discrets auxquels on porteporte peu d'attention. Quant aux montagnes, on les imagine préservées et sauvages donc on ne s'en inquiète pas.
Par ailleurs, les étudiants et le grand public ont souvent une vision idéalisée de la recherche, ils pensent qu'on formule une hypothèse et qu'il suffit de récolter des données ou de faire une expérience pour la vérifier. Ils ne se rendent pas compte de tout le processus, de nos doutes, de nos échecs. Ils croient que nous ne nous trompons jamais et que tout marche sur des roulettes, alors que nous travaillons avec le vivant et que nous ne sommes jamais au bout de nos surprises !
Comme la fois où je me suis retrouvée toute seule dans la montagne, dans le brouillardbrouillard, avec un âne qui ne voulait pas avancer et que j'avais trente litres d'eau d'un lac de montagne à aller chercher ! Ou bien celle où j'ai réanimé un triton palmétriton palmé, un tout petit amphibien qui ne pèse que deux grammes, sous les yeuxyeux ébahis de ma stagiaire. Dans les articles scientifiques, nous ne décrivons pas nos déboires, ni nos émotions, c'est très lisse (et parfois ennuyeux), alors que notre premier moteur c'est justement l'émotion, la joie de la découverte. C'est ce qui m'a poussé à écrire un livre destiné au grand public, un récit qui ne se prend pas au sérieux pour raconter les coulisses de la recherche scientifique, raconter un projet de bout en bout depuis la recherche de financements jusqu'à la publication des résultats, afin qu'on comprenne mieux ce qu'est notre métier et, pourquoi pas, susciter des vocations.
Mes futurs projets
Parce que les microorganismes sont à la base du fonctionnement des écosystèmesécosystèmes, notre équipe va s'attacher à examiner l'impact des changements environnementaux sur les microorganismes montagnards dans différents compartiments: dans l'eau des lacs, sur la peau des amphibiens et dans les biofilms. Tout un programme !
A découvrir
Le livre d'Adeline Loyau : « Les tribulations d'une scientifique en montagne » aux Editions Glénat.
Non, la vie des scientifiques en montagne n'est pas un long chemin tranquille !
Les amphibiens ont survécu aux quatre dernières grandes crises d'extinction qu'a connues la planète. Déployant des stratégies surprenantes, ils ont fait mieux que les dinosauresdinosaures ! Pourtant, il y a quelques années dans les Pyrénées, des populations entières d'amphibiens sont décimées. Le coupable ? Le chytride, un champignonchampignon tueur... Grenouilles, salamandres, tritons, quelles sont les espècesespèces touchées ? Comment peut-on lutter contre ce fléau ? D'où vient ce champignon primitif ? Quelles incidencesincidences sur les autres espèces - homme compris - cela a-t-il ? Autant de questions auxquelles va tenter de répondre une équipe de chercheurs dans ce récit digne des meilleurs polars.
Découvrez son
métier
Née en 1977 dans la Brie, je me passionne très tôt pour la nature, la montagne, la science et les animaux. Après avoir échoué au concours vétérinaire par deux fois, je m’oriente vers l’étude du comportement animal à travers un DEA de biologie du comportement, puis un doctorat en éco-éthologie, où j’explore l’évolution des comportements reproducteurs des oiseaux.
De plus en plus confrontée au déclin de la biodiversité, je me rends compte qu’on ne peut pas observer le comportement des animaux sauvages s’il n’y a plus d’animaux et je change de modèle pour les amphibiens, les vertébrés les plus menaces de la planète.
Aujourd’hui je m’estime incroyablement chanceuse de pouvoir concilier toutes mes passions en étant chercheuse au Laboratoire d’Ecologie Fonctionnelle et Environnement (LEFE) à Toulouse où j’étudie les écosystèmes de montagne et l’impact de l’environnement sur l’écologie des maladies de la faune sauvage.