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Que mangent les rapacesrapaces ? Quelle est leur alimentation ? InsectesInsectes, serpents, rongeursrongeurs (campagnols, lièvres ou lapins de garenne) : les proies de ces animaux peuvent être très variées. Découvrez aussi ici leurs techniques de chasse.
Quelle est l'alimentation des rapaces ? Quelles sont leurs techniques de chasse ? Ici, une buse variable. © RonaldHuijssen, DP
Proies des rapaces
Tout se passe comme s'il existait un rapport entre le nombre de caloriescalories que représente une proie en fonction de sa grandeur et de la qualité nutritive, et l'énergie que le prédateur doit dépenser pour s'en emparer. Cette dernière dépend d'une part des capacités physiques du chasseur, d'autre part de l'abondance, des mœurs et des adaptations défensives de la victime. N'oublions pas la pulsion de la faim. Les rapaces semblent préférer des proies relativement médiocres, mais nombreuses... Quelles sont ces proies ?
Proies du busard cendré en Europe de l'ouest. © Reproduction et utilisation interdites
Insectes, poissons et batraciens
Nous constatons que les vers (lombrics) et les mollusquesmollusques ne sont, en Europe, que des appoints. En revanche, les insectes peuvent devenir la ressource principale de quelques petites espècesespèces diurnesdiurnes et nocturnesnocturnes. Ce sont, pour la plupart, des insectes de grande taille, apparaissant en grand nombre, comme les sauterellessauterelles et criquets, libelluleslibellules et coléoptèrescoléoptères, en particulier hannetons. Dans l'ensemble, c'est une nourriture secondaire ou occasionnelle.
Les poissonspoissons jouent un rôle pour les spécialistes seulement (balbuzard et pygargue). Leur pêchepêche exigeant une technique particulière, les batraciensbatraciens, et singulièrement les grenouilles, fournissent des compléments nutritifs appréciables à beaucoup de prédateurs en milieu humide ou herbeux, mais seulement pendant une période limitée ; les crapauds ont peu d'amateurs.
Reptiles (lézards et serpents) et oiseaux (gallinacés, pigeons, canards)
Chez les reptilesreptiles, les lézards sont susceptibles de devenir une ressource de valeur pour les rapaces diurnes des régions méditerranéennes. Les serpents ont leur spécialiste : le circaète.
Les oiseaux, petits et moyens, sont les proies de plusieurs faucons, de l'épervier et de l'autour, qui les chassent au vol. Ils constituent aussi une part variable et en général secondaire de la nourriture des rapaces en général :
- les gallinacés, oiseaux-proies par excellence, sont recherchés surtout par l'autour, les aigles et le Grand-duc ;
- les pigeons par l'autour et le faucon pèlerinfaucon pèlerin ;
- les canards par le grand-duc, le pygargue, l'autour et le pèlerin.
La correspondance est évidente entre la taille des proies et la force des chasseurs.
Belettes, hermines, hérisson, taupes et musaraignes
Dans la classe des mammifèresmammifères, les grands animaux n'intéressent guère les rapaces qu'à l'état de cadavres. Parmi les carnivorescarnivores, seules les belettesbelettes et les hermineshermines, de faible taille, figurent assez souvent dans les listes de proies, surtout chez le grand-duc.
Les chauves-sourischauves-souris y sont en général fort rares, même pour les nocturnes, le hérisson n'est recherche que par le grand-duc et la taupe est peu touchée en raison de ses mœurs souterraines : elle est surtout victime de la buse. Les musaraignes n'ont d'importance que pour les rapaces nocturnes, pour l'effraie en particulier.
Mulot sylvestre. © Reproduction et utilisation interdites
Rongeurs : lièvres, lapins, marmottes, campagnols, souris et rats
Reste le vaste groupe des rongeurs. Par leurs tailles et par leur abondance, probablement aussi par leur valeur nutritive et leur digestibilité, ces animaux sont les proies les plus avantageuses. Les lièvres, surtout les jeunes, sont capturés par les rapaces puissants ; le lapin de garenne, avant la myxomatosemyxomatose, était très largement mis à contribution, aussi la raréfaction de cet aliment de base a-t-elle touché de nombreux rapaces diurnes.
