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Le nombre d'espècesespèces de papillons est en régression, au même titre que les autres espèces, animales ou végétales. « Une estimation vraisemblable admet que le rythme d'extinction a été de une espèce par an au cours des temps. Actuellement 100 espèces, peut-être 1.000, disparaissent chaque jour à cause de l'Homme » (Ehrlich & Ehrlich, 1981, cités par Dajoz, 2006).
Les causes de la perte de biodiversité sont multiples et connues : « les principales sont la modification des habitats, l'introduction d'espèces exotiquesexotiques, la surexploitation des ressources naturelles, la pollution et, aujourd'hui, les changements climatiques » (Dajoz, 2006). « On a calculé que chaque année 66.000 milliards d'insectesinsectes sont tués en France par la circulation automobileautomobile, ce qui représente une biomassebiomasse de 150 à 200 tonnes (Dajoz, 2006). [...] Il convient évidemment de relativiser ces chiffres car on ne sait pas quelle est l'importance de la biomasse en France » (Chambon, 1993, cité par Dajoz, 2006).
Le Machaon « indique globalement les campagnes en bon état de conservation, non chimiquement polluées et indemnes du grand écocide que représentent le remembrementremembrement et l'arasement de tous les refuges et réservoirs biologiques » (Delacre & Tarrier, 2006).
La menace du gyrobroyage
Comme de nombreuses autres espèces, il est victime [...] de l'utilisation massive des pesticidespesticides et du gyrobroyage radical de la végétation des bords de routes, derniers bastions de la carottecarotte sauvage... (Chatelain, 1998).
Le gyrobroyage, surtout trop ras, tue les chrysalideschrysalides fixées sur les plantes ainsi que les chenilles. Il empêche les papillons - s'ils ne sont pas détruits - de se percher et donc d'allonger complètement leurs ailes : ils ne pourront ni voler, ni se nourrir, ni se reproduire. D'autres insectes seront également détruits. Enfin, la masse de matière végétale abandonnée tue ou empêche le développement de nombre d'espèces d'insectes en pourrissant sur place.
Or, « les insectes véritablement nuisibles, aussi bien dans les cultures que dans les forêts, représentent moins de un pour cent de la totalité des espèces présentes » (Dajoz, 1998).
Et d'autres groupes comme les amphibiens et les reptilesreptiles payent aussi un lourd tribut au gyrobroyage.
Les papillons, en sortant des chrysalides qui ont passé l'hiverhiver au sol ou sous terre, doivent trouver très rapidement un support où se percher pour y « gonfler » leurs ailes. C'est à ce moment qu'ils sont le plus vulnérables, à la merci de leurs prédateurs.
La destruction de toute la matière végétale nuira à la survie d'éventuels descendants, ceci sans augmenter la visibilité ni la sécurité sur nos routes et chemins.
Les nombreuses menaces pour la biodiversité
La destruction des haieshaies, l'arasement des talus, des fossés, des terrains urbains non construits, la tonte répétée des pelouses, la plantation de haies de résineux et de plantes exotiques - et l'incinération des végétaux sur pied qui se pratique encore (!) bien qu'interdite dans certains départements (pour le Haut-Rhin : Arrêté préfectoral du 20 décembre 1994), le désherbage chimique des bords de champs - ont de lourdes conséquences sur les populations de papillons, d'insectes pollinisateurs en général et de toutes espèces animales et végétales qui font partie de la biodiversité.
Les papillons en voie de disparition
Le GazéGazé, ou Piéride de l'aubépineaubépine, dont la chenille se développe dans les haies d'aubépines, de prunelliers et sur d'autres rosacées ligneuses, a disparu d'Angleterre ; il est en voie de disparition dans le nord de la France, en Hollande et en Belgique. Il est protégé en Ile-de-France.
Le Gazé, Aporia crataegi (L., 1758) (Pieridé). À gauche, ses chenilles. À droite, sa chrysalide. © Bernard Schmeltz
À quoi sert-il de porter des noms d'espèces sur des listes d'espèces protégées ou en danger, « listes rouges » et autres, lorsque la destruction de leurs biotopesbiotopes, celle de leurs plantes nourricières, et l'utilisation abusive des pesticides restent possibles ou sont même encouragées ?
L'Apollon : la sous-espècesous-espèce sewensis de l'Apollon a disparu de Sewen F-68290 aux environs de 1977, suite à la disparition de son biotope, les landes à orpins, provoquée par le boisement naturel de ces landes qui n'étaient plus pâturées. Sa chenille vit, en Suisse, sur l'Orpin blanc Sedum album ; la littérature cite aussi Sedum telephium, S. annum, S. villosum, Rhodiola rosea et SempervivumSempervivum tectorum comme plantes hôtes.
Pour subsister, l'Apollon [1] a besoin non seulement des plantes nourricières, mais aussi des plantes nectarifères telles les chardons, scabieuses et knauties (Pro Natura, 1987), et de sites dépourvus d'arbresarbres et de buissons où l'ensoleillement est maximal.
[1] Dans la mythologie grecque, Apollon, dieu de la beauté, des arts, de la lumière et de la divination est le père d'Asclépios, donc le grand-père de Machaon. Podalire est le frère de Machaon ; Alexanor est le fils de Machaon. Papilio alexanor a été décrit par Esper, en 1799 ; Iphiclides podalirius (de Podalire) - le Flambé - avait été décrit par Linné en 1758 sous le nom de Papilio podalirius (Lampert, 1922) ; Iphiclides est le nom de genre donné par Hübner en 1819.
En France, 35 espèces de lépidoptèreslépidoptères sont protégées par l'Arrêté du 22 juillet 1993 (Journal officiel de la République française du 24 septembre 1993) - reprises dans l'Arrêté du 23 avril 2007 (Journal officiel de la République française du 6 mai 2007), dont l'Alexanor et les trois espèces d'Apollons : l'Apollon, le Petit Apollon, le Semi-Apollon.
La Directive HabitatDirective Habitat-FauneFaune-Flore publiée au Journal officiel des Communautés européennes le 22 juillet 1992 prévoit, dans son annexe II, la désignation de zones spéciales de conservationzones spéciales de conservation pour des espèces animales et végétales d'intérêt communautaire ; elle désigne, dans son annexe IV, des listes d'espèces animales et végétales d'intérêt communautaire nécessitant une protection stricte.