Né en 1965 à Paris, Gilles Cuny a étudié les sciences naturelles et la paléontologiepaléontologie à l'Université Pierre et Marie CurieMarie Curie - Paris 6. Après une thèse de doctorat portant sur la crise biologiquecrise biologique de la limite TriasTrias-JurassiqueJurassique réalisé sous la direction d'Eric Buffetaut, Gilles a passé 5 ans comme chercheur postdoctoral à l'Université de Bristol en Angleterre, où il s'est spécialisé dans l'étude des requins fossilesfossiles et de leur histologiehistologie dentaire. Il a ensuite enseigné la paléontologie pendant 1 an à l'Université de Maha Sarakham en Thaïlande avant de prendre ses fonctions comme conservateur des collections de vertébrésvertébrés fossiles au musée géologique de Copenhague au Danemark, poste qu'il occupe toujours aujourd'hui.
Ses recherches actuelles portent notamment sur l'étude des faunesfaunes de requins fossiles du CrétacéCrétacé inférieur de Thaïlande et de Tunisie. Un autre grand axe de sa recherche concerne l'étude de l'émergenceémergence des néosélaciens au Trias et l'étude de l'histologie de l'émailloïde dentaire des requins. Son travail, basé essentiellement sur l'étude des microrestes de vertébrés (dents, écailles et petits os isolés), l'a également amené à s'intéresser à de nombreux autres groupes (poissonspoissons osseux, amphibiensamphibiens, reptilesreptiles, mammifèresmammifères primitifs) en collaboration avec de nombreux collègues, français et étrangers. Ses recherches sur le terrain l'ont conduit dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest, en Tunisie, à Madagascar, en chine et en Thaïlande.
Gilles est l'auteur d'une quarantaine d'articles scientifiques et d'une quinzaine d'articles destinés au grand public.
Le métier de paléontologue
La paléontologie est un métier qui peut se pratiquer sous diverses formes. On peut par exemple travailler en tant que chercheur dans un institut de recherche comme le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) en France. L'essentiel du travail consiste alors à mener des recherches sur les fossiles. On peut également travailler à l'Université comme enseignant-chercheur. En ce cas, le travail se partage entre une activité de recherche et une activité d'enseignement. Enfin, on peut être conservateur dans un musée. Dans ce dernier cas, le travail consiste à gérer les collections de fossiles du musée, créer des expositions pour le public, et mener sa propre recherche. Quelque soit le type de métier pratiqué, la paléontologie reste un métier extrêmement varié et passionnant, qui peut se présenter sous de nombreuses formes différentes. On fait souvent l'amalgame entre archéologues et paléontologues, ce qui conduit souvent à représenter le paléontologue comme une sorte d'Indiana Jones, plus aventurier que chercheur. A l'opposé de cette représentation, on imagine souvent le paléontologue enfermé dans des réserves poussiéreuses, mesurant sans relâche des morceaux de cailloux. La paléontologie est en fait un métier complexe aux multiples facettes, et qui tend encore à se diversifier avec l'apparition de nouvelles méthodes. Les deux images ci-dessous sont à la fois vrai et fausse. Schématiquement, la paléontologie peut se diviser en trois grandes parties : Le travail de terrain, le travail de laboratoire, et la publications des résultats.
Le terrain
Pour pouvoir étudier les fossiles, il faut d'abord les trouver, et c'est ici qu'intervient le travail de terrain. Bien souvent, cette partie de notre travail fait appel à la chance et à un bon réseau de collaborateurs. Nous sommes très souvent mis sur la trace d'une découverte importante par l'entremise d'une découverte fortuite d'un amateur ou d'un passant. C'est par exemple la découverte par deux étudiants de quelques morceaux d'os fossiles qui a permis la découverte dans la ville de Lons-le-Saunier de plusieurs centaines d'ossement du dinosaure Plateosaurus. Notre travail consiste alors a extraire les fossiles de leur gangue rocheuse en prenant soin de ne pas les endommager. Ce travail peut se faire dans des pays lointains, sur des sites parfois difficiles d'accès, ce qui certainement contribue à l'image « Indiana Jones » du paléontologue. Mais fort heureusement, que ce soit en Chine, à Madagascar, en Tunisie ou en Thaïlande, je n'ai jamais eu à mettre ma vie en danger pour effectuer mon travail, contrairement au célèbre aventurier.
Mais le travail de terrain peut également se présenter sous des formes différentes. Dans mon domaine de recherche, les requins fossiles, on étudie essentiellement des dents fossiles, parfois de très petite taille, inférieure au millimètre. Impossible en ce cas de détecter ces fossiles sur le terrain à l'œil nu. On collecte alors du sédiment, parfois en grande quantité, de l'ordre de la tonne, dans des strates que l'on sait fossilifères pour y avoir trouvés quelques fossiles de plus grandes tailles, pour le tamiser afin de récupérer les précieux microfossiles. Le tamisage peut se faire en partie sur le terrain, sur le bord d'une route, d'un étang ou dans une rivière (de l'eau est nécessaire pour les activités de tamisage). Activité moins évidente à comprendre pour le profane qui ne peut voir les fossiles recherchés, on passe souvent pour un doux dingue aux yeux des populations locales! Une fois le sédiment convenablement tamisé, et sa masse significativement réduite!, le résidu sera envoyé au laboratoire afin d'être trié sous loupe binoculaire pour récupérer les fossiles.
Un autre cas de figure est l'étude des empreintes de pas laissé par différents animaux fossiles. Elles peuvent se présenter sous formes de pistes de plusieurs dizaines de mètres qu'il est impossible de prélever intact. Le travail consiste alors à faire des relevés minutieux (photographies, dessins) et parfois des moulages de ces pistes.
Le laboratoire
Tout d'abord, il faut préparer les fossiles pour pouvoir les étudier, ce qui peut prendre de longs mois de préparation. Ensuite, il faut les identifier, et pour cela les comparer avec d'autres, ce qui nécessite parfois la visite de nombreuses collections de musées à travers le monde. Mais en plus de ce travail de base, de nombreuses autres techniques se développent pour que les fossiles nous révèlent tous leurs secrets : Analyse des microstructures en microscopie électronique pour comprendre comment se forme telle ou telle structure, analyse géochimique pour comprendre dans quelles conditions climatiques vivaient ces animaux, et bien d'autres. Ce travail de laboratoire présente donc de nombreuses facettes de plus en plus complexes qui obligent les paléontologues à travailler en équipe où chaque membre apporte sa propre spécialité et compétence.
Publication des résultats
Une fois le fossile préparé et soigneusement étudié, il est temps de publier les résultats, le plus souvent en anglais et dans une revue internationale. Ce travail de rédaction représente une part non négligeable de notre travail, car nous ne sommes évalués que sur la base de nos publications. Mais nous nous devons aussi de diffuser notre savoir au plus grand nombre, à travers notre enseignement, des livres et articles pour le grand public, des expositions pour les musées…et des articles pour Futura Sciences !