Parmi les rongeurs proprement dits, toutes les espèces figurent au tableau, en proportions variables selon leur distribution et leurs mœurs. En été, la marmotte nourrit l'aigle royal des Alpes, les souslikssousliks sont des proies courantes pour les oiseaux des steppessteppes de l'est, le hamster nocturne tombe plutôt sous les griffes du grand-duc. L'autour est l'ennemi principal de l'écureuilécureuil.
Mais c'est dans les petites espèces que se recrutent les proies types, les campagnols et les muridés (souris et rats aussi) qui ont pour les prédateurs l'énorme avantage d'être actifs tout l'hiverhiver.
Le régime alimentaire du busard cendré (Circus pygargus) en Europe de l'Ouest (établi d'après 2.601 proies identifiées) est constitué à 90 % de petits rongeurs...
Campagnol des champs. © Reproduction et utilisation interdites
Ces micromammifères sont très prolifiques et de capture aisée, tout en offrant un volume de chair appréciable : on en trouve à peu près partout, avec une densité remarquable, mais soumise à des fluctuations marquées.
Lemming. © Reproduction et utilisation interdites
Lemmings et campagnols des champs
Le lemming Lemmus lemmus des montagnes scandinaves et de la toundratoundra est célèbre par ses pullulations qui se produisent tous les 3 ou 4 ans ; quand il abonde, tous les rapaces s'en nourrissent et se reproduisent bien, tandis que sa rareté ou son absence, et la disette qui s'ensuit, réduisent fortement le succès de la nidification. La chouette harfang est l'espèce la mieux adaptée, puisqu'elle ne niche que dans les régions ou les lemmings abondent.
Effectif proies-prédateurs. © Reproduction et utilisation interdites
Dans le nord, d'autres rongeurs présentent aussi des phases cycliques de ce genre, la plupart des prédateurs en sont influencés. Dans les plaines de l'Europe moyenne le campagnol des champs est aussi sujet à des fluctuations marquées, en général localisées aux étendues agricoles. Les pullulations évoluent alors en trois ans (en moyenne) grâce à la succession rapide des portées, jusqu'au stade de surpopulation, la densité atteignant de 500 à 2.000 individus à l'hectare pour finir. C'est alors que survient l'effondrementeffondrement par mortalité massive. Ce campagnol est la proie de base pour un grand nombre de prédateurs : dans les régions où ses fluctuations d'effectifs sont très accusées, on observe l'influence de celles-ci sur la reproduction des rapaces, en particulier du hibou des marais et de l'effraie.
Les pelotes de réjection
La plupart des rapaces rejettent les déchetsdéchets solides de leurs proies en en faisant des pelotes qu'ils régurgitent : des pelotes de réjectionpelotes de réjection.
Tableau des pelotes de réjection. © Reproduction et utilisation interdites
Os, plumes, poils... tous les résidus non assimilés par les sucs gastriquessucs gastriques se retrouvent dans l'estomacestomac.
Une pelote de réjection. © Reproduction et utilisation interdites
Ils s'agglomèrent entre eux grâce à un mucusmucus collant pour former une petite boulette qui sera rejetée par le bec. Elles sont caractéristiques des espèces...
Pelote et débris en vrac. © Reproduction et utilisation interdites
Identification de restes d'oiseaux. © Reproduction et utilisation interdites
Oiseaux de proie : les effets de la prédation
Trop souvent, on a été impressionnés par l'acte de prédation ou par la chasse qui le précède, et l'on a donc fortement exagéré les méfaits des carnassiers, que ce soit des mammifères ou des oiseaux.
