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    Un écosystème en sursis

    Un écosystème en sursis

    1950... En ce début de printemps, le soleil pointe timidement, comme s'il n'osait troubler le réveil d'un monde plein de vie.

    Haies en automne - Copyright Frédéric FEVE - tous droits réservés.

    Haies en automne - Copyright Frédéric FEVE - tous droits réservés.

    De tous côtés les oiseaux chantent, affirmant ainsi leur droit à la propriété. Pouillots, fauvettes, bruants et autres linottes ont repris possession de leurs quartiers d'été. Dans la prairie, quelques lièvres amoureux bouquinent et perpétuent la vie. En plein cœur de la haiehaie, un baliveau s'agite, maltraité en son pied par un brocard hargneux qui marque ainsi son territoire. Non loin, un renard tapit guette l'imprudente sortie d'un campagnol, tandis que des perdrix, picorent, de-ci de-là, quelques pousses d'adventicesadventices...

    2003... Drainées, les prairies sont devenues maïs, emportant avec elles traquets, courlis et bergeronnettes.

    Paysage de culture - Copyright Frédéric FEVE - tous droits réservés.

    Paysage de culture - Copyright Frédéric FEVE - tous droits réservés.

    Les remembrementsremembrements successifs ont rapidement favorisé l'élimination des haies, des boisbois et des vergers, causant, bien entendu, la disparition des richesses naturelles de ces lieux magiques où l'harmonie était reine. Seules quelques alouettes s'égosillent encore dans le ciel. Au XXIème siècle, la vie a quitté la plaine...

    En quelques décennies, l'agricultureagriculture, autrefois respectueuse de l'environnement et garante du maintien et de l'entretien de nos écosystèmesécosystèmes, s'est aujourd'hui considérablement intensifiée.

    Arrachage de haies - Copyright Frédéric FEVE - tous droits réservés.

    Arrachage de haies - Copyright Frédéric FEVE - tous droits réservés.

    La mécanisation, les notions de profit et de rentabilité, ont entraîné une uniformisation de nos paysages ruraux qui a inéluctablement conduit à une désertificationdésertification faunistique et floristique de nos campagnes, ainsi qu'à d'importants problèmes écologiques.

    L'arrachage du bocagebocage et le drainagedrainage des prairies, remplacées par une monoculturemonoculture céréalière, ont, en effet, entraîné la raréfaction de nombreuses espècesespèces animales et végétales.

    Certaines sont même menacées de disparition dans bien des régions françaises (les pies-grièches par exemple). Même des espèces de milieux très ouverts, comme la perdrix grise ou la caille des blésblés, souffrent de l'agriculture intensive. Les traitements chimiques (herbicidesherbicides, insecticidesinsecticides...), l'absence de buissons, de haies et de boqueteaux, le manque de lisièreslisières (bords de chemin, talus...), condamnent irrémédiablement ces oiseaux et constituent les causes véritables de leur disparition. Il en est de même pour le lièvre. Diverses études scientifiques ont, en effet, prouvé, qu'en qualité de " gourmet ", il ne peut se satisfaire de la pauvreté floristique des plaines céréalières. Haies, buissons, friches, bords de chemins... sont vitaux pour l'espèce, qui paie, d'autre part, un lourd tribut aux engins agricoles et aux aspersions de pesticidespesticides.

    Lièvre - Copyright Frédéric FEVE - tous droits réservés.

    Lièvre - Copyright Frédéric FEVE - tous droits réservés.

    Outre ces aspects qui touchent directement à la conservation de nos richesses naturelles, il en d'autres, plus pernicieux, qui bouleversent le climatclimat, provoquent des inondationsinondations importantes ou polluent gravement nos nappes phréatiquesnappes phréatiques. Les activités humaines s'en trouvent aussitôt perturbées et notre santé menacée.

    Aujourd'hui toute personne de bonne foi reconnaîtra, en effet, que les haies, les prairies, les marais et autres zones incultes ont leur rôle à jouer dans la régulation des crues ou dans le cycle de l'eau qui régit notre climat. Tout cela a été maintes fois prouvé scientifiquement et les médias en parlent de plus en plus. Malheureusement, les choses n'évoluent guère car la production prime (économie oblige !) et les élus de tous bords restent frileux face à une agriculture sans scrupule devenue puissante.

    Avec l'élargissement de l'Europe, la politique productiviste orchestrée par la PAC (Politique Agricole CommunePolitique Agricole Commune) touche de plus en plus de pays. L'agriculture européenne n'est plus que subventions (40 milliards d'euros par an !), distribuées en primes à la surface et à la production.

    Quand comprendra-t-on qu'il devient urgent de favoriser une agriculture respectueuse de l'environnement ? Il est clair que les choses ne changeront pas tant que l'opinion public n'aura pas pris conscience des dangers qui nous menacent et ne fera pas pression sur les pouvoirs publics.