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La première publication concernant les radiolairesradiolaires date de 1834 : l'auteur, Meyen, décrit et illustre trois espècesespèces parmi « plusieurs polypes et autres animaux inférieurs ». Le premier travail important est effectué par Ehrenberg, auteur de 26 publications entre 1838 et 1875, dans lesquelles sont décrites plusieurs centaines d'espèces vivantes ou fossilesfossiles (cénozoïquescénozoïques).
Au milieu du XIXe siècle, plusieurs biologistes - parmi lesquels Hertwig et Muller - s'intéressent aux formes vivant en Méditerranée. Muller les baptise Radiolaria en 1858, et en établit le premier la nature unicellulaire. Dans une synthèse publiée en 1879, il distingue les principaux groupes en se basant sur la forme de la membrane capsulaire.
Haeckel, le plus célèbre des précurseurs, a d'abord étudié les radiolaires de Méditerranée dont il a publié une monographie en 1862, puis il s'est intéressé aux radiolaires collectés par le navire océanographique ChallengerChallenger lors de son tour du monde (1873-1876). Dans ce travail de plus de 1.800 pages et 140 planches, publié en 1887, Haeckel décrit 785 nouvelles espèces et présente une classification exhaustive basée sur la morphologiemorphologie du squelette de tous les radiolaires connus à cette époque. Cette classification géométrique a été utilisée jusque dans les années 1970.
Cependant, bien que Haeckel ait voulu « combiner les buts phylogénétiquesphylogénétiques d'un système naturel avec les divisions essentiellement artificielles d'une classification pratique », la préoccupation pratique prit le pas sur le souci de retrouver un système naturel, ce qui obscurcit les valeurs stratigraphiques et écologiques des radiolaires pendant près d'un siècle. Les expéditions océanographiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle conduisent à une multiplication des études.
Des progrès importants sont réalisés, surtout en ce qui concerne les formes actuelles et cénozoïques. Hertwig (1879) a étudié les parties molles non squelettiques des radiolaires. Nous lui sommes redevables du meilleur de nos connaissances. Il a « prophétiquement tracé le cadre dans lequel devaient se développer nos conceptions cytologiques modernes. Il a reconnu les relations fondamentales entre le squelette et la capsule centrale, montré que cette dernière englobait progressivement, au cours de la croissance, les coques primitivement corticales... On s'étonne que tant de documents précieux, pour fragmentaires qu'ils aient pu apparaître, soient restés dans l'oubli et n'aient pas trouvé crédit dans les traités classiques de biologie » (Hollande & Enjumet, 1960). La première guerre mondiale donne un coup de frein brutal à ces recherches.
Le temps de l'abandon
De 1915 à 1950, l'intérêt porté aux radiolaires reste très faible, d'une part parce que leurs restes sont beaucoup plus rares que ceux des foraminifères, d'autre part parce que ce groupe reste mystérieux et apparemment inutile sur le plan stratigraphique. Leur apparente inutilité stratigraphique résulte des conceptions essentiellement géométriques de Haeckel sur la systématique. Ainsi, deux formes très différentes, mais possédant chacune deux sphères et trois épines par exemple, sont classées à tort dans un même genre qui semble de ce fait avoir une répartition sur des dizaines ou des centaines de millions d'années.
Le temps de la redécouverte et de l'utilisation
Vers les années 1950, un regain d'intérêt se manifeste aux États-Unis d'abord, puis en Russie. Le véritable renouveau cependant est dû à William Riedel et à Maria Petrushevskaya.
Riedel entreprend des études détaillées de coupes stratigraphiques tant à terre qu'en mer (Riedel 1952, 1953 ; Riedel & Sanfilippo, 1974) grâce aux expéditions océanographiques de la seconde partie du XXe siècle (dont celles du DSDP puis ODP). Il établit ainsi que les radiolaires évoluent, au cours du Tertiaire, tout autant que les autres groupes fossiles et qu'ils sont donc tout aussi utiles en stratigraphie.
Petrushevskaya (1962, 1964, 1971) donne les premières bases d'une classification naturelle fondée sur la structure du « squelette internesquelette interne » et son évolution. À la suite des grandes campagnes océanographiques modernes, notamment le Deep Sea Drilling Project, le nombre de publications augmente considérablement vers les années 1970 en ce qui concerne les espèces cénozoïques, puis dans les années 1980 pour les radiolaires mésozoïquesmésozoïques et paléozoïquespaléozoïques.
Travaux concernant les radiolaires mésozoïques
Les premiers radiolaires mésozoïques décrits et illustrés le sont par Karrer (1867) mais, bien qu'étant les formes les plus abondantes de l'assemblage, elles sont attribuées aux foraminifèresforaminifères (Dumitrica & De Wever, 1991). Les premiers apports significatifs concernant les radiolaires mésozoïques sont dus à des auteurs italiens et allemands pour la plupart.
En France, le pionnier est Cayeux (1897), mais nous devons à Deflandre (à partir de 1937) les travaux les plus novateurs. Il souligne en particulier les différences entre les faunesfaunes du Paléozoïque et celles du Mésozoïque ouvrant ainsi les portesportes d'un espoir pour la datation des niveaux de cette ère.
Ces travaux pionniers consistent essentiellement en des descriptions de morphotypes même si, ici ou là, un auteur ose, sur la base de ressemblances fauniques, une tentative de datation (tel Squinabol qui propose en 1912 un âge jurassiquejurassique pour les radiolarites alpines du Montgenèvre). Cet âge ne sera confirmé que bien plus tard. (De Wever & Caby, 1981 ; De Wever et al., 1987).
Il faut attendre les années 1970 pour voir les premières zonations proposées, pour le CrétacéCrétacé d'abord, puis pour le Jurassique et enfin pour le TriasTrias. Il est à noter que si des radiolaires mésozoiques sont décrits depuis longtemps, il s'agit surtout de formes du Jurassique supérieur et du Crétacé. Celles du Trias et du Jurassique inférieur et moyen ne le seront qu'à la fin du XXe siècle.
Les planches de Haeckel (1862) sont consultables à cette adresse.