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    Passionné de nature depuis toujours, Pascal Provost est un ornithologueornithologue chevronné. Son enthousiasme le conduit à être lauréat de la Fondation de la vocation, avant d'être diplômé de l'École pratique des hautes études. Scientifique pour la réserve naturelle de l'estuaireestuaire de la Seine, il s'investit dans un programme Life Butor, visant à étudier cette espèceespèce et à préconiser les mesures de sauvegardesauvegarde, grâce au soutien de l'Union européenne et de la LPOLPO.

    Pascal Provost réalise la surveillance d’une colonie de chauves-souris qui nichent dans une église. © Allain Bougrain Dubourg, DR
    Pascal Provost réalise la surveillance d’une colonie de chauves-souris qui nichent dans une église. © Allain Bougrain Dubourg, DR

    Se tournant vers l'étude de la migration des oiseaux, il découvre un site important et décrit, au Maroc, une nouvelle rousserolle. Mais son engagement dans la conservation de la nature n'en reste pas aux seuls oiseaux. Il se tourne également vers les chauves-souris, dont une espèce, le grand murinmurin, retient particulièrement son attention.

    L'équipement utilisé pour la vidéosurveillance des chauves-souris est précieux pour trouver des moyens de protéger ces animaux. © Nature Productions

    Avec une quarantaine de centimètres d’envergure, le grand murin s’engage dans une chasse aux coléoptères. © P. Sabine, DR
    Avec une quarantaine de centimètres d’envergure, le grand murin s’engage dans une chasse aux coléoptères. © P. Sabine, DR

    Pline l'AncienPline l'Ancien classait les chauves-souris parmi les oiseaux. Il faudra attendre Linné pour qu'elles deviennent des mammifères. Et aujourd'hui encore, elles conservent une grande part de leur mystère, sans compter les préjugés dont elles sont victimes.

    Avec 500 de ses semblables, cette chauve-souris forme une colonie capable de consommer près d'une tonne d'insectes durant la saison. © Jean-François Noblet, DR
    Avec 500 de ses semblables, cette chauve-souris forme une colonie capable de consommer près d'une tonne d'insectes durant la saison. © Jean-François Noblet, DR

    Caméras infrarouge pour observer discrètement

    Pascal Provost veut lever le voile. Originaire de Saint-Laurent-de-Terregatte, en Normandie, il découvre en 1998, avec son frère, une colonie de grands murins dans les combles de l'église. Dès lors, il décide d'en savoir plus. Il sera vite confronté au paradoxe des naturalistes : impossible d'observer correctement les animaux dans l'obscurité et pas question de les déranger en ajoutant un éclairage. La solution ? Équiper les lieux d'un système (sophistiqué) de télésurveillancetélésurveillance. « Nous avons choisi des caméras infrarouge extrêmement sensibles et ne dégageant pas de chaleur pour éviter de perturber la colonie », explique Pascal Provost, qui réalise l'installation en 2002 avec le concours d'un ami vidéaste et du Groupe mammalogique normand. Le spectacle peut commencer ! Implantée dans la crypte, la régie permet de télécommander les caméras.

    Aménagée dans les combles, une caméra télécommandée permet d'observer sans perturber. © Pascal Provost, DR
    Aménagée dans les combles, une caméra télécommandée permet d'observer sans perturber. © Pascal Provost, DR

    Pascal Provost s'attarde alors sur ces chauves-souris, dont la taille des ailes déployées peut être comparable à celles d'un étourneau. Bien sûr, au début, un simple toilettage « en direct » s'apparente au plus exceptionnel des spectacles. Tout est noté, enregistré, chronométré et intégré dans l'ordinateurordinateur« Ensuite, nous avons affiné nos observations en analysant, par exemple, les interrelations entre les individus de la colonie. Mais le véritable bonheur fut d'assister, pour la première fois, à une naissance », se souvient Pascal Provost avec émotion. Il faut reconnaître qu'être témoin de l'événement constitue un privilège. Première surprise, lors de la mise basmise bas, la mère s'accroche la tête en haut (bénéficiant ainsi de l'apesanteurapesanteur pour expulser son petit) !

    Pascal Provost en plein travail dans la crypte-régie de l’église où des chauves-souris ont élu domicile. © A. Reneville, DR
    Pascal Provost en plein travail dans la crypte-régie de l’église où des chauves-souris ont élu domicile. © A. Reneville, DR
    Pascal Provost a implanté une régie dans la crypte afin de mettre les chauves-souris sous haute surveillance. Grâce à cet équipement, il a notamment pu assister à une naissance. © Pascal Provost, DR
    Pascal Provost a implanté une régie dans la crypte afin de mettre les chauves-souris sous haute surveillance. Grâce à cet équipement, il a notamment pu assister à une naissance. © Pascal Provost, DR

    Rôle écologique primordial du grand murin

    D'autres raisons de s'étonner accompagnent de longues soirées d'observation. « Il est passionnant de voir combien les colonies de "mise bas" sont dépendantes de la température. Elles ne choisissent pas ce lieu par hasard. Lorsqu'il fait 25 °C dehors, on peut noter jusqu'à 40 °C sous les combles », raconte Pascal Provost. Viendra cependant le temps où la température annoncera l'hiverhiver. Il convient de prendre des forces. Sûr de lui, le grand murin vole lentement. Ses battements d'ailes sont comptés et il devient redoutablement efficace lorsqu'il faut plonger sur une proie. Résultat, il peut engranger 30 % de graisse supplémentaire pour assurer une douce léthargie.

    La colonie de grands murins se donne en spectacle, singulièrement durant la reproduction. © Pascal Provost, DR
    La colonie de grands murins se donne en spectacle, singulièrement durant la reproduction. © Pascal Provost, DR

    À ce propos, Pascal Provost tient à souligner l'indéniable rôle écologique de ses protégées. « Les études ont montré que le régime alimentaire du grand murin était composé essentiellement de coléoptèrescoléoptères (hannetons, géotrupes), de papillons pris en vol, de gros coléoptères non volants, d'araignéesaraignées, de criquets, de grillons à terre. » Enfin, Pascal Provost apporte une importance à vulgariser le fruit de ses recherches et invite le public à visiter son étrange régie. « Au début, les gens viennent par curiosité, peut-être même pour éprouver les sensations de la crainte. Mais, lorsqu'on raconte l'histoire du grand murin et que l'on observe en direct sa vie secrète, le public prend conscience de l'intérêt de protéger ces mal-aimés », se félicite Pascal Provost.

    Pour aller plus loin

    Maison de l'estuaire
    20, rue Jean-Caurret
    76600 Le Havre