Les espèces à faible effectif comme les Temnothorax de nos régions ont besoin de peu d'espace pour se loger. Elles peuvent se contenter du contenu creux d'un gland de chêne ou occuper une cavité entre deux pierres plates superposées. Quand l'effectif est plus conséquent, elles peuvent creuser le sol pour aménager des loges.

La construction du nid. © Nilfanion - CC BY-SA 4.0

La construction du nid. © Nilfanion - CC BY-SA 4.0
<em>Pheidole purpurea</em> © John T. Longino Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license

Pheidole purpurea © John T. Longino Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license

Chez la fourmi méridionale Pheidole pallidula, l'ouverture est située sous une pierre qui protège le nid et fait aussi office de chambre chaude où l'évolution du couvain est accélérée par le rayonnement solaire. La captation de la chaleur peut se faire par l'intermédiaire d'un dôme de terre que les fourmis des prairies réalisent en remontant à la surface la terre excavée lors du creusement des chambres souterraines.

Fourmilière : le nid de la fourmi rousse

Les fourmis rousses des bois qui appartiennent au genre Formica ont un comportement plus complexe. Elles édifient leur solarium en entassant des aiguilles d'épicéa. Le dôme de Formica paralugubris dans le Jura peut mesurer 1,20 mètre de haut.

Le dôme de la fourmi rousse des bois <em>Formica paralugubris</em> est édifié en lisière de la forêt pour mieux capter les rayons du soleil. © A. Maeder

Le dôme de la fourmi rousse des bois Formica paralugubris est édifié en lisière de la forêt pour mieux capter les rayons du soleil. © A. Maeder

L'édifice est parfaitement climatisé grâce au labeur d'ouvrières dédiées aux travaux extérieurs. Le matin, elles pratiquent des ouvertures en déplaçant les aiguilles ce qui permet au soleil de réchauffer les couches supérieures du nid. Ces ouvertures seront bouchées l'après-midi pour éviter la surchauffe. En même temps que les ouvrières de l'extérieur jouent au mikado avec les aiguilles, celles du service intérieur déplacent les larves et les cocons pour leur procurer une température optimale.

Les nids de la fourmi tisserande

<em>Oecophylla longinoda</em>, fourmis tisserandes. © Karmesinkoenig Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Germany license


Oecophylla longinoda, fourmis tisserandes. © Karmesinkoenig Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Germany license

Les nids les plus singuliers appartiennent aux fourmis tisserandes, Oecophylla longinoda. Dans les forêts africaines, cette espèce établit ses nids dans les arbres. Une même société, bien que possédant une seule reine, possède des dizaines de nids qui occupent un ou plusieurs arbres. Ces fourmis très agressives sont connues pour leur travail qui rappelle une activité humaine. La confection de leur nid passe par la réalisation d'un tissu de soie qui peut ressembler au labeur des tisserands. Les espèces de la sous-famille des Formicinae, à laquelle appartiennent les œcophylles se nymphosent à l'intérieur d'un cocon. La larve du dernier stade possède des glandes labiales hypertrophiées qui sécrètent la soie avec laquelle elle confectionne le cocon. Chez les œcophylles, la nymphe est nue. La soie est détournée par les ouvrières pour un autre usage. La construction du nid commence par un travail qui implique une coopération poussée à l'extrême. Les ouvrières rapprochent et plient plusieurs feuilles pour réaliser une sorte de bourse.

Les fourmis tisserandes installent leurs nids entre des feuilles qu’elles replient pour former la poche qui abritera la société. Ce travail nécessite une coopération sophistiquée entre ouvrières. © C. Leroy

Les fourmis tisserandes installent leurs nids entre des feuilles qu’elles replient pour former la poche qui abritera la société. Ce travail nécessite une coopération sophistiquée entre ouvrières. © C. Leroy

En s'accrochant les unes aux autres elles réalisent un pont entre deux feuilles. Puis tirant toutes en même temps, elles raccourcissent la chaîne vivante et maintiennent rapprochées les feuilles. L'opération de tissage peut alors commencer. Une ouvrière major s'empare avec ses mandibules d'une larve parvenue au dernier stade et effectue des va-et-vient entre deux feuilles. Chaque fois que la tête de la larve vient au contact d'une feuille, une goutte de soie est émise qui adhère à la surface foliaire. L'ouvrière se déplace vers l'autre feuille, étirant un fil de soie dont l'extrémité viendra se coller sur le bord de cette deuxième feuille. Le passage répété de l'ouvrière entre les deux feuilles met en place une nappe soyeuse qui colle les feuilles entre elles.

Les fourmis tisserandes au travail. Une ouvrière tient une larve fileuse entre ses mandibules. La soie forme une nappe qui maintient les feuilles entre elles. © D. Stoffel

Les fourmis tisserandes au travail. Une ouvrière tient une larve fileuse entre ses mandibules. La soie forme une nappe qui maintient les feuilles entre elles. © D. Stoffel

L'implication de nombreuses fourmis, chacune tenant une larve serrée entre ses mandibules, renforce la solidité du tissu soyeux qui réunit plusieurs feuilles et ferme le nouveau nid.

 La construction des abris de la fourmi tisserande est un chantier permanent. Il faut en effet de nombreux nids pour abriter une population qui atteint 500.000 individus. D'autre part, les nids de feuilles sont fragiles et ne résistent que peu de temps au dessèchement qui les brise.