L'extermination des oiseaux de proie n'a jamais entraîné l'augmentation durable des perdrix et des lièvres qu'on en attendait. D'ailleurs, si les rapaces étaient aussi voraces et destructeurs qu'on l'a dit, ils n'auraient pu survivre, ayant anéanti eux-mêmes leurs ressources... Dans des circonstances normales, l'action du prédateur ne peut entraîner une diminution sensible de la population de proies, la présence des rapaces n'est pas nuisible à la faunefaune sauvage.
L'étude des populations montre que leur densité ne peut excéder le maximum compatible avec les ressources de l'habitat ; la prédation est le principal facteur de régulation ; elle exerce une sélection qualitative. La loi du moindre effort pousse les rapaces (et les autres) à se saisir en premier lieu des proies les plus faciles, les plus lentes, de celles qui se défendent mal : épuration salutaire donc pour le cheptel-proies.
L'équilibre naturel est l'effet le plus positif de la prédation. La densité des oiseaux de proie est gouvernée par celle de leurs ressources. En d'autres termes, ce n'est pas le rapace qui limite l'abondance du gibier ; c'est l'inverse, étant bien entendu que cette abondance dépend de la capacité biologique du terrain et de la pression de chasse.
Enfin, les rapaces eux-mêmes sont soumis à une régulation d'effectifs, non seulement par la parcimonie de la nourriture et la concurrence mais aussi par la limitation sévère de leur féconditéfécondité.
Une buse variable. © Joël Bruezière, reproduction et utilisation interdites
Techniques de chasse : buse, vautour fauve, gypaète et aigle royal
- La buse est carnivore : elle se nourrit des proies qu'elle guette du haut de son affût.
Elle se poste sur un poteau, une haiehaie ou un arbrearbre (pas très haut) et scrute le sol, attentive au moindre déplacement. Campagnols et autres petits mammifères des champs représentent l'essentiel de son régime. En hiver lorsque la nourriture est plus rare, elle ne dédaigne pas les charognes. Une fois la proie repérée, elle la capture et la tue avec ses serres puis la déchiquette avec son bec, sur place ou bien dans son aire. Les piquets d'où guettent les buses sont facilement repérables grâces aux fientesfientes blanchâtres qui les recouvrent et aux pelotes de réjections qui jonchent le sol.
Buse variable. © Joël Bruezière, reproduction et utilisation interdites
- Les vautours fauves sont exclusivement charognards. Ils prospectent le terrain en groupe.
Dès le cadavre repéré, ils se laissent tomber en spirales. La survie des vautours dans nos montagnes est directement liée au pastoralisme. En effet, le gros des effectifs de vautours suit la transhumance du bétail : moutons, vachesvaches et chevaux qui sont présents dans les estives de juin à octobre.
Leur comportement grégairegrégaire leur permet de trouver les proies ; chaque individu inspecte une aire ; lorsqu'une charogne est repérée, par la présence des corneilles et grands corbeaux sur la dépouille, ses congénères notent le décrochagedécrochage et le suivent. On a pu noter jusqu'à 300 individus sur une charogne. Dans cette quête de nourriture, ils peuvent parcourir des distances considérables, jusqu'à 80 km.
- Le gypaète est également charognard. Il se nourrit essentiellement d'os.
Il est capable d'ingérer des os de 20 cm sur 3 cm de diamètre. Pour les os trop volumineux, il pratique le cassagecassage qui lui vaut son joli nom espagnol de quebrantahuesos, le casseur d'os. Le gypaète emporte dans les airsairs les os trop gros, va survoler des terrains pierreux à une hauteur de 20 à 150 m. Il lâche l'os pour qu'il se casse et tombe en piqué pour manger.
- L'aigle royal chasse des proies plutôt vivantes mais ne dédaigne pas les carcasses.
À la sortie de l'hiver, lors de la fontefonte des neiges, il est fréquent que des cadavres d'isardsisards émergentémergent. La viande est souvent bien conservée et les aigles s'en nourrissent. Ses proies sont variées : serpents, grenouilles, passereaux, corvidés, petits mammifères, marmottes, renards.