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Même les adversaires les plus virulents des pesticidespesticides reconnaissent que l'abeille est victime de nombreuses autres « agressions ». ParasitesParasites, virus, champignonschampignons... un ensemble d'agents pathogènespathogènes affaiblit en permanence Apis mellifera. À commencer par un acarienacarien redoutable, Varroa destructor.
Varroa destructor sur une abeille. © Tpsdave - Domaine public
De nombreux agents pathogènes menacent les abeilles. © DR
Le varroa, saigneur des abeilles
Depuis le début des années 1980, les abeilles en Europe sont rongées par un mal insidieux et apparemment impossible à éradiquer : le varroa (Varroa destructor).
Varroa destructor. © Domaine public
Le varroa, un acarien d'environ 1,5 millimètre venu d'Asie qui parasite l'abeille et se nourrit de son hémolymphehémolymphe, c'est-à-dire son sang. Pour cela, on l'a surnommé le vampire des abeilles. De forme aplatie, très agile, le varroa infiltre le couvaincouvain de la ruche ou s'accroche à l'abeille. Il se développe très vite : la femelle pond de deux à huit œufs qui vont donner naissance à un mâle et plusieurs femelles, et pompe littéralement le sang des nymphesnymphes et des abeilles adultes. En la privant de ses protéinesprotéines, le varroa vieillit prématurément l'abeille, diminue les capacités de reproduction de la colonie.
Couvain, ouvrières, oeufs et larves d'abeilles. © Waugsberg, Licence de documentation libre GNU, version 1.2
De surcroît, le varroa, en piquant l'abeille, lui transmet de multiples agents pathogènes (bactériesbactéries, virus...), en particulier, le virus des ailes déformées (DWV), celui de la paralysie aiguë (ABPV), celui du CachemireCachemire (KBV), le virus sacciforme (SBV) qui entraîne la mort des larveslarves, et diverses autres maladies du couvain (1). On soupçonne également l'acarien de contribuer à déprimer le système immunitairesystème immunitaire de l'abeille (2). Cet effet pourrait être aggravé par le manque de ressources alimentaires disponibles pour l'abeille. En effet, le système de défense de l'abeille repose sur les protéines apportées par le pollenpollen. Si le pollen vient à manquer ou si sa qualité laisse à désirer (cas des pollens de maïsmaïs ou de tournesoltournesol relativement pauvres en protéines et en acides aminésacides aminés), alors l'abeille devient moins apte à se défendre et le parasite prend le dessus.
(1) « Une bithérapiebithérapie, voire une trithérapietrithérapie contre Varroa destructor semble désormais nécessaire. » La Semaine VétérinaireVétérinaire. N°1347. 13 février 2009.
(2) « Mortalités, effondrementseffondrements et affaiblissements de colonies d'abeilles » Afssa. Novembre 2008.
Quasiment aucune colonie d'abeilles dans le monde, n'échappe actuellement au varroa, à l'exception de l'Australie qui a pu miraculeusement s'en prémunir. Si la ruche n'est pas traitée, elle est condamnée à mourir de la varroatose au bout de deux à trois ans. Désormais, personne dans le monde apicole ne sous-estime l'ennemi. « Le varroa est responsable à 60 % des maladies des abeilles et de l'affaiblissement des colonies. Il cristallise tous les problèmes de l'apiculture », analyse un apiculteur.
Contamination de la ruche et de la reine
Pour contenir le seuil d'infestationinfestation de varroa, l'apiculteur doit inspecter régulièrement chaque ruche et appliquer des traitements très précis, à la bonne période, sous peine de voir s'effondrer ses colonies. Il dispose de divers traitements possibles : l'Apistan® à base de fluvalinate, l'Apivar® à base d'amitraze, ainsi que des produits « bio » (thymol, acide formique, acide oxalique). Mais aucun ne permet d'éradiquer le parasite. Inévitablement, des phénomènes de « résistancerésistance » apparaissent qui impliquent de traiter avec plusieurs produits (bithérapies ou trithérapies).
Reine (point blanc) entourée de ses ouvrières. © Waugsberg Licence de documentation libre GNU, version 1.2
Autre problème tout aussi inquiétant, les traitements chimiques contre le varroa semblent contaminer les ruches et concourrir au dépérissement des abeilles. On retrouve en effet souvent dans les cires des doses élevées de résidus chimiques d'acaricides. Ces produits chimiques, pour certains liposolubles (solubles dans les graisses), se concentrent dans les cires et cumulent leurs effets toxiques. La plus exposée à cette « pollution interne » serait la reine qui vit deux à trois ans dans l'espace confiné de la ruche. « Certains traitements à base de produits liposolubles (coumaphos et fluvalinate) de la varroase sont source de contaminationcontamination importante des cires pouvant entraîner des effets délétères sur les reines » (1). Si la reine est intoxiquée de façon chronique, il ne peut qu'en découler une fragilité accrue de la descendance et de toute la colonie.
(1) Enquête prospective multifactorielle. Afssa. Février 2008.
Maladies et virus : une liste mortelle
L'abeille est en réalité affectée par une liste étonnamment longue de pathologiespathologies. Nosema ceranae ou son cousin Nosema apis, qui déclenche la nosémose, une maladie parasitaire, est cité comme l'un des grands suspects dans l'enquête sur la surmortalité des abeilles, notamment par des chercheurs espagnols. Ce champignon (plus précisément un microsporidie) est un parasite qui se développe au sein d'une cellule de l'hôte, en l'occurrence des cellules de l'intestin de l'abeille. Quand une épidémieépidémie de nosémose se déclare, elle peut engendrer la perte de la colonie entière. Mais pour donner une idée de l'ampleur des problèmes rencontrés par les abeilles, il faut citer : les champignons générant les maladies du couvain (couvain plâtré, couvain pétrifiépétrifié...), la maladie de la loque américaineloque américaine due à une bactérie (Paenibacillus larvae), un éventail impressionnant de virus : virus des ailes déformées - DWV -, du couvain sacciforme -SBV-, le virus du Cachemire - KBV -, le virus de la paralysie chronique ou maladie noire - CPV - ...
Le virus le plus célèbre étant l'APV (Acute Paralysis Virus), tout spécialement la version découverte en Israël, IAPV, Israelian Acute Paralysis Virus. Pour certains, les maladies sont les « facteurs prépondérants » de la mortalité des abeilles. C'est l'avis de Martial Saadier, auteur du rapport officiel commandé par le gouvernement à la fin 2008 (1). Analyse contestée par de nombreux chercheurs pour qui les abeilles deviennent vulnérables aux maladies parce qu'elles sont fragilisées par des contaminations chimiques ou une sous-alimentation chronique.
(1) « Pour une filière apicole durable ». Rapport au Premier ministre François Fillon. Martial Saadier, député de Haute-Savoie. Octobre 2008.