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La science est omniprésente dans les prémisses et les conquêtes de notre civilisation mais, paradoxalement, l’image des scientifiques que se forge aujourd’hui l’homme de la rue est plutôt –hélas- celle de gourous ou de cassandres. Car la science est désormais dérivée en technologie, en outil à produire des résultats plutôt qu’en méthode à accroitre et à consolider la connaissance. Un scientifique qui douterait ou pire qui dit qu’il ne sait pas ne serait-il d’aucune utilité à la société ? Par ailleurs, confiner le scientifique à l’état d’oracle signerait certainement la fin du progrès historique et le retour à l’obscurantisme. Il faut donc aujourd’hui réexpliquer la science comme une exploration du réel qui donne les raisons de décider du cap à suivre. Le rôle des politiques de l’éducation sera déterminant mais également celui des associations et de la société civile. Merci donc à Futura-Sciences et à toutes les initiatives parallèles qui permettent aux scientifiques d’apparaître à visage découvert et de parler au plus grand nombre avec des mots simples.
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Biographie
Né le 27 mai 1969 à Alger, Jean-Yves Reynaud est Docteur en GéologieGéologie (1996) de l'Université de Lille 1.
Il a débuté sa carrière comme géologuegéologue marin en faisant une thèse sur les bancs de sablesable et vallées sous-marines de la Manche, en collaboration avec l'Ifremer. Il s'est intéressé à la dynamique des accumulations sédimentaires contrôlées par les maréesmarées, ce qui l'a conduit a étudier sur le terrain des analogues anciens de ces dépôts, dans une perspective de géologie de réservoir.
Paralèllement, il s'intéresse depuis 1997 à la géologie des bassins sédimentairebassins sédimentaire en domaine montagneux, et depuis 2002 à la modélisationmodélisation stratigraphique appliquée à la compréhension de l'évolution des reliefs. Il collabore sur ce sujet avec l'Institut français du pétroleInstitut français du pétrole. Sur ce sujet il a participé à ou conduit des programmes de recherche en Grèce et en Nouvelle-Zélande.
Nommé Maître de ConférencesMaître de Conférences au Muséum national d'Histoire naturelleMuséum national d'Histoire naturelle en 1999, il est actuellement responsable des collections sédimentaires de cet établissement et a participé à plusieurs expositions qui y ont été produites. Il est actuellement rattaché à l'Institut des Sciences de la TerreTerre de Paris (iSTeP). Il enseigne la stratigraphie séquentielle à Paris et à Lille.
Secrétaire et rédacteur de la Société Géologique de France entre 2001 et 2004, il est depuis 2007 secrétaire exécutif de l'Année Internationale de la Planète Terre en France.
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métier
2) au laboratoire et en co-écriture avec des collègues (l’internet est pleinement exploité pour communiquer des fichiers de plus en plus nombreux et de plus en plus lourds), la rédaction du projet et sa soumission lors d’appels d’offre pour obtenir des crédits publics ou privés (se faire connaître, construire un réseau qui permet à une équipe d’être bien identifiée sur un créneau donné et par des financeurs spécifiques prend de nombreuses années)
3) au laboratoire, l’organisation administrative des opérations nécessaires à la réalisation du projet : le montage matériel des missions de terrain, l’obtention des autorisations administratives (ordres de mission, visas et accords bilatéraux pour des missions à l’étranger etc…), l’acquisition de l’équipement nécessaire (passer par des évaluations et des marchés contrôlés !), la préparation logistique…
4) en mission sur le terrain la réalisation des observations, l’installation et la mise en surveillance de l’instrumentation s’il y en a, le prélèvement, le conditionnement et l’envoi des éventuels échantillons etc… Et parfois des opérations protocolaires auprès des collègues et organismes partenaires sur place.
5) au laboratoire, de retour de mission, le dépouillement des données. Interviennent souvent à ce stade des étudiants (qui parfois étaient aussi sur le terrain) et parfois des vacataires, qu’il faut embaucher. Il faut distribuer le travail aux techniciens qui font tourner les appareils analytiques spécifiques et veiller à leur approvisionnement en consommables. De plus en plus, des ordinateurs sont présents à ce stade (modélisation), à côté des analyses chimiques ou des mesures physiques…
6) au laboratoire, la rédaction d’articles scientifiques et de rapports techniques qui feront valoir les résultats du projet et parfois serviront de base pour la rédaction d’un projet futur. Le travail est là aussi collectif, avec de nombreuses réunions de travail entre co-auteurs et l’intervention des ingénieurs et techniciens pour discuter des résultats analytiques.
7) en mission dans des congrès, la promotion active des résultats, qui donne également une visibilité à l’équipe et aux laboratoires qui ont réalisé le projet… Et la boucle est bouclée car c’est souvent dans les congrès qu’on fait des rencontres d’où sortent de nouvelles collaborations et de nouveaux projets. C’est généralement le travail sur le terrain qui intéresse le plus le public. « Que faites-vous sur le terrain ? ». Mais il n’y a pas de réponse-type ! J’ai par exemple participé à des missions sur des bateaux océanographiques, pour prélever des sédiments ou faire des enregistrements acoustiques du fond de la mer et des couches qui sont dessous. Mais j’ai également, pour d’autres projets, fait du terrain en zone montagneuse, avec pour seuls outils un marteau, des cartes, des jumelles et un carnet ! Le coût de ces deux types de missions est évidemment très différent… mais pas nécessairement l’intérêt scientifique, comme on le verra dans le dossier. Des activités administratives hors projet de recherche se greffent sur l’emploi du temps des scientifiques, et cela va croissant lorsqu’ils avancent dans la carrière. Il s’agit d’animer des équipes de recherche, de gérer des crédits communs, de participer à des commissions de spécialistes (pour les recrutements notamment) ou à des commissions d’audit. Pour certains, la carrière scientifique se prolonge par une carrière de décideur, dans les ministères de tutelle ou à la direction des organismes de recherche. Pour la plupart, il s’agit aussi de participer à la vie associative des sociétés savantes : être rédacteur d’un journal ou d’un magazine scientifique, écrire des rapports sur des thèses ou des manuscrits soumis pour publication, organiser des congrès ou des opérations de diffusion (comme dans le cas de la Fête de la Science), répondre à des sollicitations extérieures (comme rédiger un dossier pour Futura-Sciences), et aux personnes qui poussent la porte du laboratoire, quelles qu’elles soient, car le scientifique est là pour tous les publics. Certains organismes ont des objectifs particuliers et donc confient à leurs personnels des missions spécifiques. A l’Université, évidemment, il s’agit d’enseigner sa discipline dans diverses filières. Au Muséum national d’Histoire naturelle, les charges d’enseignement sont moindres mais les enseignants-chercheurs ont souvent une charge de gestion d’une collection patrimoniale d’échantillons. Il s’agit d’organiser et de tenir à jour l’inventaire numérique des échantillons et leur gestion matérielle, d’en promotionner la connaissance (par des expositions par exemple, ou via des sites web qui donneront l’envie à d’autres de venir travailler dessus pour publier des résultats scientifiques ou des travaux de vulgarisation) et enfin d’accroître la collection (comme c’est le cas pour les carottes de sédiments océaniques conservées au Muséum ; ceci entrant dans les projets de recherche de la personne qui s’occupe de cette collection). Dans ce genre de métier, on a donc une certaine liberté d’imaginer et de créer mais on est également bien souvent seul face à la contrainte de savoir-faire très divers et auxquels la formation initiale, dans les universités ou les grandes écoles, ne prépare pas. Mais la science est source de grands moments de bonheur quand elle permet d’avoir la planète pour terrain de jeu.