Le milieu abyssal, un univers moins connu que l'Espace

Le milieu abyssal, un univers moins connu que l'Espace

Les abysses sont, dans l'imaginaire collectif, un monde de silence et d'absence de vie, où seule règne l'obscurité. 

Zone de nodules du Pacifique central. © Ifremer - Naudinaut/Daniel Desbruyères

Zone de nodules du Pacifique central. © Ifremer - Naudinaut/Daniel Desbruyères

Un « presque désert » immense...

Le milieu abyssal, avec ses 307 millions de kilomètres carrés, représente les deux tiers de la surface du globe. S'il a longtemps été considéré comme un désert, c'est à cause de son absence de lumière et de photosynthèse, ne permettant pas à priori le développement de la vie.

La biomasse abyssale est comprise entre quelques grammes et quelques milligrammes par mètre carré. Le flux organique est cependant marqué d'une variation saisonnière, surtout dans les zones tempérées. Il peut engendrer une accumulation de matière organique sur le fond lors des floraisons planctoniques de surface. Dans les jours qui suivent, cette matière organique est à l'origine d'une véritable prolifération d'invertébrés et d'organismes unicellulaires. La « floraison » benthique ne dure que quelques semaines et disparaît dès que la matière organique est épuisée.

... et riche en espèces

La notion de biodiversité exprime la variété des systèmes biologiques qui peuplent un écosystème. Dans son sens le plus simple, elle se mesure par le nombre d'espèces présentes. On estime aujourd'hui à 1,3 millions, le nombre total d'espèces connues dans la biosphère, et probablement de 5 à 10 millions d'espèces la richesse totale, bien que des estimations supérieures aient été faites en tenant compte des peuplements de la canopée (jusqu'à 30 millions selon certaines estimations).

La contribution du domaine profond est encore mal appréhendée. Le groupe de chercheurs américains qui étudia la pente continentale nord-ouest atlantique entre 1.500 et 2.500 mètres, a estimé par extrapolation, à environ 10 millions le nombre d'espèces présentes dans le domaine profond. Mais des estimations beaucoup plus élevées ont été faites, en prenant en compte non seulement la petite faune supérieure à 250 µm mais aussi celle dont la taille est comprise entre 250 et 40 µm.